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Le MoMa à la Fondation Vuitton : une expérience « stimulante » pour son patron


Paul Signac, Opus 217 (Photo : dr)

Du « Baigneur » de Cézanne  à Jackson Pollock ou au premier Mickey, le MoMa va exposer ses chefs d’œuvre à la Fondation Vuitton à Paris, une expérience « stimulante » selon Glen Lowry, directeur du musée newyorkais engagé dans une profonde transformation.

Plus de deux cents oeuvres extraites des collections de cette référence de l’art moderne seront ainsi présentées (du 11 octobre au 5 mars) sous les voiles de verre de Frank Gehry: peinture, sculpture, architecture, photographie, mais aussi design, cinéma et graphisme. Une conception polyphonique, pluridiscplinaire, présente dès l’origine du musée (créé en 1929) et très nouvelle à l’époque, développée ensuite par Alfred Barr, son premier directeur.

Pour présenter des oeuvres emblématiques du MoMa à Paris, souligne Glen Lowry, « il a fallu penser de façon différente » tant l’architecture lyrique de la Fondation Vuitton et celle franchement rationaliste du MoMa sont elles-mêmes différentes. « Il a fallu jouer avec le bâtiment », résume Quentin Bajac, commissaire de l’exposition et responsable de la photographie au MoMa.

« C’était très stimulant, c’était même une libération dans un certain sens, souligne le directeur du MoMa. C’est excitant de voir des oeuvres qu’on connaît bien dans un contexte différent, avec un public différent ».

A côté des incontournables grands noms comme Dali (« Persistance de la mémoire »), Brancusi (« Oiseau dans l’espace »), Matisse (« Poisson rouge et Palette »), Picasso (« Jeune Garçon au cheval »), Rothko (« No 10 »), Andy Warhol (« Double Elvis »), les visiteurs pourront aussi voir des pièces de Cyndy Sherman, Yayoi Kusama, d’artistes moins connus comme Sherrie Levine ou Rirkrit Tiravanija ou même les Emoji, créés par Shigekata Kurita.

Du temporaire permanent

« Le principe était très clair, explique Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation. Le choix relevait de la responsabilité du MoMa, mais parfois je disais +j’aimerais bien ça+ ». Ainsi « j’ai milité pour avoir « Le Baigneur » de Cézanne parce qu’il établissait une filiation avec Picasso (+Jeune Garçon au cheval+) ». Toucher tous les publics, attirer les visiteurs vers les collections permanentes souvent délaissées: les préoccupations de Glen Lowry ne sont pas très différentes de celles des autres directeurs de musées.

« On fait des expositions temporaires qui coûtent très cher, on dépense beaucoup d’argent pour leur marketing, et bien sûr le public est attiré par elles, explique-t-il, alors que les chefs d’oeuvre de la collection permanente sont souvent encore plus intéressants ». « Notre politique, c’est que notre collection permanente soit une exposition temporaire en permanence. On va changer une partie de la collection tous les quatre mois », dit Glen Lowry, qui a lancé des travaux pour augmenter l’espace d’exposition de près de 5.000 mètres carrés.

Pour lui, « une institution comme le MoMa a l’obligation de s’adresser à tous les publics ». « Je suis spécialement intéressé par les jeunes parce qu’ils pensent différemment, mais on pense aussi aux vieux parce qu’ils ont le temps de visiter ». « Lowry est en train de changer complétement le rapport du MoMa à la rue, à l’immédiateté », assure Suzanne Pagé. « Quelqu’un qui vient au MoMa pour voir les tableaux de Jackson Pollock doit pouvoir aussi découvrir Yvonne Rainer » (chorégraphe et cinéaste), ajoute le patron du MoMa.

Le MoMa a reçu ces dernières années des dons importants, le plus spectaculaire étant celui de David Geffen (100 millions de dollars). « Il n’y a jamais assez d’argent, nous sommes souscapitalisés », affirme Glenn Lowry, en rappelant que le musée ne reçoit pas un centime de l’Etat, de la ville ou du gouvernement fédéral.

Le Quotidien / AFP

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