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Expo Albrecht Bouts : la souffrance du Christ au MNHA


C'est une sacrée exposition, à portée internationale, que propose le musée national d'Histoire et d'Art de la capitale avec «Albrecht Bouts et les images de la Passion» consacrée à l'œuvre du peintre flamand, fils du célèbre primitif Dirk Bouts, et à la figure du Christ de douleur.

Le musée national d’Histoire et d’Art (MNHA) présente une de ses plus importantes expositions autour d’une figure classique de l’art : le Christ de douleur et ses fameux retables du Flamand Albrecht Bouts.

«Sang et larmes – Albrecht Bouts et les images de la Passion» est la première exposition consacrée à ce peintre flamand, son atelier et ses productions qui ont inondé le monde entier. Les œuvres réunies ici proviennent d’un peu partout, mais parmi les plus belles, on en compte certaines issues du Grand-Duché. Une belle plongée dans l’histoire culturelle et artistique.

christC’est en 2009 que tout commence : le MNHA reçoit, de la part des sœurs de la Congrégation Notre-Dame (Sainte-Sophie), enroulé précieusement dans un tissu, un très important diptyque signé de la main d’Albrecht Bouts, peintre flamand de la fin du XVe siècle, début du XVIe. Devant ces deux pièces représentant un Christ couronné d’épines et une Mater Dolorosa, le MNHA a décidé de consacrer une exposition à ce maître du retable et de la peinture de dévotion privée.

Quelques années plus tard et une collaboration étroite avec l’Institut royal du patrimoine artistique à Bruxelles et le Suermondt-Ludwig-Museum d’Aix-la-Chapelle, l’exposition est là et regroupe plus de 50 pièces en provenance du monde entier. «Nous avons tout de suite ressenti un très grand intérêt de la part des institutions muséales du monde entier, cette exposition représente un véritable enjeu scientifique dans la recherche sur ce peintre et le développement des peintures de la Passion», explique Michel Polfer, directeur du MNHA.

Fils du célèbre primitif flamand Dirk Bouts, Albrecht Bouts était pour l’instant resté bloqué dans l’ombre de son père malgré une production extrêmement importante à la tête de son atelier. «Ce projet a été un véritable défi pour nous, tout d’abord car il s’agit d’un peintre pas très connu – tout au moins beaucoup moins que son père – et puis, le sujet dans lequel il s’est spécialisé n’est pas le plus abordable et facile, mais nous voulions lui redonner sa véritable position, celle d’un grand maître de la peinture», explique Valentine Henderiks, commissaire scientifique de l’exposition.

Accueilli par l’autoportrait du maître lui-même, on découvre tout d’abord ses œuvres de jeunesse, mais aussi certaines œuvres de commandes pour en venir assez rapidement au sujet qui ne le quittera jamais, la dévotion, et plus particulièrement la devotio moderna (dévotion moderne).

Maître du marché du retable

christ2L’idée est venue durant le Moyen Âge que les croyants ne devaient plus seulement pratiquer leur culte dans les Églises mais au sein de leurs foyers. C’est là qu’est née ce qu’on appelle la dévotion moderne, et pour ce faire, les œuvres de dévotion privée, sous la forme de retables.

Ces retables représentent le plus souvent des saints ou le Christ sur un fond doré. «C’est son père qui a commencé à se spécialiser dans le genre, représentant systématiquement le Christ de douleur, accompagné de la Mater Dolorosa, sous forme de diptyque ou de deux portraits», ajoute la commissaire scientifique de l’exposition.

La suite de l’exposition présente une déclinaison presque infinie de cette figure dont le fameux diptyque présent dans les collections du musée national d’Histoire et d’Art. On découvre ainsi que la production est massive, exportée dans le monde entier et que la figure du Christ était parfois modifié selon le marché et ses préférences. «Pour le marché espagnol, il accentuait le côté dramatique et les signes de la douleur parce que c’est ce que les gens cherchaient, alors qu’en général il peignait cette figure avec une grande intériorisation, une douleur contenue», raconte Valentine Henderiks.

L’artiste a souvent été copié, mais on découvre qu’il n’a pourtant jamais été égalé dans la précision et la qualité de sa peinture, allant jusqu’à se moquer de la sculpture même. Pour apporter un contrepoint à ces peintures vieilles de près de 500 ans, l’exposition conclut avec une vidéo de l’artiste contemporain Bill Viola, inspirée de ces tableaux de dévotion.

Mylène Carrière

Exposition «Sang et larmes – Albrecht Bouts et les images de la Passion». Musée national d’Histoire et d’Art – Luxembourg. À partir du vendredi 7 octobre. Jusqu’au 11 février 2017. Infos sur le site du MNHA.

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