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« La Rançon de la gloire » : au nom de Charlot (Vidéo)


« La Rançon de la gloire » de Xavier Beauvois : entre rire et larmes, comme Charlot…

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L’idée lumineuse d’Eddy (Benoît Poelvoorde) et Osman (Roschdy Zem) ? Voler le corps de Charlot, rien de moins. (Photos : DR)

L’histoire vraie de l’enlèvement du cercueil de Charlie Chaplin sert de prétexte à une comédie douce-amère signée Xavier Beauvois et portée par Benoît Poelvoorde et Roschdy Zem, un duo de pieds nickelés inventifs et farfelus. La Rançon de la gloire revient en effet sur un fait divers qui défraya la chronique à la fin des années 70 : l’enlèvement, par deux réfugiés d’Europe centrale, du cercueil de Charlie Chaplin dans le cimetière du petit village suisse de Vevey, sur les bords du lac Léman.

À peine sorti de prison, Eddy (incarné par Benoît Poelvoorde) retrouve son ami Osman (Roschdy Zem). Tous deux ont conclu un pacte : Osman accepte d’héberger Eddy dans son cabanon si ce dernier s’occupe de sa fille de sept ans pendant l’hospitalisation de sa mère. C’est la période des fêtes et Eddy est frustré de ne pas pouvoir offrir à son ami et à sa fille le Noël qu’ils méritent. De son côté, Osman se désespère de ne pouvoir payer les frais d’une opération dont sa femme a besoin. À la télévision, on annonce la mort du grand Charlie Chaplin…

Il vient alors une idée folle à Eddy : pourquoi ne pas voler le corps de l’acteur mythique du Dictateur, mais aussi de Une vie de chien, et demander rançon à sa famille ? Avantage d’enlever un cadavre : nul besoin de le surveiller ou de le nourrir. Lumineux. « En revoyant pour la énième fois Limelight de Chaplin, je me suis souvenu qu’on avait enlevé son cercueil pour demander une rançon et je me suis dit : « C’est un film ! » », expliquait Xavier Beauvois à la dernière Mostra de Venise, où le film était présenté en compétition officielle.

> Charlot, « l’ami des sans-abris, des pauvres »

« J’ai pensé aussi à la comédie italienne pour transformer cette histoire assez sordide en un conte où Chaplin serait un génie, comme Aladdin, qui exaucerait des vœux », a ajouté le réalisateur de Des hommes et des dieux, primé à Cannes en 2010. Xavier Beauvois s’est inspiré très librement de ce faits-divers et indique n’avoir travaillé qu' »à partir de (ses) souvenirs ». « Ce sont donc finalement moins des faits que des lieux ou des détails qui ont trouvé place dans le film », indique-t-il.

Le duo de branquignols Poelvoorde-Zem fonctionne à merveille dans cette tragicomédie qui est un hommage à Charlot, « l’ami des sans-abris, l’ami des pauvres », comme dit Eddy à son ami pour justifier leur forfait. Le film est également servi par la très belle musique de Michel Legrand qui mêle avec lyrisme ses notes à celles des films de Charlot.

Plusieurs scènes ont été tournées au Manoir de Ban, en Suisse, où l’acteur passa les 24 dernières années de sa vie. « Je me souviens de cette époque pas très sympathique. (…) Quand on a retrouvé le cercueil de mon père dans un champ, à la lisière d’une forêt, au bord d’un canal, c’était absolument magnifique. Du coup, on a presque regretté qu’on l’ait retrouvé », a déclaré de son côté Eugène Chaplin, le fils de Charlie Chaplin, qui était lui aussi présent à Venise pour accompagner le film.

Le Quotidien

 

« La Rançon de la gloire », de Xavier Beauvois. Actuellement à l’Utopia (Luxembourg).