La centralisation des archives historiques de la Mémoire (de la Résistance au nazisme) peut être considérée comme un progrès douteux de la politique politicienne bling-bling actuelle. Elle laisse en tout cas un arrière-goût amer. Conserver la mémoire de l’holocauste (et de la Shoah, en ce qui concerne la persécution des juifs durant la Seconde Guerre mondiale) a été un sujet longtemps refoulé dans la recherche historique du Grand-Duché et mérite enfin une prise en compte large. Les revendications du Consistoire israélite sont enfin honorées.
Mais à quel prix? La mémoire de la Shoah est désormais fusionnée avec celle du combat des prisonniers politiques et déportés, et elle n’en souffrira pas. Les causes de l’inhumanité sont totalement différentes. Nous pensons que la Résistance contre le nazisme ne supporte pas la moindre catégorisation (enrôlés de force vs prisonniers politiques). Les raisons de l’amalgame sont d’ordre budgétaire. Comme l’a été l’abandon des commémorations de la Première Guerre mondiale.
Si à l’avenir l’ensemble des archives de la résistance politique doit être stocké sous un toit de plaques isolantes cartonnées dans un vieux bâtiment public, cela ne manque pas seulement de délicatesse, mais d’ignorance absolue des standards modernes d’archivage (protection contre le feu, numérisation de la documentation individuelle [collections personnelles] et collective [revues et publications]). Tôt ou tard, elles disparaîtraient de toute façon à la Bibliothèque nationale et aux Arches nationales.
Jean Rhein