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La sortie du mercredi : « Focus »


Avec un Will Smith toujours en tombeur autosatisfait, les réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa signent leur troisième film : Focus. Un film bancal entre romance et polar.

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Will Smith et Margot Robbie : un duo de choc… et de charme. (Photos DR)

À en croire l’intention, ce devait être une fête. En effet, avec un budget plus que confortable (100 millions de dollars), le duo de réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa avait de quoi bosser dans l’aisance et la créativité. Mieux : pour Focus, leur troisième film, les deux réalisateurs ont même pu compter sur une superstar, Will Smith, 46 ans et quelques succès ciné XXL au compteur, et une belle jeune et prometteuse comédienne Margot Robbie (on l’a vue dans The Wolf of Wall Street et on la reverra en Jane dans Tarzan de David Yates en été 2016).

Le synopsis de ce Focus est tout simple : la relation entre un arnaqueur professionnel et une apprentie criminelle vient perturber les affaires de chacun, quand ils se recroisent quelques années après leur première rencontre. « Voilà, et avec ça, vous tournez un film », a sûrement dit la production au duo Ficarra-Requa. Un film qui, lors de sa sortie outre-Atlantique, a d’emblée dépassé Fifty Shades of Grey

Sur l’écran, on voit bien que Glenn Ficarra et John Requa ont fait de leur mieux. Qu’eux, les scénaristes de métier, ils ont beaucoup regardé la série Ocean’s. D’ailleurs, on les avait remarqués pour leurs deux précédents films : I Love You Phillip Morris (2010, avec l’impayable Jim Carey et Ewan McGregor) et Crazy, Stupid, Love (2011 avec Julianne Moore, Steve Caroll et Ryan Gosling. Mais là, on doute : où est passée la maîtrise qui permet de boucler correctement un long métrage ?

> « Tu m’as regardé ? Tout le monde me connaît ! »

L’équipe du film a pourtant été conseillée par le « consultant » et arnaqueur professionnel Apollo Robbins, surnommé le « gentleman cambrioleur », qui raconte avoir un jour dépouillé les agents du Secret Service de la Maison-Blanche, préposé à la protection du président américain. « Maintenant que j’en sais plus sur les pickpockets, je comprends pourquoi on m’a volé tant de fois des choses. Je suis la cible parfaite. Je marche avec mon sac ouvert en regardant le ciel, je ne fais pas attention », raconte Margot Robbie, tornade blonde australienne de 24 ans.

Will Smith se souvient même que, sur le tournage, Apollo Robbins a voulu le pousser à se mettre dans la peau d’un vrai voleur. « Il m’a dit : Je veux que tu fasses l’expérience de ce sentiment. Alors tu vas entrer dans cette boutique et tu vas voler quelque chose. On va le rendre, c’est juste pour que tu aies la sensation. Je lui ai répondu : Mais tu m’as regardé ? Tout le monde me connaît! » « C’est une chose de savoir comment on fait, c’est terrifiant de passer à l’acte », renchérit Margot Robbie.

Le film fait aussi allusion aux nouvelles formes d’arnaques, celles orchestrées par les pirates informatiques, moins risquées et potentiellement beaucoup plus lucratives. Dans cette histoire d’escroquerie, mâtinée d’intrigue amoureuse, on a encore et toujours un Will Smith qui interprète la même partition, celle du tombeur autosatisfait. « Focus a une manière géniale de parler du besoin d’authenticité et d’ouverture pour créer un environnement propice à l’amour, et ce personnage bataille avec ça », a encore expliqué l’acteur.

On ajoutera que Focus est découpé en deux parties – la première ayant pour décor La Nouvelle-Orléans et la seconde l’Argentine – et qu’il balance entre histoire d’amour et film policier en ne réussissant jamais à choisir la romance ou le polar. On sent bien qu’un déclic, un tout petit déclic, aurait pu faire basculer le film de Ficarra-Requa dans le fréquentable : ont-ils voulu, inconsciemment, montrer que chez les réalisateurs, il y a aussi des escrocs ?

Mais, avouons-le, après The Grifters de Stephen Frears sorti en 1991 et surtout The Sting de George Roy Hill avec le duo Robert Redford- Paul Newman en 1973, Hollywood tourne encore et encore des longs métrages sur le thème de l’escroquerie. C’est sans génie, sans inventivité. Et, sortant de la salle, c’est bien le spectateur qui éprouve l’étrange sensation de s’être fait escroqué…

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan

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