Le Ward’in Rock fête ses 20 ans

Depuis 20 ans, le Ward’in Rock anime, début septembre près de Bastogne, la province de Luxembourg, grâce à une affiche éclectique, des paysages verdoyants, un état d’esprit décontracté et une dose d’humanité. Découverte.

Il se présente comme «le festival le plus haut de Belgique», trônant fièrement à quelque 500 mètres d’altitude. Un titre toutefois remis en cause, comme en témoigne son Facebook, par un obscur festival près de Liège. «Il n’y a pas de concurrence, précise Fabio Lafontaine, un des instigateurs du Ward’in Rock. Tout ça, c’est juste pour le fun !» Un terme qui correspond bien à l’esprit de ce rendez-vous musical, solidement ancré près de Bastogne, dans la province de Luxembourg. Ça fait même 20 ans que ça dure.

Ainsi, chaque rentrée, pas moins de 10 000 personnes – la jauge maximale – dont 6 000 campeurs, se pressent dans ce «paysage exceptionnel», au cœur des Ardennes qui, par temps dégagé, offre une vue sur le voisin luxembourgeois. De Wiltz, une piste cyclable permet même de s’y rendre, et de constater qu’à cette occasion, le village de Wardin prend de l’ampleur. «Il doit y avoir 300 habitants en temps normal, poursuit-il. Là, c’est un peu l’invasion.» Et les occupants viennent d’un peu partout de la Grande Région, attirés par une affiche rock-rap-electro, les pâturages et l’ambiance à la cool.

Un festival qui a «de la gueule !»

C’est que le Ward’in Rock, même si sa trajectoire épouse celle de tant d’autres pairs – passant d’une salle au plein air, d’une scène à deux, de quelques groupes à une vingtaine… – n’oublie pas ses racines. Celles des fêtes estivales, des kermesses et autres bals populaires. Souvenirs, souvenirs… «On a passé la soirée à écouter des groupes du coin que l’on a programmé sous un chapiteau», explique Fabio Lafontaine. Il n’y avait rien de calculé. On s’est juste dit qu’ici, il y avait quelque chose à faire d’intéressant.»

Car si Durby a aussi son festival et Arlon son éternel Entrepôt et ses activités périphériques, Bastogne, elle, cherche sa voie. Ça sera celle, porteuse, de la musique dite «actuelle», encadrée aujourd’hui par 600 bénévoles. D’où aussi l’aspect «convivial» défendu par l’organisation. «Ce festival est né d’un mouvement de la jeunesse locale. C’est clairement inscrit dans notre ADN». Deux jours, donc, de «plaisir partagé», à la fraîche et sans flonflon, même l’année de la double décennie.

«On a hésité à marquer le coup pour cet anniversaire, en passant sur trois jours, ou en faisant revenir un groupe marquant. Finalement, on a gardé les pieds sur terre, ne serait-ce que pour ne pas épuiser les bénévoles» (rire). Et aussi pour ne pas mettre en péril le délicat équilibre financier. «Cette année, on arrive au bout de nos limites», reconnaît Fabio Lafontaine.

Car, sans le moindre élan de fanfaronnade, le Ward’in Rock 2016 n’a pas à rougir de la concurrence, proposant à l’affiche JoeyStarr, Youssoupha, Grand Blanc et Hyphen Hyphen («révélation scène» aux dernières Victoires de la musique en France), et ce, aux côté des groupes des environs et d’autres au talent plus confirmé – «car il ne faut jamais renier ses origines». «On n’est pas dans les dix meilleurs festivals de Belgique, annonce-t-il. On reste un évènement périphérique, mais on a de la gueule !»

Avec une programmation articulée autour de «groupes qui font l’actualité», le Ward’in Rock, début septembre, jouera sur un double tableau, entre inclinaison hip-hop et orientation plus «grand public», à travers des accents electro-pop-rock. Fer de lance de cette ardeur, la venue de Ghinzu, qui fait espérer un nouveau «sold out», ce qui serait le second après 2011 et la présence d’une autre fierté nationale : Stromae. Et au vu de l’activité sur les réseaux sociaux, ça semble bien parti.

Grégory Cimatti