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Luxembourg : une chorégraphe pétillante pour accompagner les danseurs «émergents»


La chorégraphe Camille Mutel va assurer le conseil technique des jeunes danseurs lors du festival Émergences, à la Banannefabrik de Luxembourg (photo : Bohumil Kostohryz).

Le Centre de création chorégraphique luxembourgeois (3CL) poursuit son programme de soutien à la danse contemporaine. Et s’appuie sur l’expérience de la chorégraphe Camille Mutel, conseillère artistique de la cinquième édition des Émergences.

Les Émergences constituent un programme de soutien aux artistes émergents avec en fin de cycle, des représentations publiques (du 19 au 22 avril).

Qu’est-ce que vous évoque ce genre de projet?
Camille Mutel : Avoir quelqu’un qui vous aide, vous aiguille dès vos premiers pas, c’est très intéressant. Ça permet de voir plus large.
C’est-à-dire?
La danse implique une idée de performance, de discipline du corps… À mes débuts, j’étais focalisée là-dessus, à savoir faire le bon échauffement, le juste mouvement. Et à un moment, on perd la dimension globale d’une pièce, les propos, la lumière, les costumes. Il y a beaucoup d’autres entrées qui nous permettent d’aller plus en profondeur dans nos recherches. Mais au départ, selon moi, on n’a pas cette vision générale, ne serait-ce que parce qu’elle est trop lourde à porter seul.
Justement, la danse est-elle un métier où l’on se sent seul?
Je ne pense pas, mais la pratique, un peu comme dans le sport, suppose une concurrence importante et une exigence du corps. Oui, cette discipline est complexe et vampirise votre temps. Être chorégraphe, ça n’est pas « tiens, il est 10 h, je prends un café et je vois ce que je fais »… Non, dès le petit-déjeuner, par exemple, il y a une mise en place concernant le régime alimentaire. Bref, mis bout à bout, toutes ces contraintes amènent à être replié sur soi. Aller à la rencontre d’autres personnes permet d’éviter un trop grand cloisonnement.
Jusqu’à ce poste, pour cette cinquième édition, de conseillère artistique, étiez-vous concernée par ces Émergences?
Étant française, je n’ai jamais participé au programme. Depuis quelques années, toutefois, j’entretiens une excellente collaboration avec Bernard Baumgarten (NDLR : directeur du Trois C-L), qui fait un travail admirable au Luxembourg. Ainsi, depuis deux ans, je suis membre de la sélection, jurée en somme, chargée de choisir les « futurs » émergents. Et c’est ma dernière fois cette année! Même si, au final, j’ai un mal fou à aller voir les spectacles « finis »!

Le festival Émergences va se dérouler essentiellement à la BananneFabrik de Bonnevoie (Photo : Didier Sylvestre)

Le festival Émergences va se dérouler essentiellement à la BananneFabrik de Bonnevoie (Photo : Didier Sylvestre)

Vous avez en effet un pied à Nancy et l’autre au Grand-Duché. Quelles sont, selon vous, les différences fortes entre les deux pays pour les jeunes danseurs?
(Elle souffle) C’est compliqué à dire, car leur histoire n’est pas la même, ni leur taille… Disons qu’en France on a affaire à quelque chose de structuré, chapeauté par une institution (CND) très, voire trop présente, avec des parcours quasi dessinés, clairs, pour les jeunes chorégraphes. Ça reste quand même ardu, parce qu’on n’est pas tout seul et que l’on emprunte tous un parcours identique. Au Luxembourg, ça se développe petit à petit et les artistes cherchent, toujours aujourd’hui, les différentes passerelles : où trouver de l’argent? Où se montrer? Comment se structurer? Pour l’instant, ils sont encore beaucoup à composer avec l’international, à cheval entre Londres, Berlin… Bref, chacun arrive avec son histoire, ses difficultés, ses capacités, et le Trois C-L essaye d’articuler l’ensemble.
Qu’allez-vous proposer à ces artistes « émergents »?
Comme je l’ai déjà précisé, surtout élargir leur point de vue pour susciter d’autres rencontres, afin que le danseur ne soit pas uniquement focalisé sur son travail.
Et concrètement?
J’ai suivi le processus comme membre du jury, dès la première mise en mots d’une idée. Et pour l’instant, je n’ai vu que des ébauches de projets… Jeudi, quand j’arriverai, ils n’auront plus qu’une semaine de création! Il va alors falloir sûrement réaliser un nettoyage, se pencher sur le rythme, et regarder si le propos de chaque pièce reste saisissable. Bref, nouer une cohérence entre les éléments et les aider à l’interroger maintenant que la logistique (lumière, costume, scène) est normalement réglée.
Une première pièce, est-ce quelque chose de particulier?
Oui, c’est une première graine dans le parcours d’un artiste. Et elle est très importante car on s’y référera toujours! Ouvrir une brèche, aborder à ses débuts une thématique n’a rien d’anodin : ce sont souvent des sujets qui nous suivent toute la vie. D’où la nécessité de consolider les bases, avant de bâtir tout le reste!
Quel regard portez-vous sur la création chorégraphique au Grand-Duché?
Elle est très diversifiée, en raison de cette mixité, culturelle et artistique, propre au pays, et dans les parcours propres à ses représentants, qui se forment à l’international. De ce fait, je n’arriverais pas à dire qu’il y a une identité chorégraphique luxembourgeoise, comme on peut dire qu’il y a eu une nouvelle danse française.

Entretien avec Grégory Cimatti.

Informations pratiques sur les rendez-vous de Émergences ici.

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