L’Association des critiques et journalistes de BD (ACBD) a dévoilé, pour les vacances, les 20 albums qui ont le plus retenu son attention ces derniers mois. Parmi eux, l’excellent L’Été diabolik de Smolderen et Clérisse. Découvertes.
C’est sûrement l’un des duos les plus enthousiasmants de la BD. D’un côté, Thierry Smolderen, âgé de 62 ans, fin scénariste aux élans sociologiques, grand admirateur de la culture populaire et des kiosques qui, selon lui, constituent le «fil conducteur des albums» qu’il signe avec à quatre mains avec Alexandre Clérisse. Ce dernier, 36 ans, l’un de ses anciens élèves à Angoulême, a un talent rare pour manier le logiciel Illustrator, avec lequel il crée des univers colorés, percutants et géométriques, convoquant de nombreuses influences graphistes.
Été 1967, sur la côte. Antoine, 15 ans, est en vacances avec son père. En jouant au tennis, il se fait un nouvel ami, au géniteur très sanguin. Ce dernier meurt dans un accident de voiture, auquel Antoine et son propre père sont mêlés. Ces semaines normalement insouciantes ne vont cesser de voir leur cours dévié : Antoine prend de l’acide, connaît sa première expérience sexuelle, consolide son amitié avec Erik, et voit son père disparaître mystérieusement… Pour Antoine, l’été 1967 sera celui de toutes les découvertes ! Entre intrigue alambiquée et pourtant efficace, et dessins de très haute tenue, entre David Hockney et Guy Peellaert, L’Été diabolik est un des chefs-d’œuvre de l’année en cours.
Retour aux sources
La Maison, de Paco Roca. (Delcourt)
Un an après le décès de leur père, deux frères et leur sœur reviennent dans la maison de leur enfance pour en organiser la vente. Mais chacune des vieilleries qu’ils jettent réveille une part enfouie de leur mémoire. La crainte que les souvenirs de cette vie passée au côté de leur père s’évanouissent au fur et à mesure que la poubelle se remplit les engage dans un échange empreint de nostalgie… Une chronique familiale simple, un peu triste, terriblement commune, mais qui transpire incroyablement l’authenticité.
Aventure médiévale
Stupor Mundi, de Néjib. (Gallimard)
Au début du XIIIe siècle, Hannibal Qassim El Battouti, éminent savant arabe, débarque dans les Pouilles à Castel del Monte, refuge d’érudits en tout genre. Accompagné de sa fille Houdê, paralysée, et de El Ghoul, son serviteur masqué, il a dans ses bagages une invention extraordinaire : la photographie. Pour obtenir la protection de Frédéric II et continuer ses recherches, il lui faudra retrouver une formule chimique disparue, réaliser un faux saint suaire et lutter contre les forces ennemies. Une aventure digne du Nom de la rose.
Hommes cupides
Ce qu’il faut de terre à l’homme, de Martin Veyron. (Dargaud)
Sur son lopin de terre de Sibérie, le paysan Pacôme vit avec sa femme et son fils. Il n’est pas riche mais il subvient aux besoins de sa famille. Cependant, Pacôme se sent à l’étroit. «Si seulement j’avais plus de terres, soupire-t-il en regardant par-delà la clôture, je pourrais être tout à fait heureux.» Un appétit, tant pour les terres que pour ce qu’elles rapportent, qui va aller grandissant… D’après une nouvelle de Léon Tolstoï, ce nouvel album de Martin Veyron est une fable au thème universel et intemporel : la cupidité des hommes.
Frissons garantis !
Melvile (T2, L’Histoire de Saul Miller), de Romain Renard. (Le Lombard)
Saul Miller, universitaire, passe sa retraite à Melvile. Auprès de Saul, il y a Paz et sa fille Mia, une jeune fille de onze ans que Saul aide dans ses devoirs. Il y a Beth et Daniel, ses amis et voisins. Et il y a eux. Des chasseurs venus d’ailleurs et qui rodent dans les bois. Une discussion qui tourne mal, un sourire inquiétant et c’est le monde de Saul qui explose. Mais c’était sans compter qu’ici, à Melvile, certaines légendes prennent chair et corps bien plus facilement qu’ailleurs…
Grégory Cimatti
Mais aussi…
Astrid Bromure (T2) de Fabrice Parme (Rue de Sèvres)
Chlorophylle (T1) de René Hausman et Jean-Luc Cornette (Le Lombard)
Cruelle de Florence Dupré la Tour (Dargaud)
Juliette (T1) de Camille Jourdy (Actes Sud)
La Légèreté de Catherine Meurisse (Dargaud)
L’Adoption (T1) d’Arno Monin et Zidrou (Bamboo/Grand Angle)
L’Homme qui tua Lucky Luke de Matthieu Bonhomme (Lucky Comics)
L’Odeur des garçons affamés de Frederik Peeters et Loo Hui Phang (Casterman)
Les Cahiers d’Esther : Histoires de mes 10 ans de Riad Sattouf (Allary)
Les Vieux Fourneaux (T3) de Paul Cauuet et Wilfrid Lupano (Dargaud)
Luc Leroi : Plutôt plus tard de Jean-C. Denis (Futuropolis)
Ô vous, frères humains de Luz (Futuropolis)
Un maillot pour l’Algérie de Javi Rey, Kris et Bertrand Galic (Dupuis)
Une mystérieuse mélodie ou comment Mickey rencontra Minnie de Cosey (Glénat Disney)
Watertown de Jean-Claude Götting (Casterman)