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[Littérature] Presse qui roule, pas vraiment cool


«Je ne sais pas si je saurai parler de mon livre», dit Gaston Carré avant l'interview. Mais l'homme se révèle en fait intarissable sur sa Page blanche. (Photo : Anne Lommel)

Gaston Carré, journaliste au Wort, ancien chef de la rubrique culturelle, sort Page blanche. Un roman tiré de faits réels sur la presse, la culture, le Luxembourg. Passionnant et extrêmement bien écrit.

Dans un passé proche, tout proche, chez nous au Luxembourg. L’univers de la culture est en plein tumulte, celui de la presse écrite en plein marasme. Des turbulences croisées que Gaston Carré reprend avec autant de malice et détachement que de colère et amertume dans Page Blanche, un roman entre satire et drame où tout est à la fois fictionnel et bien réel. Un vrai plaisir de lecture.

Difficile de classer Page blanche, le nouveau roman de Gaston Carré, déjà auteur de Killing Fields (1999), Un accord en souffrance, (2000), Retour à Jajouka (2012) ou plus récemment de Retour en Barbarie (2016). Car si jusque-là l’auteur-journaliste a signé des publications aussi diverses que des observations sur la guerre au Kosovo, une biographie fictive de Friedemann Bach, un recueil de satires, un voyage au Maroc dans les pas du mythique Brian Jones ou encore un essai sur le phénomène djihadiste, dans ce Page blanche, l’auteur mélange roman et essai, critique acerbe du milieu culturel – grand-ducal, mais pas seulement – et du milieu médiatique, chronique, voire presque journal intime, de quelques mois de la vie publique nationale et puis chronique sociale avec le récit d’un plan social dans une entreprise, avec tout ce que cela implique.

«Effectivement le livre est touffu, reconnaît Gaston Carré, mais à chaque fois que je me lance dans l’écriture de quelque chose, il y a des rhizomes qui poussent et très vite ça devient dense et ça touche à différents registres.» Et de poursuivre : «Au départ, pourtant, l’intention n’était pas du tout de faire ce que le livre a fini par devenir. L’idée était juste de faire une satire du monde culturel luxembourgeois, qui est un filon inépuisable avec ses vanités, ses coquetteries, ses petites connivences, ses arrangements et ses comédies. D’autant que le milieu est en pleine mutation avec des schémas, des comportements qui changent. Il y a des moyens d’information nouveaux, une attitude du consommateur culturel qui est elle-même en voie de changement.»

Culture, presse, même combat

Ce milieu, il le connaît bien, il le côtoie même au quotidien dans son ancienne fonction de responsable de la rubrique culture du Luxemburger Wort. Chez lui, les deux milieux, culturel et journalistique, s’imbriquent comme dans un puzzle. D’autant que les deux semblent évoluer en parallèle. «La presse est également en crise, reprend l’auteur, en pleine transformation avec le multimédia, le multisupport qui relègue peu à peu le journal papier à une place secondaire, et où on ne cherche plus des experts ou de belles plumes, mais des journalistes polyvalents.» Des journalistes «confrontés à la même désinvolture générale, à la même frivolité dont souffre la scène culturelle».

Pablo Chimienti

Retrouvez l’intégralité de cet article dans Le Quotidien papier de ce mercredi.

Page blanche, de Gaston Carré.

Éditions Saint-Paul.

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