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[Littérature] Enquête incroyable sur un soldat de la Première guerre mondiale


Roger Wiltz, marqué par l'histoire du livre, s'est chargé de sa traduction en français. (Photo : dr)

Tué en 1915 dans les Dolomites, un soldat hante les rêves d’un jeune Allemand… Un authentique témoignage qui a saisi Roger Wiltz, ancien confrère du Quotidien. Qui l’a traduit.

Enfant, Udo Wieczorek (né en 1970) fait de terribles cauchemars, vivant des scènes de guerre très réalistes. Adulte, en tentant de trouver leur origine dans les Dolomites, il trouve dans les vestiges d’une tranchée une lettre écrite 82 ans auparavant par un soldat blessé. Avec l’aide du journaliste Manfred Bomm, il identifie le soldat et prouve que ses rêves reposent sur une réalité historique… Une étonnante enquête disponible depuis peu en français, grâce au travail de Roger Wiltz, qui a participé aux premières années du Quotidien (2001-2003).

Comment êtes-vous tombé sur ce livre?

Roger Wiltz : Par hasard! Je me baladais en Allemagne et je suis entré dans une librairie. Là, il y avait ce livre, avec ce soldat sur la couverture. Son regard m’a attiré. Et le résumé m’a un brin déstabilisé : c’était bizarre, et on ne pouvait pas savoir si c’était une fiction ou la réalité. Ça m’a définitivement convaincu. Je me suis dit aussi, au passage, que ça améliorerait mon allemand!

Qu’en avez-vous alors pensé?

Déjà, on découvre vite que ce n’est pas un roman, car l’auteur l’articule avec des dates et des endroits bien précis, connus. La lecture finie, je me suis dit : « Mais elle est incroyable cette histoire! » Du coup, je l’ai relue, afin d’en être certain. L’effet a persisté, et alors, j’ai eu envie de la traduire.

Qu’est-ce qui vous a tant plu dans cette « curieuse » histoire?

La personnalité de l’auteur, qui suit ses rêves, ou ses cauchemars plutôt. Au lieu de les fuir et de prendre des somnifères, des drogues, il décide de les affronter, de partir à l’aventure pour comprendre ce qui l’assaille depuis des années. Quel courage! Saluons aussi sa femme, Daniela, qui l’a toujours cru, et ne l’a pas pris pour un malade mental…

Donc, vous décidez de le traduire en français. Comment procède-t-on? Vous vous tournez vers l’éditeur et vous dites : « J’ai une idée… »

(Il rigole) Oui, c’est un peu ça : j’ai envoyé un mail à l’éditeur (Gmeiner), qui m’a d’abord répondu : « Non, merci! » Puis j’ai rapidement cherché l’adresse des auteurs, je leur ai écrit, tout comme à l’éditeur, encore une fois. Là, ça s’est débloqué, et on m’a donné l’autorisation de traduire le livre, sans être payé… Et je devais aussi, par mes propres moyens, trouver un éditeur en France.

L’exercice en lui-même était-il compliqué?

Évidemment, ce n’est pas un style hautement littéraire, car on est ici dans une sorte d’enquête qui accumule les faits, détaille les rencontres… Mais ça reste de l’allemand, langue qui n’a pas la même structure que le français. Du coup, ça demande, en permanence, des adaptations. Je m’y suis consacré à fond durant quatre-cinq mois. Ça m’a entraîné : j’ai pris cette histoire à cœur. Et en juillet 2016, j’avais fini.

Avez-vous pu rencontrer Udo Wieczorek et Manfred Bomm?

Oui, j’ai été à leur rencontre à Sexten, sur le lieu même de l’histoire. Ils sont très naturels, normaux, terre à terre. Par rapport à cette étrange histoire, on pourrait croire qu’ils sont « new age » ou quelque chose de ce genre, mais pas du tout. On s’est baladés, on a discuté, bu de la bière et mangé des raviolis tyroliens. Bref, du grand classique…

Ont-ils apprécié votre démarche?

Ils sont ravis que l’histoire soit connue, car elle leur tient à cœur. Elle est importante car, selon eux, elle prouve qu’il y a autre chose au-delà de notre monde matériel, qu’il n’est pas limité à nos simples perceptions définies par nos cinq sens. Et cela, on en a toutefois peu parlé : il n’y a pas eu de prêchi-prêcha. Ce qui m’a conforté dans le bien-fondé de leur démarche. Ils m’ont laissé libre de croire ou pas. Mais c’est un mystère qui les dépasse eux aussi !

Personnellement, vous y croyez?

Je suis quelqu’un d’assez pragmatique, mais, de par ma confession catholique – que je pratique d’ailleurs de loin – je crois en effet qu’il y a d’autres possibles. Dans ce sens, un ami professeur m’a expliqué qu’en physique quantique, on constate que deux particules peuvent avoir une « vie » séparée, mais réagissent l’une par rapport à l’autre. Oui, notre monde est plus complexe qu’il n’en a l’air… Eh oui, Udo a rêvé de choses qui se sont passées près d’un siècle avant, et qui l’ont conduit à trouver cette lettre. C’est effarant, mais c’est comme ça!

Grégory Cimatti

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