Accueil | Culture | Max Gazzè : « Impossible d’oublier Luxembourg »

Max Gazzè : « Impossible d’oublier Luxembourg »


Le retour de Max Gazzè était attendu. Le premier single de son album Maximilian, La vita com'è è, a dépassé les 19 millions de vues sur YouTube. (Photo : DR/Pasquale Modica)

L’auteur-compositeur-interprète-bassiste italien Max Gazzè sera de retour au Grand-Duché, samedi, pour un concert à la Rockhal. Il y présentera, entre autres, son huitième album studio : Maximilian.

Fin 2014 Max Gazzè était au Conservatoire de Luxembourg dans le cadre de la tournée européenne du trio Fabi-Silvestri-Gazzè. Le musicien revient cette fois-ci en solo, avec juste sa musique, ses chansons. Celles de son nouvel album, Maximilian, mais aussi toutes ses plus belles compositions. Sa tournée 2016 a rapidement affiché complet en Italie. Il la poursuit en ce moment à travers 14 dates européennes dont celle de ce samedi à la Rockhal de Belval. Avant ça, il a répondu, par téléphone et entre deux avions, aux questions du Quotidien.

Un an et demi après votre concert au Grand-Duché avec Niccolò Fabi et Daniele Silvestri, vous voilà de retour chez nous pour un concert en solo. Quel souvenir gardez-vous de votre prestation du 4 octobre 2014 au Conservatoire de Luxembourg ?

Max Gazzè : Je me rappelle parfaitement les dommages que le public, descendu au plus près de nous pour la fin du concert, a causés à la scène (NDLR : à l’avant-scène en fait, occupée effectivement par quelque 150 spectateurs, ce qui avait abîmé le système hydraulique). C’était super! (il rit). Ceci mis à part, je me souviens très bien de cette soirée, un très bon concert. Vous savez, chaque concert a son identité propre, il est différent des autres, même si on joue les mêmes morceaux. Le lieu suffit pour tout changer et dans le cas du Conservatoire de Luxembourg, ça a été quelque chose de vraiment spécial, justement à cause de son côté un peu plus austère, plus intimidant pour le public, que la plupart des salles que j’ai l’habitude de fréquenter. L’ambiance est donc allée crescendo, avec, au début, un public assis qui écoutait religieusement, puis des gens qui se sont levés peu à peu et, enfin, ce climax avec tous ces spectateurs qui sont descendus à côté de la scène et ont fini par faire partiellement céder la structure. Impossible d’oublier cette soirée à Luxembourg!

Peut-on dire que cette tournée et cet album en trio ont changé votre manière de faire de la musique ?

Oui, évidemment. Cette expérience à trois a bien évidemment interagi sur ma manière de travailler. Je ne sais pas si elle a changé ma manière de faire, mais elle a bien sûr ajouté quelque chose. Comme on travaillait à trois, chacun de nous a essayé d’adapter au mieux sa manière de faire de la musique à celles des deux autres. Étant donné que je me considère comme étant le résultat de la somme des expériences que je vis, mon expérience avec eux en fait désormais partie, bien sûr. Après, je ne saurais pas définir exactement en quoi et à quel niveau cette expérience m’a fait évoluer. Mais elle reste avec moi maintenant que j’ai repris mon chemin personnel. Elle m’a enrichi.

Mais ce n’est pas nécessairement de cette expérience qu’est venue l’envie de faire quelque chose de moins « singer-songwriter » et plus pop, comme c’est le cas dans votre nouvel album, Maximilian ?

Je tenais à faire un disque pop. Au départ, ce Maximilian a même failli être un album concept, quelque chose de très expérimental, électronique, avec ce personnage, Maximilian, qui était une sorte d’alter ego. Mais finalement, j’avais aussi en chantier quelques chansons pop et je n’avais pas envie de les jeter aux oubliettes. Je n’avais pas envie de perdre mon enthousiasme envers ces chansons. J’ai donc voulu les enregistrer et les faire sortir avant qu’elles ne deviennent, pour moi du moins, vieilles. J’ai donc vraiment voulu faire cet album pop. J’en avais envie. Vraiment! Après, quand on dit pop, pour certains, ça a une signification négative, mais il est aussi possible de faire de la musique pop qui a un sens, de la profondeur, avec des arrangements intéressants. Je pense faire de la musique pop « comme il faut », de qualité, avec un vrai travail d’arrangeur, de producteur… Il ne suffit pas de mettre un peu de distorsion à une guitare pour faire du rock. C’est pareil pour la pop. On peut faire de la pop de merde, comme de la vraie bonne musique pop.

Certes. On imagine que ce choix doit aussi beaucoup changer vos prestations sur scène. Comment ça se traduit ?

Oui et non. Ce disque est plus pop, mais mon parcours musical a débuté il y a plus de vingt ans. Ce qui fait que sur cette nouvelle tournée, il y a, oui, les nouveaux morceaux pop, mais aussi plein de chansons qui ne le sont pas, qui touchent plus au rock, au progressif, à l’underground.

Il y aura donc du Maximilian, mais aussi du Max Gazzè qu’on connaissait avant, si on comprend bien.

Bien sûr. Il y aura surtout celui-là. En Italie, le public qui me suit désormais depuis vingt ans continue à m’accompagner parce qu’il se retrouve encore dans ce que je fais. Et avoir un public qui te suit projet après projet, tournée après tournée, ce n’est possible que si tu as un parcours cohérent. Et ça rejoint ce que je disais avec la musique pop que je fais désormais. Oui, c’est de la pop. Mais de la pop sérieuse et bien faite! Une musique travaillée avec la même application que tout ce que j’ai fait jusque-là.

Pour votre tournée 2016, vous avez 27 concerts en Italie, mais aussi 14 dates européennes. Ça n’a jamais été facile pour un chanteur italien de s’exporter, alors, ils ont une saveur particulière ces concerts de ce côté-ci des Alpes ?

C’est clair ! C’est la troisième tournée européenne que je fais à la suite, je commence donc à être un peu habitué, dans le sens où je commence justement à comprendre un peu le sens de tout ça. Et je suis ravi de pouvoir jouer ailleurs qu’en Italie, de voir les frontières s’ouvrir. J’ai grandi en grande partie à Bruxelles – j’ai passé dix ans à l’École européenne – alors pour moi, c’est un peu comme un retour à la maison que de tourner en Europe et tout particulièrement au Benelux.

Mais en dehors de votre histoire personnelle, vous trouvez que de nouveaux espaces sont en train de se créer au niveau international pour les musiciens italiens ?

Je pense. Le public européen est souvent curieux de découvrir de nouveaux artistes. J’espère donc que ça va continuer. Comme je souhaite que des artistes français, allemands ou autres – pas juste britanniques ou américains – puissent être accueillis en Italie avec le même enthousiasme, la même curiosité, que les publics étrangers nous accueillent désormais. Je pense que c’est un processus logique dans cette Europe sans frontières et où les distances diminuent.

Propos recueillis par Pablo Chimienti

Rockhal – Esch-Belval. Samedi 15 mai, à 20 h.