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Le Salaire de la peur musclé par Netflix


Le Salaire de la peur, vaguement inspiré du chef-d’œuvre de Henri-Georges Clouzot (1953), est un film d’action musclé calibré pour cartonner sur Netflix. Avec à l’écran, Franck Gastambide, nouvelle icône du cinéma français de divertissement. Entretien.

Carrure à la Vin Diesel, sourire rieur : Franck Gastambide, 45 ans, ex-dresseur pour animaux passé par l’humour (Les Kaïras), est devenu l’une des figures les plus populaires du cinéma de divertissement grâce à ses comédies d’action musclées.

Un succès qui s’exporte grâce aux plateformes. Ses derniers films, boudés par la critique, ont pourtant cartonné dans le monde : Medellín pour Prime Video ou Sans répit pour Netflix. À l’occasion de la mise en ligne du Salaire de la peur, il se confie.

Avez-vous revu Le Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot pour préparer cette nouvelle version?

Franck Gastambide : Honnêtement, je n’en ai qu’un vague souvenir! En lisant le scénario, je me suis vraiment dit qu’on était très loin de la version originale et qu’il n’y avait aucun intérêt à comparer. Je suis arrivé avec beaucoup d’humilité sur ce rôle, en espérant qu’on ne me comparerait jamais à Yves Montand. Il n’y a pas de comparaison à faire, je n’ai pas un dixième du talent de cette légende!

Le tournage, dans le désert marocain, était-ce une épreuve?

Je suis quelqu’un qui s’entraîne beaucoup, donc je ne me suis pas laissé surprendre par l’aspect physique. Un tournage de film d’action, c’est un petit marathon! C’est 60 jours avec un rythme soutenu, qui nécessitent une condition physique, une hygiène de vie, des respects d’heures de sommeil…

Et des restrictions également, parce qu’il ne faut pas prendre de poids, pour être raccord du début à la fin. Le seul inconfort, c’est d’être au milieu du désert, coupé de notre vie quotidienne. Mais tout cela contribue à l’immersion nécessaire pour qu’on soit dans le personnage.

De quoi devenir « accro« ?

C’est une passion plus qu’une addiction! J’ai la chance de faire le cinéma que j’aime regarder. J’aime les bonnes séries, les grands films d’auteur, mais j’ai grandi avec le cinéma hollywoodien et d’action et je suis content de pouvoir en faire. Je n’osais pas rêver avant de ce qui m’arrive aujourd’hui.

Rien ne me prédestinait à être là où je suis. Ma mère était femme de ménage. Mon père, je ne sais pas où il est! Je ne connaissais personne dans le cinéma. Je suis entré au plus bas de l’échelle, en dressant des animaux, parce que c’est la seule chose que je pouvais faire en tant que dyslexique, en échec scolaire et sans diplôme. Tout ça est un vaccin éternel, je crois, pour ne pas prendre la grosse tête.

Avez-vous des envies de tourner à Hollywood?

Pour être honnête, j’ai un problème avec l’anglais qui m’a empêché de répondre à des propositions. Mais j’ai un projet très concret de tourner en tant que metteur en scène aux États-Unis, ce qui est mon rêve depuis le début. Même quand j’ai été frapper à la porte de Luc Besson pour faire Taxi 5, c’était aussi parce que le film était considéré à l’étranger.

D’ailleurs, la fois où on m’a présenté mon idole, Sylvester Stallone, on m’a présenté comme celui qui avait fait le nouveau Taxi. Une franchise qu’il connaissait puisqu’il y avait participé (NDLR : dans Taxi 3). Le succès mondial de Medellín est aussi une porte d’entrée. Les plateformes sont des ponts pour des metteurs en scène comme moi qui ont des projets à l’international.

Et en tant qu’acteur, mettre ma tête quelques secondes dans un Fast and Furious serait extrêmement jouissif! C’est Louis Leterrier qui réalise la saga maintenant, un Français… Donc ce n’est pas si fou d’y penser!

La suite, ce sera votre série sur le MMA, La Cage

C’est ma passion depuis plus de dix ans. La première fois que j’ai assisté à un combat, c’était au Staples Center de Los Angeles avec Ramzy, à une époque où ce sport était encore interdit en France. J’étais fasciné.

Ça me semblait très violent avant que je comprenne que ce sport est un jeu d’échecs passionnant, qui mêle tous les sports de combat. La France a été l’un des derniers pays à légaliser ce sport. Et le paradoxe, c’est que c’est un petit Français qui va sortir la première série Netflix sur ce sujet. J’en suis très fier!

Je n’ai pas un dixième du talent d’Yves Montand

Un Salaire de la peur sous stéroïdes

Netflix s’attaque à un monument du cinéma français avec une nouvelle version du Salaire de la peur, avec un casting tout en muscles réunissant Franck Gastambide, Alban Lenoir et Sofiane Zermani.

Deux camions bourrés d’explosifs font le voyage de tous les dangers pour espérer éteindre un puits de pétrole en feu : à part le synopsis, le film produit par la plateforme américaine a peu à voir avec l’original, signé Henri-Georges Clouzot et qui a décroché à la fois le Grand Prix à Cannes et l’Ours d’or à Berlin.

Sorti en 1953 en salles, ce long métrage en noir et blanc, avec derrière le volant Charles Vanel et Yves Montand, avait déjà fait l’objet d’un remake américain en 1978, signé William Friedkin. Le Salaire de la peur version 2024 «n’est pas un remake!

Ça n’aurait aucun sens pour un metteur en scène de refaire le même film copié-collé», a déclaré son réalisateur Julien Leclercq. «J’ai voulu faire ce que les Américains appellent un « reboot » : prendre l’idée originelle et l’actualiser pour un public et des personnages de 2024», a-t-il précisé pour éviter toute déception.

Monte en cabine un personnage féminin, incarné par Ana Girardot. Autour d’elle, des stars du cinéma d’action français : Franck Gastambide (voir ci-contre) et Alban Lenoir (Balle perdue) ou encore l’acteur et rappeur Sofiane Zermani.

Leur mission? Convoyer la nitroglycérine qui permettra, par effet de souffle, d’éteindre un puits de pétrole en feu. Celui-ci menace de réduire en poussière un camp de réfugiés dans une zone désertique théâtre d’un conflit non identifié. S’y ajoutent un hélicoptère, un soupçon de technologie et des armes automatiques.

«Dans le film original, il y un seul ennemi : la nitroglycérine et l’environnement montagneux. Nous, on a créé une zone géopolitique instable, où on traverse des zones sûres et moins sûres», contrôlées par des hommes armés, raconte Julien Leclercq, qui a la série postapocalyptique Mad Max pour films de chevet. Les héritiers de Henri-Georges Clouzot ont vu ce nouveau film et l’ont aimé, assure le réalisateur. La version originale est également disponible sur la plateforme.

Le Salaire de la peur, de Julien Leclercq. Netflix.

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