Le dossier thématique de forum du mois de mai 2016 (n° 362) est intitulé «Mobile Menschen». La parole et le langage distinguent les êtres humains. Voilà pourquoi, à l’occasion de la parution des résultats du recensement linguistique entrepris par des chercheurs de l’université du Luxembourg, un article est consacré au multilinguisme au Luxembourg. Le sociologue Fernand Fehlen s’interroge sur la place de l’anglais, qu’il considère comme un défi pour le traditionnel trilinguisme. À l’époque de la mondialisation, l’usage de l’anglais est certainement le symbole de l’importance croissante de la pratique anglo-américaine. Fernand Fehlen note, statistiques à l’appui, que l’anglophonie est la pratique courante d’environ 1,3 % de la population. À peine 5 % l’utilisent comme langue parlée dans la vie professionnelle, alors que pour 10 % l’usage de documents en anglais est une pratique courante.
Souvent, pour les défenseurs de la langue anglaise, la revendication de lui accorder la place majeure dans l’enseignement public va de pair avec l’adversité à la langue française dans l’enseignement.
Paradoxalement, les populistes qui requièrent l’exclusivité de la langue luxembourgeoise comme critère d’intégration ignorent que la langue anglaise est la première parlée parmi les néo-arrivants (cadres économiques et demandeurs d’asile). Quoi qu’il en soit, et nous partageons la conclusion de l’expert (p. 34), l’emploi des langues est soumis à la redistribution des domaines, et l’enjeu de la propagation de l’anglais est celui d’un nouvel équilibrage entre les langues nationales.
Jean Rhein