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OMD, 45 ans de carrière et plus politique que jamais


Sensible au monde qui l’entoure, OMD envisage son album Bauhaus Staircase comme «une métaphore du pouvoir de l’art dans des temps difficiles». (photo ed miles/another dimension)

En 1978, Andy McCluskey et Paul Humphreys montent sur scène pour s’amuser le temps d’une soirée : leur groupe, Orchestral Manœuvres in the Dark, auteur du tube Enola Gay, sort aujourd’hui son disque le plus politique.

L’un des morceaux du quatorzième album studio d’Orchestral Manœuvres in the Dark (OMD), Bauhaus Staircase, s’intitule Where We Started. Là où tout a débuté pour ces fans de Kraftwerk, c’est derrière les micros du Eric’s Club, à Liverpool, le 12 octobre 1978. «Dans nos têtes, à ce moment-là, on allait faire un seul concert. J’avais 19 ans et Paul 18 ans. Quand on a demandé à jouer au Eric’s, on pensait se faire recaler, mais ils nous ont dit oui et ont demandé comment on s’appelait», rembobine Andy McCluskey, rencontré à côté de son complice Paul Humphreys à Paris. Le duo de fondateurs reste, encore aujourd’hui, le noyau dur à bord du groupe.

 

Orchestral Manœuvres in the Dark, nom tiré d’un premier projet de chanson, est né. «Il devait y avoir vingt personnes ce soir-là, dix du côté de nos proches et dix habitués du club», commence Paul Humphreys. «Et, dans ces dix (derniers), des musiciens qui allaient devenir Echo and the Bunnymen, The Teardrop Explodes, Frankie Goes to Hollywood… C’était terrifiant, mais on l’a fait», complète Andy McCluskey.

Heureux accidents

Les deux hommes se connaissent depuis l’école primaire fréquentée dans le nord de l’Angleterre, dans le village côtier de Meols, proche de la ville des Beatles. Ce qui ne doit être qu’un concert sans lendemain devient une carrière de «quarante-cinq ans d’accidents», sourit Andy McCluskey, chanteur et bassiste.

Des accidents souvent heureux : Enola Gay, titre de 1980, tiré du nom du bombardier qui largua la bombe atomique sur Hiroshima, fut un tube planétaire qui n’est jamais passé de mode, tant pour sa mélodie emblématique au synthétiseur que pour ses paroles. Comme le prouve cette chanson, OMD a toujours été sensible aux sursauts du monde qui l’entoure. Mais Bauhaus Staircase est leur album le plus ouvertement politique, comme en convient le duo.

À commencer par leur morceau-titre, référence au mouvement Bauhaus, école de design, courant fondateur pour l’architecture contemporaine, notamment, qui fut dans le collimateur du régime nazi. «C’est une métaphore du pouvoir de l’art dans les temps difficiles», éclaire Andy McCluskey, 64 ans. Pour la petite histoire, un de leurs albums s’appelait déjà Architecture & Morality (1981).

«Se mettre en danger»

Le message se fait plus direct dans le morceau Kleptocracy. «La démocratie en laquelle nous croyons a été volée par des narcissiques : la politique a toujours eu un côté sale, avec des dessous de table, mais là, c’est carrément sur les tables», déplore Andy McCluskey. «On pense à des politiciens comme Donald Trump ou Boris Johnson», insiste Paul Humphreys, 63 ans, aux claviers.

Les incuries de l’homme qui poussent le monde à sa perte inspirent aussi les titres Anthropocene et Evolution of Species. Andy McCluskey et Paul Humphreys ont, eux, surmonté les embrouilles et aléas d’un groupe mis entre parenthèses, sans jamais parler de pause, à la charnière des décennies 1990-2000. Et d’apparaître à nouveau en pleine lumière avec le disque The Punishment of Luxury, en 2017.

Mais pourquoi sortir encore des albums ? OMD pourrait se contenter de jouer son best-of en concert, avec des titres comme Electricity, son premier single, dont la publicité raffole. «On est stupides, on aime se mettre en danger», s’esclaffe Andy McCluskey. «On ne veut pas devenir des pastiches de nous-mêmes, avec juste notre vieux répertoire», souligne Paul Humphreys. Une série de concerts est à suivre en Europe début 2024; si l’on ne verra pas le groupe au Luxembourg, il jouera à Bruxelles, Paris, Amsterdam, Berlin… avant d’entamer, au Royaume-Uni, une tournée des stades.

Un commentaire

  1. L’un des meilleurs groupes de synthpop avec Depeche mode. Ce dernier album est l’un des meilleurs ! Ca fait plaisir que de vieux groupes cultes sortent encore des albums dans un univers « musical » si moribond dominé par le rap et la pop insipide !

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