Multimillionnaire en nombre d’exemplaires vendus dans le monde, présentant son nouveau livre, Pour rien au monde, il affirme : «C’est l’histoire la plus réaliste que j’aie jamais écrite.»
À 72 ans, Ken Follett est tenu pour l’un des meilleurs auteurs de romans d’espionnage et historiques. Normal, donc, que certains se soient étonnés que le Gallois fut de retour avec un «crime novel», comme on dit outre-Manche. À cet étonnement, il a répondu qu’«en faisant des recherches pour La Chute des géants (NDLR : paru en 2010), j’ai découvert avec stupéfaction que personne n’avait voulu la Première Guerre mondiale. Aucun responsable européen, dans un camp ou dans l’autre, ne l’avait souhaitée. Et pourtant, un par un, les empereurs et les chefs de gouvernement ont pris des décisions dont chacune nous a rapprochés, pas à pas, du conflit le plus effroyable que le monde ait jamais connu.». Ce constat établi, Follett s’est alors interrogé : l’histoire pourrait-elle se répéter?
Dès lors, l’écrivain britannique tenait là un sujet, qu’il a bouclé en 780 pages… Un roman, Pour rien au monde (titre un peu éloigné de l’original, Never), dans lequel il se montre autant stratège que prophète en évoquant une possible Troisième Guerre mondiale. Et voilà lectrices et lecteurs embarqués dans le pas du maître ès thriller. Ainsi, on commence avec les États-Unis : leur présidente, Pauline Green, essaie de mener une politique aussi adroite que diplomatique. Son quotidien de première femme présidente de l’Amérique est ponctué par les attaques terroristes, le commerce d’armes illégales et les mesquineries de son principal adversaire politique local. Et puis, elle s’est mise en tête de faire tout son possible pour ne pas embringuer son pays et son armée dans une guerre inutile.
Ken Follett rappelle également qu’il est maître dans l’art d’écrire un «romanquête», un roman-monde de Washington à Séoul, de Pyongyang à Pékin en passant par le Tchad. Qu’il ne rechigne pas à passer des mois, voire des années sur des recherches et la documentation, même si, à la question (un peu fielleuse) de savoir s’il s’est rendu dans tous les pays qu’il évoque dans son nouveau livre, il a répondu, petit sourire aux lèvres : «Pourquoi? Aujourd’hui, avec Google Earth, on a tout sur l’écran de l’ordinateur!» Ainsi, on se retrouve dans le désert du Sahara avec deux agents secrets, sur les traces de terroristes qui trafiquent aussi dans la drogue. Il y a également une femme, jeune et veuve, elle veut rejoindre l’Europe et est aidée par une étrange personne dont on ignore l’identité… On se retrouve également en Chine, avec un membre du gouvernement ambitieux pour lui et son pays; il est en bagarre avec les vieux caciques dont l’objectif, avec leur allié, la Corée du Nord, est d’aller jusqu’au point de non-retour…
L’histoire pourrait-elle se répéter? En prophète ou stratège, Ken Follett esquisse le pire, la répétition du pire
«L’histoire pourrait-elle se répéter?», s’interrogeait Ken Follett en ouverture de Pour rien au monde. En prophète ou stratège, l’auteur esquisse le pire, la répétition du pire. Ce sont les piliers de la guerre, avec des actes d’agression qui ne cessent à travers le monde. Quand celles qu’on appelle les «grandes puissances» sont prises dans le jeu cynique des alliances, peuvent-elles s’en sortir? Bien sûr, ces gouvernements, ces États sont habités des meilleures intentions, mais pourront-ils se sortir de ce qui peut apparaître comme un piège tendu par des pays comme la Chine et la Corée du Nord, et aussi les terroristes «sponsorisés» par quelques États à la moralité pour le moins floue? Il y a bien, pour ces États aux bonnes intentions, des agents secrets et des diplomates de haut niveau : sera-ce suffisant pour que l’histoire ne se répète pas? Et Ken Follett de confier : «Dans mon roman, personne n’est belliciste, il n’y a que des gens intelligents et raisonnables. Et leurs décisions mènent au pire…»
Ken Follett
« Pour rien au monde »
Éditeur Robert Laffont