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Maya, fille de Pablo : Picasso «intime»


L'exposition consacre une série de dessins réalisés par le peintre pour et avec Maya, âgée de 4 ans, à Royan, pendant la guerre en 1939. (Photo : succession picasso 2022)

Pablo Picasso adorait les enfants et a noué une passion forte pour sa première fille, Maya. Cette dernière fait l’objet à Paris d’une réunion d’œuvres inédite, qui raconte le peintre dans son cercle familial.

« Une plongée dans l’intime» : c’est ainsi que la petite-fille de Pablo Picasso, Diana Widmaier-Picasso, décrit l’exposition totalement inédite consacrée à sa mère, Maya, première fille de l’icône de l’art moderne, présentée jusqu’à fin décembre à Paris au musée Picasso. Maya à la poupée (1938), Maya à la poupée et au cheval (1938), Maya au costume de marin (1938), Maya au bateau (1938), Maya au tablier (1938)… Une dizaine de portraits déstructurés, tout en couleurs, de la petite «Maya-Ruiz Picasso, fille de Pablo», ouvrent ce voyage dans l’univers filial et familial de l’artiste.

Des tableaux rassemblés pour la première fois

«C’est la première fois que ces portraits peints entre 1938 et 1939, dispersés dans le monde entier, sont rassemblés», précise la petite-fille du peintre, commissaire de l’exposition avec Émilia Philippot, conservatrice et spécialiste de Picasso. À peine franchie cette première étape, un petit film introduit le visiteur au cœur d’une vie de famille jalousement protégée par Picasso.

Et sa passion pour cette première fille, née le 5 septembre 1935 dans le plus grand secret de son union avec Marie-Thérèse Walter, de 28 ans sa cadette, éclate au grand jour : un «bouleversement» et une «résurrection», explique sa petite-fille. Maya est le surnom de Maria (de la Concepcion), prénom donné par Picasso à sa fille en hommage à sa sœur décédée lorsqu’il avait 14 ans, à la prononciation déformée dans la bouche de la petite fille.

Festival de Cannes

Elle a été toute sa vie «la complice et la confidente privilégiée de son père, seule autorisée à entrer dans son atelier» à toute heure du jour et de la nuit. Vacances dans le sud, corridas et autres baignades… L’exposition montre comment Maya, surnommée «la petite sardine», se révèle une assistante de 20 ans hors pair de son père sur le film qu’Henri-Georges Clouzot intitulé Le Mystère Picasso, réalisé aux studios de la Victorine à Nice en 1955 pour tenter de capter le mystère de la création et qui remporta le prix du jury au festival de Cannes un an plus tard.

Des œuvres témoins de la complicité du père avec sa fille

Dessins, peintures, poèmes, sculptures et quantité de photos de l’artiste et de sa fille témoignent de cette «complicité» ainsi que du lien «très fusionnel» que Picasso entretenait avec «sa famille recomposée, atypique pour l’époque mais pas pour lui», un «homme moderne» et un «père aimant», ajoute Diana Widmaier-Picasso. Elle parle avec pudeur de la «représentation cryptique» de sa grand-mère dans plusieurs tableaux car «il est encore marié à Olga (Khokhlova) lorsqu’il la rencontre. C’est presque un symbole d’une union mystique», confie-t-elle.

Elle décrypte également les moments clés de la création et les «codes» associés dans l’œuvre à la présence de cette «muse blonde au profil grec», «athlétique et aux formes généreuses souvent associée aux thèmes de la lune et du soleil». Même pudeur lorsqu’elle évoque «les métamorphoses» (formelles) de Picasso «dans ces années cruciales après sa rencontre avec Dora Maar qui vient briser le cocon familial».

Archéologie familiale

Très attentif à ses quatre enfants – Paulo, son fils aîné, né de son union avec Olga Khokhlova; Maya; Claude et Paloma, nés de son union avec Françoise Gilot – Picasso les a sans cesse étudiés. L’exposition consacre une série de dessins réalisés par le peintre pour et avec Maya, âgée de 4 ans, à Royan, pendant la guerre en 1939. On découvre des carnets de coloriage sur lesquels Picasso ajoutait des personnages, des dessins de nature morte notés par Maya «10 sur 20», de petites silhouettes d’animaux et encore un théâtre de marionnettes découpés aux ciseaux dans du papier ainsi que des poupées en bois.

Lettres, objets intimes, vêtements, chaussons et reliques très particulières sont présentés dans une dernière section, «véritable archéologie familiale», dit Diana Widmaier-Picasso. Elle révèle une facette méconnue de Picasso : sa superstition et ses relations avec la mort et le monde de l’invisible. «Au point de conserver cheveux et ongles coupés pour les préserver de personnes malintentionnées», ajoute la jeune femme, qui vient de publier un livre sur le sujet intitulé Picasso sorcier (Gallimard), coécrit avec l’anthropologue Philippe Charlier.

www.museepicassoparis.fr

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