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[Littérature] Avec «Peloton maison», Paul Fournel retrouve le coup de pédale


Paul Fournel. (photo Astrid di Crollalanza)

Une semaine avant le départ du Tour de France, l’écrivain Paul Fournel publie Peloton maison. Critique.

Réputé écrivain joueur, Paul Fournel passe du plat (le récent roman Attends voir) au contre-la-montre (un recueil de poèmes, Toi qui connais du monde) en passant par les étapes dites «de transition» et favorables aux puncheurs-dynamiteurs. Surnommé «roi de la petite reine», Fournel, 75 ans, aime le sport : on lui doit un texte exceptionnel, Les Athlètes dans leur tête (2012). «Même si je me contente maintenant de petites sorties à 25 km/h, j’ai toujours pédalé, et je continue. J’ai toujours besoin de rouler», confie l’auteur de Besoin de vélo (2001), du dictionnaire cycliste Méli-Vélo (2008) et Anquetil tout seul (2012). Une semaine avant le départ du 109e Tour de France, il offre un recueil de 45 nouvelles, Peloton maison.

Membre éminent de l’Oulipo, Fournel invite à la lecture en lançant son affaire avec les mots des anciens champions français Louison Bobet et Jacques Anquetil. Le premier : «Un coureur ne porte jamais ni ceinture ni élastique pour retenir sa culotte, afin de faciliter la respiration»; le second : «Moi, le vélo, j’aime pas tellement»… N’empêche, amateurs ou professionnels, cyclistes du dimanche, cyclotouristes ou professionnels, tous évoluent dans une maison commune, le temps de quelques heures, d’une course ou d’une sortie d’entraînement. «C’est ma maison», disent-ils, et c’est le titre du premier chapitre de Peloton maison.

En maître ès cyclismes, Paul Fournel se pare des habits de guide au sein et autour du peloton

En maître ès cyclismes, Fournel se pare des habits de guide au sein et autour du peloton. En avant pour la visite de la maison mobile. Certains s’y reposent, d’autres s’y cachent, y font le ménage ou mettent le nez à la fenêtre. On sait aussi qu’il en est, parmi les résidents, des plus hardis et des plus éprouvés; ceux-là s’en échappent. On sait aussi qu’immanquablement, depuis toujours, tous, ils s’y rassemblent chaque petit matin. Chacun porte une attention toute particulière à ses jambes : «Je n’ai pas eu besoin de faire des kilomètres pour me rendre compte que j’avais un irréductible mal aux jambes et que ma journée serait sous le signe de la douleur. Le mal aux jambes est un compagnon du cycliste, le très mal aux jambes est sa tragédie. Vite après le départ on sait si on aura les bonnes jambes ou des jambes moyennes, très vite aussi, mais plus rarement, on sait qu’on aura des jambes en enfer…»

Pour Paul Fournel, «le cyclisme est un sport social». À l’image d’une société avec maîtres et valets, champions et «gregarii» (terme peu amène pour définir les équipiers affectés aux tâches les plus obscures), élégants et bourrins… Sans oublier les tricheurs et tricheuses, adeptes du «dopé à son insu»… Le peloton maison, ce sont aussi des idées fixes, des rêves (in)assouvis – grimper devant, la main levée, le vent de face – et aussi des angoisses – la descente en montagne, le vent de face ou encore le «gruppetto» et, sinistre parmi les sinistres, la voiture-balai. Et à en croire l’auteur, quand on roule en son cœur, le peloton devient alors une maison de repos. «Il y a un endroit dans le peloton, dans son ventre, vers le milieu, où pédaler est moins difficile. Bien abrité, niché, vous avancez selon le moindre effort (…) Cet endroit, qu’en moi-même je nomme « le fauteuil », est, cela va sans dire, très convoité. C’est le rendez-vous des éclopés, des porteurs de pansements, des épuisés de la veille.» Et maintenant, ce Peloton maison est à vous, roulez!

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