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Le cinéma français à la peine à l’étranger


Les productions françaises se vendent plus difficilement à l'export ces dernières années. (illustration AFP)

Faute de locomotives, le cinéma français a attiré deux fois moins de spectateurs dans le monde en 2018, et doit désormais composer avec un marché en pleine évolution.

Le nombre de billets vendus pour les films en langue française et les productions majoritairement françaises s’est établi à 40 millions, deux fois moins que l’année précédente, et les recettes ont aussi été divisées par deux à 237 millions d’euros. Résultat : le cinéma français retrouve à l’export son niveau de 2016 et se porte désormais mieux dans ses frontières (77 millions de billets vendus) qu’en dehors.

En 2018, le plus gros succès de fréquentation à l’étranger est Taxi 5, avec 2,44 millions de billets vendus. Mais le film ayant généré le plus de recettes est Le Sens de la fête d’Olivier Nakache et Eric Toledano, le duo d‘Intouchables récompensé pour leur contribution au rayonnement du cinéma français. Leur film a réalisé 1,67 million d’entrées dans le monde, suivi par La Ch’tite famille de Dany Boon, Belle et Sebastien 3 et Croc Blanc. Ces cinq films ont représenté à peine plus du quart des entrées (27%) en 2018, selon les chiffres d’Unifrance.

Succès de l’animation et du documentaire

La comédie est le genre fétiche à l’export, mais l’animation et le documentaire tirent leur épingle du jeu, comme le prouve le succès de Visages, villages de JR et Agnès Varda ou l’intérêt outre-Atlantique pour Maria by Callas. Le bilan comptable globalement décevant avait été anticipé par Unifrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français à l’étranger. « Les films qui tirent le fréquentation vers le haut sont souvent des films Europacorp, réalisés ou produits par Luc Besson », rappelle son président Serge Toubiana. Sans Taken, Lucy ou Valérian (30 millions d’entrées dans le monde pour ce film sorti en 2017) – des films de l’escarcelle Besson – « on revient à un chiffre correspondant au socle de fréquentation du cinéma français à l’étranger ».

L’absence de films d’action en langue anglaise, a également pesé sur la fréquentation en Asie, qui tombe au 5e rang des zones d’exportation, loin derrière, dans l’ordre, l’Europe occidentale, l’Amérique latine, l’Europe centrale et orientale et l’Amérique du Nord. A cela s’ajoute un contexte difficile en Chine, pays pourtant au fort potentiel. En dehors du succès du Jeune Karl Marx (450 000 entrées contre 176 000 en France), l’heure est à la restriction pour les films non-chinois, qui souffrent d’une réglementation en leur défaveur.

Des suites pour les gros cartons

Malgré ces aléas, « la demande pour le cinéma français est toujours aussi forte », affirme Serge Toubiana, avec quelque 665 films vendus à l’étranger en 2018 dont six films ayant rassemblé plus d’un million de spectateurs (contre sept l’an dernier). L’année 2019 s’annonce prometteuse avec des comédies très attendues : la suite de Qu’est qu’on a fait au bon Dieu ?, celle des Petits mouchoirs (Nous finirons ensemble) et le retour de Tanguy, l’éternel adolescent qui vit chez ses parents.

La carrière de plusieurs films sortis fin 2018 devrait également prospérer à l’étranger, comme Astérix – Le secret de la potion magique ou L’empereur de Paris avec Vincent Cassel dans le rôle de Vidocq. A cela, s’ajoute le retour d’auteurs prisés des festivals tels qu’Olivier Assayas avec Doubles vies, sorti mercredi en France, et François Ozon avec Grâce à Dieu, présenté en février à la Berlinale.

Évolution des salles, développement des plateformes de streaming… Dans ce marché en pleine mutation, « on est en train de s’inventer un nouveau modèle d’exportation », indique Serge Toubiana, insistant sur la nécessité de rester « actif » avec les petites plateformes numériques essaimant un peu partout dans le monde.

LQ/AFP

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