Charb, Cabu ou Tignous devant la caméra ou racontés par leurs amis: le documentaire « L’Humour à mort », projeté au Festival de Toronto (sortie en France le 16 décembre), revient sur les attentats de janvier et rend hommage, en les faisant revivre, aux dessinateurs de Charlie Hebdo assassinés.
« On a le droit de ne pas trouver drôle ou de trouver énervant un dessin, un propos, une parole. Mais on peut répondre par un dessin, un propos, une parole. On n’est pas obligé de déclarer la guerre et d’éliminer physiquement son détracteur », lance Charb, le regard face caméra.
« En cas de pépin, je sais que des gens sont capables de se mobiliser pour la liberté d’expression », dit-il encore. Ces propos, qui trouvent toute leur résonance aujourd’hui, ont été prononcés il y a huit ans par l’ex-directeur de Charlie Hebdo, tué le 7 janvier dans l’attaque au siège du journal qui a coûté la vie à 12 personnes, dont cinq de ses dessinateurs (Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski).
Le documentariste Daniel Leconte avait longuement filmé les dessinateurs en 2007 pour son documentaire « C’est dur d’être aimé par des cons », sorti lors du procès intenté à Charlie Hebdo pour avoir reproduit les caricatures de Mahomet. Il a décidé de leur consacrer un nouveau film, avec son fils Emmanuel, mêlant des images de l’époque et d’autres tournées cette année. « J’avais envie de faire un film hommage. C’était très important de montrer la perte », a expliqué Daniel Leconte à l’AFP, car ces caricaturistes, « c’est un patrimoine ». Le souhait du réalisateur était, « rétrospectivement, pour ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de les aimer pour ce qu’ils faisaient, d’avoir l’opportunité de les apprécier en les retrouvant dans un film ».
Dédié aux victimes de Charlie Hebdo, « L’Humour à mort » (« Je suis Charlie ») démarre le 11 janvier 2015, avec les images des manifestations qui ont vu des millions de personnes descendre dans la rue à Paris et dans le monde entier en réaction aux attentats jihadistes en France début janvier. En tentant d’expliquer les raisons de la tragédie, le film opère un va-et-vient entre ces événements et ceux qui les ont précédés depuis 2006. « Je ne voulais pas commencer par le drame, mais par la résistance le 11 janvier, et traiter tout le reste en miroir », explique Daniel Leconte.
Avec les témoignages des dessinateurs Coco et Riss, du directeur financier du journal Eric Portheault, de l’avocat Richard Malka, du journaliste Antonio Fischetti ou encore du rédacteur en chef Gérard Biard, le film revient ensuite sur les événements tragiques du 7 janvier. Le récit prend une force particulière avec les mots des rescapés comme la dessinatrice Coco, le visage ravagé par les larmes. « J’ai voulu faire un film vite pour opposer leur vérité, leur point de vue à tout ce qui se disait autour », souligne Daniel Leconte.
Le documentaire revient aussi sur la fabrication du numéro post-attentats et les événements qui ont suivi, avec une remise en perspective par les mots des philosophes Elisabeth Badinter ou Soufiane Zitouni. Mais ce sont surtout les images des dessinateurs disparus qui retiennent l’attention ou émeuvent.
Le film, avec nombre de leurs dessins provocateurs, livre leurs explications de leurs choix éditoriaux, mais les montre aussi en trublions chantant dans un karaoké ou encore multipliant les plaisanteries. « Je m’en fous, je suis immortel », lance un personnage sur un dessin de Wolinski. Les témoins y vont ensuite de leur anecdote pour raconter les victimes: « Cabu? Il aimait comme vertu l’enthousiasme », dit Riss. « Tignous? Il nous faisait marrer ».
AFP / S.A.
Bonsoir,
Sauriez-vous reconnaître le grand homme qu’on aperçoit de profil derrière nos fameux dessinateurs ?
Merci pour cet article.
Bien à vous.