Les nominations des prochains Emmy Awards, équivalents des Oscars pour la télévision américaine, seront dévoilées mardi et le succès Netflix Squid Game a de bonnes chances d’entrer dans l’histoire comme la première série dramatique en langue étrangère à concourir pour ces prestigieuses récompenses.
La série sud-coréenne, sombre et violente dénonciation des dérives du capitalisme qui a séduit la planète entière, devrait affronter Succession de la plateforme HBO et autres poids lourds américains alors que les productions d’Hollywood sont retournées massivement sur les plateaux de tournage après les restrictions sanitaires imposées par la pandémie de covid-19.
La liste des candidats sera annoncée lors d’une cérémonie via internet, qui débutera à 17 h 30 (heure luxembourgeoise). Les Emmy Awards de cette 74e édition seront décernés le 12 septembre.
Voici cinq choses à suivre lors de l’annonce des nominations mardi :
La « barrière des sous-titres »
Voici trois ans, le film sud-coréen Parasite avait remporté l’Oscar du meilleur long métrage, faisant pour la première fois dans cette catégorie phare voler en éclats ce que son réalisateur Bong Joon-ho avait appelé « la barrière des sous-titres ».
Squid Game rééditera-t-il l’exploit cette année?
La série satirique met en scène des centaines de personnages issus des franges les plus marginalisées de Corée du Sud, participant à des jeux d’enfants comme « un, deux, trois, soleil » pour remporter une énorme somme d’argent, au risque d’être tués.
Elle est à ce jour la série Netflix la plus regardée dans le monde, devant Stranger Things.
« C’est impressionnant », lance Pete Hammond, spécialiste des prix télé et cinéma du magazine Deadline. « Je serais surpris si elle ne figure pas dans le top 2 ou le top 3 du nombre total de nominations », ajoute-t-il.
Elle aussi tournée majoritairement en coréen, la série Apple TV+ Pachinko a également été très suivie et pourrait être sélectionnée.
Aucune œuvre tournée dans une langue autre que l’anglais n’a jusqu’à présent réussi à s’imposer dans la catégorie des séries dramatiques aux Emmy Awards.
Compétition acharnée
Alors que la pandémie avait contraint l’an dernier de nombreuses séries à repousser leur production, la liste des candidats potentiels est cette année pléthorique, tant pour les séries dramatiques que pour les comédies.
Vainqueur en 2020, Succession, qui suit les affres d’une puissante famille dont les membres complotent et s’entredéchirent, fait son grand retour de même qu’Ozark (Netflix) et Better Call Saul (AMC).
Côté comédies, La Fabuleuse Mme Maisel (Amazon Prime) et Barry (HBO) pourraient tous deux remporter de nouveaux trophées.
Elles trouveront sur leur route le grand vainqueur de la précédente édition, Ted Lasso, et la série Hacks, dont la deuxième saison a séduit la critique.
Enfin la reconnaissance pour « Yellowstone ?
Avec Kevin Costner en tête d’affiche et onze millions de spectateurs pour le lancement de sa quatrième saison, Yellowstone paraît taillée pour gagner aux Emmy Awards. Mais ce western moderne mâtiné de soap-opéra n’a pour l’instant à son actif qu’une nomination, dans une catégorie technique mineure.
Les votants ont pu être rebutés par les accents ouvertement conservateurs de la série ou sa diffusion sur le réseau Paramount, relativement modeste, mais sa popularité n’a cessé de grandir, notamment chez les élites aux penchants progressistes.
« Nous allons voir si la popularité seule joue dans la compétition cette année. Si tel est le cas, Yellowstone aura son moment de gloire. Elle est regardée partout, on verra si elle est aussi regardée par l’Académie des Emmy Awards », dit Pete Hammond.
Une percée pour Hulu ?
Les plateformes HBO et Netflix ont tendance à dominer dans les nominations aux Emmy Awards mais cette année, la petite Hulu, propriété du géant Disney, pourrait s’illustrer.
Hulu, qui ne diffuse qu’aux États-Unis, est à l’origine de créations originales comme La Servante écarlate, vainqueur en 2017, et ne cesse d’étoffer sa production.
Elle aligne cette année Dopesick, favorite dans la catégorie des miniséries, dans laquelle Michael Keaton incarne un médecin impliqué dans la crise des opiacés qui ravage les États-Unis.
Dans la même catégorie, Hulu produit également The Dropout, mettant en scène Amanda Seyfried dans le rôle d’une star déchue des biotechnologies, ou encore Pam and Tommy, qui retrace le vol de la sextape de Pamela Anderson et Tommy Lee dans les années 1990.
Des miniséries à l’étroit
Pendant longtemps considérées comme le parent pauvre de la compétition, les mini-séries ont le vent en poupe avec des productions dont le nombre et la qualité s’améliorent d’année en année.
Outre les séries Hulu, The White Lotus (HBO) est extrêmement populaire, tout comme Maid (Netflix), avec Andie MacDowell et sa fille Margaret Qualley, qui explore avec humour et délicatesse les traumatismes des violences domestiques.
Mais alors que les séries dramatiques et les comédies alignent chacune huit candidats, les miniséries sont elles limitées à cinq.
« Ils doivent changer les règles », estime Pete Hammond. « C’est le point fort des Emmys, et cette année ne fait pas exception. »