Film tenu secret, communication verrouillée par peur des critiques et pour créer le buzz : « Les Visiteurs La Révolution », troisième volet des aventures de Jacquouille et Godefroy de Montmirail, est à l’affiche mercredi avec l’espoir de rééditer l’énorme succès du premier épisode sorti il y a 23 ans.
« La presse n’est généralement pas favorable avec les comédies populaires; on n’avait que des coups à prendre; le public se fera son idée directement », a expliqué à l’AFP Jérôme Hilal, directeur de la distribution de Gaumont, qui a produit ce nouvel opus à l’accueil mitigé. Cinquième plus grand succès du cinéma français, les premiers « Visiteurs » ont attiré près de 14 millions de spectateurs.
Christian Clavier en Jacquouille toujours aussi hystérique, son maître Jean Réno en Godefroy le Hardi, seigneur de Montmirail, et Marie-Anne Chazel, ex-Dame Ginette, reprennent du service devant la caméra de Jean-Marie Poiré, qui signe toujours la réalisation et le scénario original, à quatre mains avec Christian Clavier. Bloqués dans les « couloirs du temps », Jacquouille et Godefroy se retrouvent en pleine Révolution française, confrontés à leurs descendants, dont certains, qui on embrassé la cause de la Révolution, confisquent le château de Montmirail.
« Les Visiteurs La Révolution » enrôlent de nouveaux acteurs populaires : Karin Viard, Sylvie Testud et les humoristes Alex Lutz et Ary Abittan qui livrent de belles compositions en aristocrates arrogants. Franck Dubosc est aussi de l’aventure, dans le rôle d’un Montmirail, noble progressiste, député de la Convention. Pour sauver leurs têtes, Jacquouille et Godefroy n’ont qu’une solution, comme dans les deux précédents films : trouver des descendants de l’Enchanteur qui leur fournira la potion magique permettant de fuir la Terreur.
Avec un budget conséquent de 25 millions d’euros, « Les Visiteurs La Révolution » se distingue par une reconstitution soignée de cette page de l’histoire de France, des acteurs épatants, mais pèche par un scénario confus, franchement bavard, des anachronismes moins présents, et des longueurs.
Pas de fous rires
Mercredi, à l’issue de la première projection à l’UGC Les Halles, à Paris, les avis étaient mitigés et les plus bienveillants étaient sans enthousiasme : « Ce n’est pas un mauvais film. La réalisation est même ambitieuse, mais ça traîne en longueur. On sourit souvent, mais sans fous rires », a confié Ilan Arfi, un animateur scolaire de 23 ans, qui toutefois préfère ce troisième volet au deuxième, « Les Visiteurs 2 : Les couloirs du temps » (8 millions de spectateurs en 1998).
Pour Romain, technicien de 34 ans, le film est tout simplement « insupportable », et il se dit agacé par une longue séquence dans le seul décor d’un hôtel particulier parisien : « On dirait une pièce de théâtre, avec des claquements de portes. C’est une daube ! ».
« Faire une suite dans le seul but d’attirer la clientèle n’est pas intéressant sur le plan artistique. Pour que ce soit réussi, il faut une idée qui tienne la route (…) Avec Christian, on a mis beaucoup de temps à écrire Les Visiteurs La Révolution », se défend Jean-Marie Poiré dans le dossier de presse.
« Il était indispensable de raconter une histoire nouvelle : ce monde en révolution qui balaye les hiérarchies sociales », ajoute le réalisateur qui n’exclut pas un quatrième volet. Seul comédien noir au casting, Pascal Nzonzi, second rôle remarqué, campe un sans-culotte mais son nom ne figure pas sur l’affiche, alors qu’il pose au même titre que les acteurs principaux. Un « oubli » dénoncé sur les réseaux sociaux.
La Gaumont s’est défendue de tout racisme. « Les affiches sont le reflet exact des contrats d’acteurs. Pascal Nzonzi est formidable à l’écran et nous avons souhaité qu’il soit sur l’affiche », a expliqué Jérôme Hilal, de la Gaumont. « Mais la mention de son nom n’était pas dans son contrat ».
Le Quotidien / AFP