Le tout premier dictionnaire de la langue luxembourgeoise a été le Lexicon der Luxemburger Umgangssprache, publié en 1847 par le commissaire de police Jean-François Gangler. En 1897, la Chambre des députés constitua par voie législative la première commission chargée de collecter et publier le patrimoine linguistique. Cette commission publia en 1906 son dictionnaire intitulé Wörterbuch der luxemburgischen Mundart . En 1935, une nouvelle commission fut instituée et domiciliée auprès de l’Institut grand-ducal. De 1935 à 1939, la commission était présidée par le professeur Jos. Tockert.
Après la guerre, les travaux reprirent à nouveau en 1948. À partir de 1950 parurent 22 fascicules, en cinq volumes, dont le dernier (ajoutes et corrigendum) a été publié en 1977. À ce moment, le journaliste Paul Cerf critiqua, dans un article du Tageblatt , le caractère raciste, xénophobe et antisémite de certaines entrées et la ministre Erna Hennicot (CSV) empêcha la diffusion ultérieure des stocks de l’ouvrage. Ce qui est tout aussi intéressant, c’est l’incohérence orthographique des commissions successives et de la réglementation officielle (NDLR : un mal persistant jusqu’à nos jours, trouvant son apogée dans le volontarisme de la dictée luxembourgeoise aux Walfer Bicherdeeg).
Ainsi est inexistante, par exemple, la lettre Q comme initiale; elle a été remplacée systématiquement par la lettre K (V et Ph sont remplacés également en initiales par la lettre F). La commission a souvent opté pour une orthographe phonétique : les mots «couvert» et «coup» se retrouvent également sous l’entrée «ku», comme «moitié» sous «mua».
Jean Rhein