C’est bien connu, le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Certaines personnes l’appliquent tous les jours pour pratiquer, par exemple, des exercices physiques. C’est ce qu’on appelle la morningophilie. Venu des États-Unis, le concept connaît là-bas un grand succès et gagne du terrain sur le Vieux Continent. Le Quotidien a accompagné quelques courageuses qui l’ont testé.
Se lever tôt n’est pas donné à tout le monde. La plupart d’entre nous le font par obligation. Et lorsqu’on choisit délibérément de se réveiller une heure plus tôt afin d’effectuer une activité intellectuelle ou physique (yoga, lecture, méditation…) pour réduire son stress avant de démarrer sa journée, on pratique la morningophilie. Cette tendance venue tout droit des États-Unis a été lancée en 2012 par Hal Elrod avec son livre Miracle Morning (lire l’encadré ci-dessous). Cette «mode» fait actuellement des dizaines de milliers d’adeptes outre-Atlantique.
Le directeur général d’Apple, Tim Cook, le patron de Twitter, Jack Dorsey, et la future ex-Première dame des États-Unis, Michelle Obama, ont déjà adopté ce mode de vie. En Europe, la pratique gagne du terrain, mais le nombre de morningophiles n’est pas encore quantifiable. Même ici au Luxembourg, où des milliers de salariés se lèvent aux aurores pour rejoindre leur lieu de travail.
Une routine à mettre en place
Stéphane Fangille, coach et fondateur de My Trainer and Me à Senningerberg, accompagne des personnes qui font du sport le matin avant d’attaquer leur journée de travail. Ce sont souvent, selon le coach sportif, « des gens qui exercent des postes à responsabilités ». Et qui aiment se lever au chant du coq, car ce n’est pas toujours évident de quitter la douce chaleur de son lit pour se plonger dans la réalité.
S’étirer ou encore appliquer quelques techniques de respiration ventrale leur permet de se sentir bien toute la journée. En tout cas, se lever une heure avant, «c’est une habitude» , concède-t-il. « C’est peut-être une routine à mettre en place », continue-t-il.
En ce mardi matin de fin novembre, neuf courageuses, invitées par l’association Est’elles Executive Luxembourg, ont testé le concept. Dirigées par Stéphane Fangille et son associé Thomas, elles ont effectué des exercices de Pilates puis des étirements. Appliquées, les participantes apprécient la séance de sport.
Certaines disent au coach que les étirements leur font «du bien». Après cette séance d’une heure, Stéphane Fangille leur offre un petit-déjeuner ( voir encadré ). Sur une table sont disposées des assiettes remplies de pain complet, de fromage, de blanc de poulet et de fruits secs. Des œufs destinés à être cuits à la coque sont à la disposition des néo-morningophiles, tout comme des boissons chaudes.
Chacune écoute les conseils du coach en matière de nutrition, puis commence à manger le repas le plus important de la journée.
Aurore, 38 ans, directrice d’une école de langues au Luxembourg, a l’habitude de se lever tôt. Elle est venue à cette initiation à la morningophilie avec « un peu de curiosité ».
Virginie, 54 ans, travaille dans le domaine du marketing et de la communication. Elle dit attacher de l’importance à la santé. « Je fais des exercices tous les matins dans ma salle de bains. Je fais des étirements entre 3 et 5 minutes », confie-t-elle. « J’essaye de bien respirer », ajoute-t-elle. Elle confie être prête à se lever encore plus tôt. « Je parviendrai à le faire, mais en groupe, je serai plus motivée », souligne-t-elle.
Quant à Laure, 27 ans qui travaille dans le domaine de la formation pour des sociétés au Luxembourg, elle se lève tôt elle aussi pour des raisons professionnelles. Grâce aux exercices sportifs de ce matin-là, elle se sent « plus réveillée que d’habitude à cette heure-là (8h30)», explique-t-elle.
Aude Forestier
Il faut se coucher avant 22 h
Selon une spécialiste du sommeil interrogée par Metronews , commencer sa journée à 5 h 30 «ne peut pas fonctionner pour tout le monde» . «Le risque étant la privation de sommeil» , explique le Dr Royant-Parola. «De fait, si on est un lève-tôt, on a plus de chances que ce rythme convienne que si on est un couche-tard et un lève-tard» , remarque-t-elle.
Si on veut tester ce réveil aux aurores, il faut se coucher avant 22 h. Avec les modes de vie actuels, ce nouveau rythme peut être difficile à prendre pour ceux qui tentent l’expérience.
Quoi qu’il en soit, prendre le temps de se réveiller le matin est une bonne chose, car il y a une sorte de sas entre la mise en route et le départ de la maison, selon le docteur.
De l’œuf, du pain et du jambon
Voici la recette du petit-déjeuner idéal pour bien démarrer la journée.
« Qu’on se lève tôt ou pas, le petit-déjeuner doit être le même », martèle Stéphane Fangille. Et si on veut tenir toute la matinée sans connaître la fameuse fringale de 11h, il ne faut surtout pas manger de tartine de beurre avec de la confiture. N’en déplaise aux amateurs, « c’est même une mauvaise habitude », confie-t-il.
À la place, il est préférable de prendre un œuf à la coque accompagné d’une tranche de jambon (ou de poulet selon les goûts), d’un morceau de fromage à pâte dure (type comté) et d’une tranche de pain aux céréales, le tout avec une boisson chaude (thé ou café).
Selon Stéphane Fangille, « si on mange des graisses le matin, il n’y a aucun risque d’avoir du cholestérol », car à cette période de la journée, une enzyme particulière, la lipase, « va être à son maximum » et va éliminer les graisses. « Si on suit la chrononutrition avec une alimentation normale, on ne peut pas grossir », affirme le coach.
Hal Elrod, le père de la morningophilie
Dans son ouvrage The Miracle Morning, Hal Elrod promet une révolution. Son livre, qui se vend comme des petits pains aux États-Unis, soutient que chacun devrait se lever à 5h30 afin de « prendre un moment, chaque jour, pour se préparer et créer son parcours vers la réussite» . La méthode que le trentenaire décrit dans The Miracle Morning lui a permis de remonter la pente après un grave accident de voiture à l’âge de 20 ans qui a failli lui coûter la vie.
Dans sa méthodologie, il explique comment se réveiller le matin avec plus d’énergie, quels sont les moyens de ne plus appuyer sur le bouton report d’alarme de son réveil, et comment on peut identifier puis combattre les causes les plus fréquentes de médiocrité.
De plus, il donne les clés pour mettre en place le rituel matinal qui mène directement à la réussite et, par-dessus tout, il décrit la manière d’adopter une nouvelle façon de vivre qui durera dans le temps. Car être matinal, ça s’apprend.