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Marie-Antoinette, superstar moderne


L'actrice germano-russe Emilia Schüle porte cette plongée intimiste et féministe dans la vie de la dernière souveraine de l'Ancien Régime.

Canal+ a lancé une nouvelle série historique à gros budget sur la monarchie française, cette fois autour de Marie-Antoinette, vue sous un angle féministe.

Les séries historiques réussissent depuis longtemps au groupe Canal+, qui entend réitérer ses précédents succès avec Marie-Antoinette, premiers pas à la cour, en huit épisodes de 52 minutes.

Sept ans après Versailles (2015-2018), sur Louis XIV, mais aussi après Borgia (2011-2014) ou Paris Police 1900 (depuis 2021), la chaîne cryptée française se penche sur l’histoire de la dernière souveraine de l’Ancien Régime, guillotinée en 1793, et qui «sonne encore juste en 2022», selon Olivier Bibas, directeur de la création originale Canal+.

Largement représentée de son vivant, sa vie a été «extrêmement référencée» dans l’histoire, «c’était quelqu’un qui fascinait à son époque et qui fascine encore aujourd’hui», ajoute-t-il.

Les parallèles avec la série Versailles ne manquent pas : comme celle-ci, Marie-Antoinette s’étendra sur trois saisons, et ses coproducteurs – Canal+, Capa Drama et Banijay Studios France – ont mis les moyens, soit 27 millions d’euros pour le premier opus riche en costumes et décors fastueux.

Diffusion internationale oblige – la série a déjà été vendue outre-Manche, aux États-Unis et en Australie –, Marie-Antoinette est tourné en langue anglaise, toutefois, la prononciation à la française des noms français a été accentuée, à rebours des accents très «british» de Versailles, critiqués lors de sa sortie.

(Marie-Antoinette) venait d’une famille de femmes très puissantes (et avait un) sens très fort de qui elle était et voulait être

Là aussi, des scénaristes britanniques sont aux manettes : un trio féminin porté par Deborah Davis, nommée aux Oscars pour The Favourite (Yorgos Lanthimos, 2018), long métrage racontant l’équilibre fragilisé de la cour de la reine Anne d’Angleterre lorsque arrive une nouvelle servante, plaçant la souveraine au cœur d’un triangle amoureux.

Pour Marie-Antoinette, «je suis partie d’une base historique mais je suis une créatrice», prévient la scénariste, historienne de formation, pour qui l’objectif n’était pas de «faire un documentaire» mais de «trouver des vérités psychologiques» sur les personnages.

Comme dans le film Marie-Antoinette (2006), de Sofia Coppola, l’accent est mis dans la série sur la jeunesse de l’archiduchesse d’Autriche, arrivée en France à 14 ans puis couronnée à 18 ans, interprétée ici par l’actrice germano-russe Emilia Schüle. Même 250 ans auparavant, «les ados étaient les mêmes qu’aujourd’hui», estime Deborah Davis.

Mais Marie-Antoinette n’était pas la «mauviette pathétique» décrite au fil des époques, d’après l’autrice. Princesse impériale et royale, élevée par l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche dite «la Grande»,  «elle venait d’un matriarcat, d’une famille de femmes très puissantes» et avait un «sens très fort de qui elle était et voulait être».

La première saison, tournée en partie au château de Versailles, montre les dix premières années de la jeune mariée au sein de la cour française, à l’affût de ses faits et gestes mais surtout d’une grossesse. Un «devoir» sans cesse rappelé par sa mère, jouée par Marthe Keller.

Y est dépeint le choc des cultures royales, l’étiquette française voyeuriste heurtant la dauphine éduquée dans une cour plus simple, l’hostilité d’une partie de sa belle-famille qui la surnomme «la garce autrichienne», mais aussi ses débuts laborieux avec le jeune Louis XVI.

Incarné par Louis Cunningham – l’acteur étant lui-même le petit-cousin du grand-duc Henri –, le dauphin se montre plus passionné par la nature que par sa promise, au grand dam des parents soucieux de la perpétuation de la lignée. Deborah Davis explique avoir aussi voulu déconstruire cette «fausse idée française» d’un Louis XVI «idiot».

«C’était un jeune homme extrêmement bien éduqué», calé en géopolitique, qui «parlait et lisait couramment en français et en anglais» et «responsable de la libération de l’Amérique», une «humiliation extraordinaire» pour la Grande-Bretagne, rappelle-t-elle.

Cette plongée intimiste dans la vie de Marie-Antoinette développe dès sa première saison l’idée que «la révolution a commencé à Versailles, dans sa famille», parmi ceux qui considéraient que l’Autriche était «le plus grand ennemi de la France», soutient la créatrice de la série.

Marie-Antoinette, premiers pas à la cour, de Deborah Davis.

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