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L’Autorité européenne blanchit provisoirement le Bisphénol A, au bénéfice du doute


L’exposition au Bisphénol A « aux niveaux actuels » « ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs », même si de nombreux doutes restent à tirer au clair, a tranché mercredi l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments, mettant la France en porte-à-faux.

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Le Bisphénol A est la cible de nombreux soupçons sanitaires. (Photos : AFP)

L’Agence oppose ainsi une fin de non-recevoir aux partisans d’une prohibition de cette substance, considérée comme un perturbateur endocrinien. En première ligne, la France a généralisé depuis le 1er janvier l’interdiction à tous les contenants alimentaires de cet antioxydant et plastifiant, déjà banni des biberons européens depuis 2011. A l’issue d’une « réévaluation complète » lancée en 2012, l’Agence (Efsa) préconise certes de diviser par douze le seuil de sécurité pour l’exposition humaine. Mais l’exposition humaine réelle au Bisphénol A, également présent notamment dans des tickets de caisse, est « de trois à cinq fois inférieure » à ce nouveau « niveau sans danger », selon l’Efsa. Ce nouveau seuil, ou « dose journalière tolérable » (DJT), doit être ramenée à 4 microgrammes (mg) par kilo de poids corporel contre 50 mg actuellement, recommande-t-elle.

L’Agence pointe aussi des « incertitudes sur les effets sanitaires potentiels du BPA sur la glande mammaire ainsi que sur les systèmes reproductif, métabolique, neurocomportemental et immunitaire », et ses effets indésirables possibles à haute dose « pour les reins et le foie ». Ces effets, ainsi qu’une possible incidence sur le développement de cancers, notamment du sein, « sont considérés comme peu probables mais n’ont pas pu être exclus ». Le BPA « pourrait aussi avoir des effets sur la glande mammaire chez les animaux ».

> Plus de données dans deux à trois ans

Mais l’Agence assure avoir intégré tous ces doutes dans son évaluation du nouveau DJT, et prône la patience pour tirer l’affaire au clair. Elle renvoie notamment aux résultats, attendus « dans deux à trois ans », d’une étude menée dans le cadre du programme national de toxicologie des États-Unis.

Dans un rapport intermédiaire en janvier 2013, l’Efsa se montrait plus prudente, jugeant que le BPA pouvait être nocif, même s’il présentait un risque sanitaire « faible » au vu des taux réels d’exposition. Elle a entretemps mené une consultation publique en ligne pour finaliser son opinion. La Commission européenne a indiqué qu’elle allait « évaluer » cet avis en vue de « possibles » mesures additionnelles pour actualiser la réglementation. L’Association européenne de l’industrie plastique a exprimé sa satisfaction. L’avis de l’Efsa concorde « avec les évaluations d’organes gouvernementaux à travers le monde », a-t-elle jugé dans un communiqué, appelant dans la foulée à une annulation des « restrictions françaises disproportionnées ».

D’autres États membres, Danemark, Belgique et Suède, ont aussi imposé des restrictions nationales à l’usage du BPA au delà des règles européennes. La Commission a précisé qu’elle « considérera si ces mesures sont appropriées » au vu de l’avis rendu par l’Efsa et si elles respectent les règles européennes sur la libre circulation des marchandises. La députée européenne française Michèle Rivasi, du groupe des Verts, a pour sa part dénoncé une « expertise caricaturale », qui « inflige un camouflet à l’Anses », le gendarme sanitaire français. « Pour ne pas défavoriser l’industrie, l’Efsa fait le tri dans les études scientifiques, et n’applique pas le principe de précaution en faveur des citoyens », s’est indignée Mme Rivasi, interrogée par l’AFP. L’Efsa prend acte dans son avis de son désaccord avec son homologue française, attribué à une différence de méthodologie dans la prise en compte des données existantes.

AFP


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