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Le Goncourt attribué à Hervé Le Tellier pour « L’Anomalie »


Ce huitième roman de Le Tellier, bâti comme un savant jeu de construction et au suspense haletant, a pour lui d'avoir déjà convaincu un large public. (photo AFP)

Hervé Le Tellier a remporté lundi le prix Goncourt : son roman s’appelle « L’Anomalie » et ça ne pouvait mieux tomber dans une ère troublée par le Covid, qui a privé les jurés de leur traditionnelle annonce au restaurant Drouant à Paris.

Il a obtenu huit voix contre deux pour L’Historiographe du royaume de Maël Renouard, un des quatre finalistes.
Cette récompense a été décernée par visioconférence, chaque juré étant resté chez lui. Pas de délibérations à table, donc, et pas de bousculade avec les journalistes à l’arrivée du lauréat. Et le Goncourt, tout un symbole, a donc été attribué 48 heures après la réouverture des librairies.

Pour les journalistes littéraires interrogés par le mensuel spécialisé Livres Hebdo, Hervé Le Tellier – 63 ans, mathématicien de formation, ancien journaliste, président de l’association de l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle) – tenait la corde pour le Goncourt.

Ce livre, bâti comme un savant jeu de construction et au suspense haletant, a pour lui d’avoir déjà convaincu un large public. L’Anomalie, huitième roman de son auteur publié chez Gallimard, raconte les suites d’un événement apparemment inexplicable, à savoir qu’un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d’intervalle. Un récit qui convoque avec brio tous les genres, science-fiction, roman noir, récit littéraire classique, procès-verbaux d’interrogatoire, etc.

Adapté à l’écran ?

Didier Decoin, le président du jury, a d’ailleurs suggéré que ce roman devrait connaître une autre vie sous forme de série ou sur grand écran. « C’est vrai qu’il y a une vraie dimension cinématographique. Il y a une arche narrative, comme on dit dans le vocabulaire de la série. Ça ne me déplairait pas de voir ce livre incarné sur l’écran », a admis Hervé Le Tellier par visioconférence.

Marie-Hélène Lafon, pour Histoire du fils, a elle remporté le prix Renaudot, récompense littéraire traditionnellement remise le même jour que le Goncourt.

Mais, Covid ou pas, ce qui ne change pas, c’est que les prix littéraires sont toujours accompagnés d’un petit parfum de soufre. Samedi, le New York Times dénonçait dans une enquête le jeu trouble des jurys littéraires français, où selon le quotidien, la qualité littéraire passe après des conflits d’intérêt flagrants et des intrigues difficilement lisibles pour le grand public. Le Goncourt est moins directement visé que le Renaudot.

Ces deux prix, remis par des jurys bénévoles, ne rapportent rien ou presque à un écrivain : 10 euros pour le premier, 0 euro pour le second. Mais ils constituent des enjeux économiques cruciaux pour les auteurs et éditeurs, car des dizaines voire des centaines de milliers de lecteurs font confiance à ces labels.

LQ/AFP

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