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Le mythe Pablo Escobar, à la conquête d’une audience mondiale


Une femme se promène dans le quartier Pablo Escobar, à Medellin en Colombie, le 2 décembre 2015. (photo AFP)

Incarné et démultiplié sur les écrans, le mythe de Pablo Escobar vit une nouvelle époque dorée dans le monde entier à travers de nombreux films et séries qui reviennent sur la vie du célèbre narcotrafiquant colombien.

« Que nous le voulions ou non, des personnalités comme celle d’Escobar sont captivantes, fascinantes et uniques car elles transgressent la loi et sont imprévisibles », analyse Tom Nunan, producteur oscarisé et enseignant à la UCLA School of Theatre film and television. « Escobar est un personnage si haut en couleur qu’il est très facile de s’intéresser à son histoire », poursuit-il.

La preuve avec le succès de « Narcos », la série sur laquelle le pionnier du streaming Netflix a parié en 2015 pour débarquer en Amérique latine et qui est nommée aux Golden Globes dimanche dans deux catégories, Meilleure série dramatique et Meilleur acteur.

L’acteur brésilien Wagner Moura y interprète le célèbre narcotrafiquant colombien qui avait fait plonger la Colombie dans le chaos en livrant une guerre sans merci contre les autres cartels et le gouvernement lui-même afin d’asseoir son empire de la cocaïne.

Usant de son immense fortune pour aider les plus pauvres, notamment dans sa ville de Medellin où il est mort en 1993 à l’âge de 44 ans, il avait aussi tenté de se forger une réputation de « Robin des Bois ». Ses richesses étaient telles qu’il est allé jusqu’à proposer aux autorités de rembourser la dette externe du pays afin de s’assurer sa tranquillité.

En adoptant le point de vue d’un agent américain de l’agence chargée de la lutte contre le trafic de drogue (DEA) ayant véritablement existé, Steve Murphy (incarné par Boyd Holbrook), Netflix, fort de 70 millions d’abonnés, a cherché à captiver bien au-delà des frontières colombiennes.

Le fantasque baron de la drogue avait auparavant déjà séduit le cinéma. En 2014, l’acteur portoricain Benicio del Toro incarnait Pablo Escobar dans « Paradise Lost ».

Et la fascination perdure: en 2017, Tom Cruise jouera dans « Mena » un pilote américain, Barry Seal, qui a travaillé pour le trafiquant tandis que l’acteur colombien John Leguizamo incarnera « Le Patron » dans un autre film. De leur côté, les acteurs espagnols Penelope Cruz et Javier Bardem, mariés dans la vie, reviendront dans « Escobar » sur les mémoires de la journaliste Virginia Vallejo, maîtresse favorite du capo.

Après Pablo, « El Chapo » ?

Cette abondance de sorties est « une curieuse série de coïncidences car l’histoire d’Escobar a toujours intéressé », remarque Tom Nunan. « Quand une star du cinéma interprète un personnage tel que celui-ci, il finit par le glorifier jusqu’à le convertir souvent en icône pop », analyse-t-il.

La fièvre « Escobar » ne réjouit en effet pas tout le monde, notamment en Colombie.

Si le pays a produit plusieurs fictions ces dernières années revenant sur la vie du trafiquant, la série de Netflix a été critiquée. Le choix d’acteurs non Colombiens et leurs accents y a notamment fait rire ou grincer mais c’est surtout le choix du sujet qui a hérissé, le problème de la drogue ayant profondément meurtri et stigmatisé la région.

« Pablo Escobar rapporte de l’argent même mort » et c’est ce qui a pu pousser Netflix à choisir ce sujet, assure Omar Rincon, critique de télévision pour le journal colombien El Tiempo.

Le protagoniste de la série, Wagner Moura, estimait toutefois récemment dans un entretien à l’AFP que « le trafic de drogue est une réalité pour tous les pays latinoaméricains », qui doit donc être racontée.

« La série montre précisément comment cela a commencé, comment (les Etats-Unis) se sont lancés dans cette guerre contre le trafic de drogue », soulignait-il.

Le personnage de Pablo Escobar sera bientôt forcé de se partager les faveurs des projecteurs avec un autre baron de la drogue, le Mexicain Joaquin « El Chapo » Guzman, narcotrafiquant le plus recherché du monde jusqu’à sa nouvelle arrestation vendredi.

La semaine prochaine sort au Mexique le film « El Chapo: El escape del siglo » sur sa spectaculaire fuite en juillet 2015 d’une prison de haute sécurité à travers un tunnel et les rumeurs de longs métrages commencent à agiter Hollywood.

Il y a toutefois assez de place pour plusieurs barons de la drogue aux fortes personnalités sur nos écrans, assure Tom Nunan. L’appétit des spectateurs reste vif, « il n’y a pas de risque de saturer le public ».

AFP

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