Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La compagnie Ghislain Roussel représente, cette année, le Luxembourg au festival Off d’Avignon avec La Parure. Le Quotidien est allé à la rencontre de la troupe en Provence.
Ils sont trois cette année, les représentants grand-ducaux qui apparaissent dans le pléthorique programme du festival Off d’Avignon. Il faut bien les chercher, mais parmi les quelque 1 400 pièces figurent Des voix sourdes de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Fabio Godinho au théâtre Le Cabestan, Pit Dahm Trio qui prend part au programme «Têtes de jazz!» à La Manutention et puis, la compagnie Ghislain Roussel qui propose La Parure de Guy de Maupassant, au Présence Pasteur.
Cette dernière, la seule à apparaître officiellement en tant que production grand-ducale, a été envoyée à Avignon par le jury de la Theater Federatioun. Seule en scène dans son décor minimaliste, Ludmilla Klejniak fait des merveilles en tant que narratrice présentant à la troisième personne la triste vie de Mathilde Loisel, Parisienne de la classe moyenne rêvant d’une vie de richesses, mais qui, à la suite d’une mauvaise farce du destin, finira par vivre une vie de nécessiteux. Une bien triste nouvelle de Maupassant que Stéphane Ghislain Roussel met en scène de manière moderne et pertinente, utilisant intelligemment le texte, la musique, les silences, la vidéo et jouant magnifiquement avec les anachronismes.
Une pièce créée en 2013 au Centaure, qui a depuis été présentée à Paris et à Naples, mais «à Avignon, nous sommes des bleus», admettaient en chœur le metteur en scène et la comédienne après leur représentation de dimanche. «C’est une émulation d’être ici, il y a tellement d’artistes, de troupes, de pièces, c’est une expérience hyper-sympa et hyper-formatrice puisqu’on a un panorama assez représentatif de la création théâtrale actuelle», reprend Stéphane Ghislain Roussel qui a aussi profité de sa présence au festival pour rencontrer plusieurs programmateurs.
«On ne connaît pas du tout le système»
«Merci le Luxembourg!, reprend pour sa part Ludmilla Klejniak. Sans son aide, on n’aurait pas pu venir, alors que l’expérience est unique; on joue la pièce 23 fois de suite, avec, à chaque fois, un public très différent, pas comme au Luxembourg, où on connaît parfois la moitié des spectateurs en salle.» Si les débuts ont été un peu difficiles au niveau public – «on ne connaît pas du tout le système», note la troupe – dimanche, les spectateurs étaient une trentaine, sur une jauge de 45. «Là, c’était très bien!», lance la comédienne. À la sortie de la pièce, en tout cas, les commentaires étaient souvent dithyrambiques.
Thierry, Alain et Alexandra, venus de Lyon, avouent avoir apprécié la narratrice, «qui nous a embarqués dans ce récit», mais regrettent quelques longueurs et disent ne pas avoir compris la scène de la danse lascive. «C’est une remarque qu’on a eue plusieurs fois, reconnaît Stéphane Ghislain Roussel. On est un peu étonnés par ces réactions, on pensait le public d’un tel festival un peu plus aguerri à des mises en scène différentes, d’autant que le texte est repris dans l’intégralité. Même si on n’est pas dans l’illustratif, ce n’est pas la création la plus radicale que j’ai faite», ajoute le metteur en scène qui a déjà à son actif Monocle, portrait de S. von Harden et Savannah Bay.
Elle n’est peut-être pas radicale, mais l’esthétique de cette Parure version Ghislain Roussel est clairement particulière. Une richesse quand on sait que sept textes de Maupassant sont présentées cette année dans le Off – «On ne s’y attendait pas», note la comédienne – et que La Parure est également présentée par une autre troupe. La pièce est jouée à Avignon tous les jours à 12 h 30, jusqu’au 30 juillet. Pour ceux qui n’auraient pas la possibilité de se rendre en Provence, elle sera ensuite reprise au théâtre de la Vie, à Bruxelles, en mars 2017. Elle vaut amplement le voyage!
De notre envoyé spécial à Avignon, Pablo Chimienti
