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Le pavillon luxembourgeois de la biennale de Venise se dévoile


Venise, elle-même sur les eaux, sera le lieu propice pour parler de flux migratoires, mais aussi, de façon plus légère, de poésie, de contes «homériques», de péripéties historiques. (photo fabio godinho)

Représentant le pavillon luxembourgeois à la prochaine biennale de Venise, supporté par le Casino, l’artiste Marco Godinho a présenté son projet «Written by Water», lundi.

Même pour un artiste, comme l’est Marco Godinho, rompu à l’exercice «promotionnel», il n’est jamais aisé de se projeter dans un rendez-vous comme la biennale de Venise. Que dévoiler, alors que le projet est encore en écriture? Que préciser, aussi, alors que son art lui-même prend de multiples directions et que sa forme définitive reste floue? Lundi matin, il fallait pourtant lever le voile sur «Written by Water», nom d’une intention qu’il développe, à son rythme, depuis 2013, et qui englobe, pour faire large, une bonne partie de ses obsessions artistiques.

Quelques certitudes toutefois avant de brosser les contours de cette nouvelle aventure vénitienne – la sixième portée par le Casino après la dernière, en 2017, en compagnie du fantasque Mike Bourscheid : d’abord, contrairement à son prédécesseur, Marco Godinho n’est pas, comme on dit, un nouvel arrivant sur la scène culturelle. «C’est quelqu’un de bien en place», lâche sommairement Kevin Muhlen, directeur du musée et commissaire, par extension, de la future (et attendue) exposition. En témoignent notamment ses récents travaux dévoilés à Montréal ou encore à Taipei (Taïwan).

Pour la première à «l’Arsenale»

Ensuite, et ce n’est pas rien, le pavillon luxembourgeois occupera pour la première fois – pour une exposition d’art, l’architecture y était en 2018 – un espace à l’Arsenale, plus précisément le premier étage de la Sale d’Armi. Fini, donc, l’allégresse de la Ca’ del Duca, ancienne «place to be» située dans une demeure privée au cœur de Venise dans lequel les expositions se tenaient depuis 1999. Nouvel emplacement, donc, pour surtout une plus grande visibilité, au centre névralgique de la biennale. Autant dire que l’expérience de Marco Godinho est la bienvenue.

Se dépatouillant sur son ordinateur, et défilant, hésitant, l’arborescence chaotique de son «Written by Water», l’artiste luxembourgeois d’origine portugaise se jette finalement à l’eau : «Ce projet trouve sa source dans les allers-retours que j’ai fait du Sud vers le Nord, du Nord vers le Sud, avec la Méditerranée comme horizon, ses côtés, ses bords… Ces espaces « frontières » que j’ai arpentés, dans lesquels j’ai souvent déambulé…» En résulte des questionnements qui touchent l’homme, son identité, et de manière plus «fluide», des réflexions sur la mer et le lot de drames et de légendes qu’elle charrie.

Venise, elle-même sur les eaux, sera donc le lieu propice pour parler de flux migratoires, mais aussi, de façon plus légère, de poésie, de contes «homériques», de péripéties historiques. De multiples travaux, aux orientations multiples (installation, film, dessin, texte, photo, son, lumière…) confirment cette approche tous azimuts : ainsi, à travers l’œuvre «Written by Water», donnant le nom à l’exposition, Marco Godinho plonge des cahiers dans la mer – le récit sous sa forme écrite classique laissant ici place à une narration «liquide», imperceptible.

Tandis que son frère, Fábio, donne en offrande aux eaux calmes des pages de L’Odyssée d’Homère («Left to Their Own Fate»), lui donne la parole notamment aux personnes «aveugles» («A Permanent Sea Inside Us») qui, à travers une installation sonore et immersive, racontent leur relation à cet espace particulier qu’est la mer. Reste à savoir comment ces différentes «abstractions» vont s’articuler sur ce «plateau ouvert» de quelque 250 m2 qu’est la Sale d’Armi.

«J’ai envie d’une exposition qui sera impossible à voir dans sa totalité, même si vous restez un jour sur place! D’ailleurs, plus vous persistez, plus ça deviendra incertain…», explique ainsi Marco Godinho, qui imagine le pavillon comme «une vague» ayant «son propre souffle». «On n’est pas en terrain conquis», prévient encore Kevin Muhlen. Gageons que l’artiste-nomade, véritable explorateur du monde, fera de cette «terra incognita» un nouvel Eldorado.

Grégory Cimatti

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