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Neimënster est toujours là pour faire vivre le jazz !


L'évènement jazz phare de Neimënster reste le Luxembourg Jazz Meeting, qui se déroule tous les deux ans et qui tiendra, cette année, sa cinquième édition. (Photo : Neimënster)

La rentrée culturelle 2020 fait fort à Neimënster ! Avec la refonte complète de son concept autour du jazz, «l’ADN» du lieu, l’abbaye est plus que jamais déterminée à aller de l’avant.

Notre grand challenge, ce sera de déplacer tous nos évènements de l’extérieur vers l’intérieur.» La directrice de Neimënster rappelle que, si le lieu démarre sa nouvelle saison selon l’obligatoire «processus Covid», il «n’y a pas eu de pause» pendant le confinement : «Dès le 11 mai – en même temps que les musées – nous avons accueilli le public dans nos expositions, et nous sommes tous retournés au travail fin mai», développe Ainhoa Achutegui. Sur le site de l’abbaye, des concerts, des conférences et tant d’autres choses ont dû être annulées ou reportées à cause de la pandémie, mais la directrice ne semble pas inquiète : ces longs mois lui ont permis de prendre le temps de réinventer les évènements phares du lieu. En regroupant, par exemple, tout ce que Neimënster fait autour du jazz en un seul grand concept : «Play».

«Shuffle», «Forward», «Pause»… À l’abbaye, les cinq fondements du concept autour du jazz reprennent le langage des mélomanes et garantissent de faire vibrer le public en cette première moitié de saison. Les apéros jazz, devenus Pause, ont repris dimanche avec un groupe d’habitués, le Laurent Kohn Quartet, et se tiendront, comme à l’accoutumée, tous les dimanches matin, «quand on vient à Neimënster pour profiter». La seule différence ? On dit au revoir à la Brasserie; mesures de sécurité obligent, les concerts se tiendront jusqu’à nouvel ordre de l’autre côté de la cour, dans la salle Robert-Krieps. Mais qui dit que l’ambiance y sera moins électrique ?

Les incontournables changent de peau

L’évènement jazz phare de Neimënster reste, lui, le Luxembourg Jazz Meeting, qui se déroule tous les deux ans et qui tiendra, cette année, sa cinquième édition. Pendant trois jours, du 27 au 29 novembre, Shuffle – c’est le nouveau nom du festival – fera monter sur scène les piliers de la scène jazz luxembourgeoise (Claire Parsons, Reis Demuth Wiltgen…) pour finir en beauté autour d’artistes européens confirmés, Muriel Grossmann Quartet et Balearic Island, qui inviteront à jouer les talents émergents de la scène locale. Pascal Schumacher, qui a sorti son album Sol au sortir du confinement, sera lui aussi de la partie, mais c’est aussi en tant que directeur artistique d’un autre rendez-vous essentiel qu’il investit les locaux de Neimënster, le festival-résidence Reset, pour une quatrième édition du 14 au 16 janvier 2021.

Même si «le concept est un véritable défi» – huit artistes, quatre hommes, quatre femmes, chacun venant d’un pays et jouant d’un instrument différent, qui créent et improvisent ensemble pendant deux jours avant de présenter le résultat lors du concert de clôture – «c’est l’un des plus beaux festivals de l’année», s’enthousiasme Ainhoa Achutegui. Pascal Schumacher glisse, lui, en riant : «J’avais beaucoup d’idées la première année, mais après trois ans, c’est de plus en plus dur à organiser.» Il y a encore un peu de temps avant Reset, mais la programmation est déjà complète… Ou presque : «On a sept musiciens sur huit. Et pour la première fois, c’est un homme qu’il manque», dévoile le directeur artistique. Et Ainhoa Achutegui de rebondir, rassurante : «C’est très dur, mais Pascal prouve chaque année que c’est possible.»

«Poursuivre l’expérience»

La grande nouveauté jazz de Neimënster, cette saison, c’est Forward, une série de concerts conçue dans son ensemble par l’équipe de programmation comme une «expérimentation» autour du genre musical. La directrice du lieu explique que «c’est en voyant le succès de Reset que l’on a créé Forward : les musiciens sont tellement beaux et le public tellement heureux que l’on voulait poursuivre l’expérience». Le jazz étant un genre qui aime se métamorphoser en une infinité de formes hybrides et audacieuses, Forward veut être ce moment d’exploration et d’émancipation. Le projet luxembourgeois Ananda Grows, qui fait fusionner le jazz avec la musique électronique, expérimentale ou encore le R’nB, aura l’honneur d’inaugurer cette série de «live» le 2 octobre. Les Britanniques de Dinosaur viendront jouer leur jazz expérimental le 25 novembre, la trompette de Laura Jurd servant de baguette de chef d’orchestre au quatuor. Mais le moment le plus électrique de Forward sera la venue de la Bruxelloise Martha Da’Ro (le 17 octobre) et son «soul jazz» qui fait la part belle au mélange des genres (en particulier le hip-hop et la soul) et à la voix unique de l’artiste.

Le programme Play, déjà très chargé, laisse la place à un dernier évènement. Loading est le volet «résidence» du concept autour du jazz, et il a lieu cette semaine. Un travail «très intensif», selon Ainhoa Achutegui, pour une coproduction entre la France et le Luxembourg où le Sur Écoute Quartet et ses musiciens principalement français livreront la partition musicale de Musashi, qui retrace le parcours de Miyamoto Musashi (1584-1645), figure emblématique du Japon, samouraï, escrimeur, sculpteur, peintre, philosophe et écrivain. Cette création mélange la musique jazz à la danse et au théâtre et le spectacle, «un ciné-concert sans ciné», dit la directrice, est à découvrir samedi soir à 20 h. Oui, le jazz continue de vivre à Neimënster, et Ainhoa Achutegui le confirme : «On est là pour le jazz et ses artistes. On l’a toujours été, et on le restera !»

Valentin Maniglia

www.neimenster.lu

Les résidences d’artistes «de plus en plus importantes»

L’agenda culturel de Neimënster s’étend évidemment bien au-delà du jazz, même si c’est sur son rythme syncopé que s’organise la saison. Le lieu a dû, sans surprise, «reporter de nombreux spectacles» ainsi que sa journée portes ouvertes, «qui aura lieu le 17 octobre» (la journée mondiale du Refus de la misère) et qui prévoit de nombreuses animations et concerts, dont celui de Martha Da’Ro, pour tous les publics. Les festivités commenceront à 11 h et se prolongeront jusque tard dans la nuit.

L’un des préceptes de l’abbaye comme lieu de culture est d’y accueillir des artistes en résidence, un axe «de plus en plus important pour nous», souligne Ainhoa Achutegui. De la musique, toujours, mais aussi de la danse, avec Anne-Mareike Hess, qui créera début décembre, sur les planches de Neimënster, sa pièce en solo Warrior, deuxième volet d’une trilogie qui avait commencé avec Dreamer, projet déjà soutenu par l’abbaye. Et puis du théâtre, aussi, avec Larisa Faber, qui questionne les attentes que la société projette sur les femmes dans son monologue stark bollock naked. La première se tiendra d’ailleurs le 8 mars, dans le cadre de la journée internationale des Droits des femmes.

Mais c’est la BD qui sera surtout mise à l’honneur avec deux Argentines, Ángeles Cornejo et Sol Cifuentes, en résidence au mois d’octobre, «qui réalisent un travail très profond sur les femmes migrantes», en examinant les parcours de ces femmes, leur construction d’une nouvelle vie et les difficultés qu’elles rencontrent. La dessinatrice et la scénariste, toutes deux très engagées, animeront un atelier autour de la bande dessinée lors des portes ouvertes de Neimënster, un rendez-vous à ne pas manquer. V. M.

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