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Le blogueur Raef Badaoui obtient le prix Sakharov


Le blogeur saoudien Raef Badaoui, le 16 janvier 2015. (Photo : AFP)

Le blogueur saoudien Raef Badaoui, emprisonné et condamné à la flagellation dans son pays pour «insulte» envers l’islam, a obtenu jeudi le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté d’expression, décerné par le Parlement européen qui a appelé à sa libération «immédiate».

Emprisonné depuis 2012, M. Badaoui a «courageusement exprimé ses idées et ses doutes sur les règles de son pays» et «s’est battu pour la liberté de tous les Saoudiens», a souligné dans un communiqué le président du Parlement européen, Martin Schulz, pour expliquer ce choix.

Cet homme «courageux et exemplaire» est soumis à une «peine cruelle (…) que l’on ne peut objectivement que qualifier de torture», a ajouté M. Schulz.

«Je demande au roi d’Arabie Saoudite de grâcier et libérer immédiatement M. Badaoui, pour qu’il puisse venir chercher son prix» lors d’une cérémonie prévue le 16 décembre à Strasbourg, a plaidé le président du Parlement devant les eurodéputés réunis à Strasbourg. Ceux-ci se sont levés et ont longuement applaudi la décision prise un peu plus tôt par les chefs de file de leurs groupes politiques.

Depuis le Canada, où elle est réfugiée, l’épouse du lauréat s’est déclarée «très heureuse». La décision des parlementaires européens est «un message d’espoir et de courage», et le signe que «Raef n’est pas coupable», a dit à l’AFP Ensaf Haidar, qui vit près de Montréal avec ses trois jeunes enfants.

Pour la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), cette décision doit contribuer à «réveiller les diplomaties européennes» et les amener à plus de fermeté envers Riyad. «Ce geste fort du Parlement européen met en lumière les faiblesses et inconsistances des diplomaties européennes en matière de droits de l’homme en Arabie saoudite», a-t-elle noté dans un communiqué.

Nouvelle flagellation imminente ?

Pour décerner son prix Sakharov 2015 – qui récompense la «liberté de l’esprit» et est parfois considérée comme l’équivalent européen du Prix Nobel de la Paix -, le Parlement européen a préféré Baef Badaoui à deux autres nominés: une coalition d’opposants politiques au Venezuela et l’opposant russe assassiné Boris Nemtsov, dont le nom avait été cité à titre posthume.

Animateur du site internet Liberal Saudi Network, M. Badaoui a été condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant 20 semaines pour «insulte à l’islam». Le condamné avait subi une première séance de flagellation le 9 janvier, mais les suivantes avaient été repoussées, d’abord pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés.

Mardi, son épouse avait toutefois indiqué craindre qu’il ne subisse une nouvelle séance de flagellation dans les tout prochains jours.

Le prix Sakharov, attribué tous les ans depuis 1988 par le Parlement européen, récompense des personnalités ou des collectifs qui se sont illustrés dans la défense des droits de l’Homme. Doté de 50.000 euros, il avait été octroyé l’an dernier au médecin Denis Mukwege, qui soigne les femmes victimes de violences sexuelles dans l’est de la République démocratique du Congo.

En 2013, il avait été décerné à la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, choisie pour son combat en faveur du droit à l’éducation – elle obtint ensuite, en 2014, le Prix Nobel de la Paix.

Le Prix Sakharov tire son nom d’Andreï Sakharov, un physicien russe qui a reçu le prix Nobel de la Paix en 1975 pour son travail de défense des droits de l’Homme et de prévention des dangers de la course à l’arme nucléaire. Son premier lauréat, en 1988, fut Nelson Mandela, alors encore emprisonné en Afrique du Sud.

AFP/M.R.

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