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[Musique] Air, perché depuis 25 ans


Air, tandem emblématique de la French touch, a lancé une tournée-évènement en jouant dans l’ordre, du début à la fin, son premier album Moon Safari, porté par le tube Sexy Boy, qui a fêté ses 25 ans en 2023. (Photo DR)

Symbole de l’électronique «cool» à la française, le duo de Air revient 25 ans en arrière à l’époque de leur premier disque, Moon Safari, qu’il ressuscite sur scène avec une tournée européenne qui passera par le Luxembourg. Ambiance.

Le «vertige» et l’«osmose avec le public» était clairement au rendez-vous : Air, tandem emblématique de la French touch, a lancé une tournée-évènement en jouant dans l’ordre, du début à la fin, son premier album Moon Safari, porté par le tube Sexy Boy, qui a fêté ses 25 ans en 2023. «Décider de faire cette tournée, ça a déclenché en moi énormément de stress. Si j’avais su que ça se passerait si bien, j’aurais moins somatisé avant!», confie Nicolas Godin dans un rire, rencontré aux côtés de Jean-Benoît Dunckel à Paris.

Dimanche en Italie (Milan) avant un crochet par l’Autriche dès demain (Vienne), la paire de quinquagénaires a donné récemment à Rouen (dans l’ouest de la France) le premier concert d’une tournée mondiale, avec de nouvelles dates greffées sans cesse (dont une au Luxembourg). Air, formé à Versailles, n’est pas forcément prophète en son pays mais couvé du regard par la sphère musicale anglo-saxonne. NME, publication britannique de référence, a d’ailleurs mis en avant ce premier concert sur son site internet.

Camping et Mercedes

«Il y a cette reconnaissance en Angleterre. On a été biberonnés aux disques produits là-bas et Moon Safari est dans la culture générale des Anglais, beaucoup plus qu’en France», dissèque Nicolas Godin. Qui rappelle aussi que le premier concert de Air eut lieu aux États-Unis, à Seattle. Les anecdotes des tournées passées fusent. Jean-Benoît Dunckel raconte ce festival en Géorgie, «avec pas trop de moyens, assez étrange : l’électricité venait d’un groupe électrogène, c’était une ambiance camping, mais avec les grosses Mercedes des organisateurs autour».

Si vous n’avez pas votre guide de sentier de grande randonnée, vous pouvez tomber dans le précipice du mauvais goût

Il poursuit : «Un mec très énervé, imposant, est monté sur scène en criant qu’il avait payé pour ça et s’est battu avec le service d’ordre», se souvient-il. «Là-bas, vous jouez, hors de question de faire un caprice de diva.» Revenant au présent, Jean-Benoît Dunckel goûte aux retrouvailles avec le public. «C’est franchement marrant. Il y a toujours, inévitablement, devant, les gros fans en transe et toujours ce fan à l’air hagard, qui ne réagit pas. C’est lui qui vient nous voir à la fin en disant : « J’ai adoré »» (il rit).

Sofia Coppola et Stanley Kubrick

Jean-Benoît Dunckel décrit aussi ce «vertige» de jouer pour la première fois Moon Safari en entier et dans l’ordre. Les trois premiers titres, dont Sexy Boy, étaient d’habitude joués en rappel. «C’est un peu déstabilisant, mais ça s’est bien passé», souffle Nicolas Godin. Pour compléter le set, en plus des dix morceaux originaux, neuf autres titres de leur répertoire, dont Highschool Lover, issu de la B. O. composée pour le film Virgin Suicides de Sofia Coppola, album également magnétique.

De 7e art, il en est encore question avec la scénographie qui rappelle un écran de cinéma. Les musiciens de Air y apparaissent alors comme dans «une boîte», décrit Nicolas Godin. «Ça cadre bien le live, ça nous rend plus petits et plus grands à la fois, c’est irréel», souligne son comparse. Nicolas Godin évoque alors un dispositif «kubrickien» avec des lumières renvoyant à 2001, l’Odyssée de l’espace, «un de nos films préférés, avec cette lenteur et cette apesanteur qui collent le mieux à notre univers».

«Doux, enfantin et profond»

Le duo est même vêtu de blanc, couleur des célèbres voyous (les «droogs») d’Orange mécanique, autre classique de Stanley Kubrick. «L’osmose avec le public» ressentie par Jean-Benoît Dunckel tient sans doute au caractère unique de Moon Safari. Parce que Air a pris des bifurcations ensuite et que personne n’a réussi à dupliquer l’atmosphère de ce disque. «C’est un album doux, enfantin, profond, avec un zeste de psychédélisme. Un album onirique, mystérieux, mélancolique», rembobine Jean-Benoît Dunckel.

Moon Safari est «dur à refaire. C’est assez subtil, sur une ligne de crête assez étroite et, si vous n’avez pas votre guide de sentier de grande randonnée, vous pouvez tomber dans le précipice du mauvais goût», s’amuse Nicolas Godin.  Un nouveau disque de Air pourrait-il voir le jour après cette tournée? «Une chose à la fois. Là, il y a énormément de travail et de concentration pour cette tournée. Quand on sera sur les rails, on verra, au feeling!», conclut Nicolas Godin.

Moon Safari – 25th Anniversary. Le 16 juillet à partir de 19 h. Neimënster – Luxembourg.

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