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[Littérature] Le Livre à Metz : les pieds sur terre, la tête plus loin


En accolant à sa 35e édition l’expression «Même pas peur?», Le Livre à Metz s’ancre dans la dure réalité anxiogène, tout en cherchant à donner des clés pour s’en affranchir. 

Comment célébrer son retour après deux éditions malmenées par la crise sanitaire sans en faire trop? Et comment, surtout, raconter un monde qui s’effiloche et inquiète, sans plomber le moral des gens déjà bien entamé? Telle est la double problématique à laquelle s’attaque, dès vendredi et jusqu’à dimanche, Le Livre à Metz, qui retrouve cette année son fief (la place de la République), son appétit de transmission (dans une société de repli sur soi) et sa mission, chevillée au corps : «Lire et raconter le monde», tel qu’il est, c’est à dire pas franchement reluisant.

Celui-ci, au gré des crises sanitaires et écologiques, du libéralisme aveugle, des jeux politiques et des guerres, dont celle d’Ukraine, n’a actuellement rien d’une invitation à la fête et aux retrouvailles, mais il faut bien faire avec! C’est ce que pourraient dire les 180 auteurs invités qui, les manches relevées et la plume affûtée, s’y «confrontent régulièrement», dit Claire de Guillebon, responsable de la programmation, vite relayée par le maire de Metz, François Grosdidier : «Le vrai courage n’est pas d’ignorer les risques mais de maîtriser la peur, et garder espoir et raison». 

Être bravache et réaliste

Affrontons-donc nos démons, aussi nombreux soient-ils, comme l’impose l’expression «même pas peur» – «terriblement actuelle», précise Aline Brunwasser, présidente de l’association Le Livre à Metz – à laquelle l’organisation a toutefois tenu à ajouter un point d’interrogation de circonstance. Car le doute a du bon et que tout le monde flippe quand même un peu… Explication : «Au départ, il s’agissait d’interpeller avec une thématique dynamique, lâche Claire de Guillebon. Être bravache, c’est bien, mais il faut être aussi réaliste!».

Un petit signe de ponctuation qui change tout et qui articulera, dans une vision duale, les débats trois jours durant. Soit d’un côté, des questionnements notamment sur le «monstre» numérique, sur les «guerres du futur», sur le pouvoir qui joue avec nos angoisses, sur «l’origine du Mal» aussi. De l’autre, quelques bouffés d’air bienvenues qui aborderont, pêle-mêle, les notions d’audace, de jouissance, d’amour, de joie et de bien-être. En somme, donner des pistes de réflexion, et chercher le bonheur malgré ce qui se passe et nous entoure, car les «peurs qui nous animent nous font aussi avancer», synthétise la programmatrice. 

Du populaire au populisme

Au coeur de la ville ou dans de multiples antennes satellitaires, Le Livre à Metz fait comme si de rien n’était, et croise un maximum de doigts pour que les auteurs arrivent à bon port, et en bonne forme! Une édition voulue donc «classique», avec une affiche, comme à l’accoutumée, ultra dense et concentrée, et des invités – dont quatre d’honneur (Ariane Chemin, Laurent Gaudé, Anne Laure Bondoux et Anne Simon) – qui ne viennent pas que de France (États-Unis, Portugal, Italie, Allemagne, Belgique, Espagne…). 

Parmi eux, notons la venue du célèbre romancier américain Elliot Ackerman, de Bernard Minier, l’un des auteurs de thriller le plus lu en France, et du moins connu Fréderic Ploussard, dont le premier roman (Mobylette) sera présenté… dans le parking du centre commercial Muse (c’est rigolo mais ça montre aussi à quel niveau est relégué la culture dans ce genre d’endroit). Précisons que la manifestation s’achèvera sur les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Du «populaire», défendu par le rendez-vous, au populisme, il n’y a qu’un pas. Et la réalité risque à nouveau de trahir les rêves et de lester au sol toute envie d’émancipation. Au moins jusqu’à la prochaine édition. 

Place de la République – Metz. 

Du 8 au 10 avril.

www.lelivreametz.com

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