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Instantanés de la rue


(Photo :dr)

Documenter l’histoire ou immortaliser un instant singulier : la photographie dite «de rue» se révèle au Lëtzebuerg City Museum, à travers une intéressante compilation, des années 1950 à nos jours.

Quelque 200 clichés principalement issus des collections de la Photothèque de la Ville de Luxembourg rappellent certains grands noms – et d’autres en devenir – de la photographie au pays,
montrent une capitale en perpétuelle évolution sur sept décennies, et précisent toute l’importance de ce regard urbain, à la fois conteur d’histoires et mémoire collective. Découverte.

Avec «Leit an der Stad», au Lëtzebuerg City Museum, le photographe se pose en promeneur voyeur, appareil léger et rapide en main (Leica). Randonneur solitaire au pas léger et à l’œil aiguisé. Arpenteur des rues aux mille histoires. Ici, l’appareil devient l’outil privilégié du flâneur, qui effleure le paysage urbain et immortalise le quotidien.

Qu’ils se soient fait un nom des années 50 aux années 70 (Pol Aschman, Batty Fischer, Édouard Kutter, Théo Mey, Marcel Tockert, Marcel Schroeder ou encore Tony Krier) ou qu’ils soient contemporains (comme ceux appartenant au collectif Street Photography Luxembourg), tous ont la même obsession : souligner le détail, saisir le «moment décisif», capter l’essentiel de l’espace et du temps…

«C’est leur ville, leur histoire», lâche la conservatrice Anne Hoffmann devant les quelque 200 clichés principalement issus des collections de la Photothèque, mais provenant également du Lëtzebuerg City Museum et de fonds privés. Après un début didactique, l’ensemble se divise en différentes thématiques, chères aux photographes d’aujourd’hui et de jadis : le flâneur, donc, les commerces, le monde du travail, le va-et-vient, les activités de loisir, les fêtes et traditions…

«Prendre son temps»

On remonte aux années 50, découvre que les traditions ont la peau dure (fête de l’octave, Schueberfouer, Emaischen…), traverse les rues désormais bien changées, comme certaines enseignes, heureusement – le Palais des Chemises, la Pharmacie des Nègres. Des œuvres, principalement en noir et blanc, qui nécessitent «de prendre du temps pour les appréhender», afin de dénicher l’anecdote ou admirer le talent de certains maîtres nationaux de la discipline (Édouard Kutter, Pol Aschman).

Autre «personnage» présent dans la sélection : la capitale qui, au fil des décennies, devient plus dynamique, plus internationale, avec ses profondes mutations architecturales et sa population multinationale «agitée». Révolution dont témoigne Christof Weber en posant son appareil, de jour comme de nuit, devant la gare de Luxembourg, d’abord en 2001, puis en 2017…
Dans une volonté de présenter différentes formes artistiques, le Lëtzebuerg City Museum conclut cet intéressant – et réussi – florilège avec des regards modernes, plus singuliers (Marc Wilwert, Paulo Lobo, François Besch…). Du coup, la ville se dépouille soudainement de son tumulte et place l’Homme au milieu de son environnement, autre flâneur solitaire qui développe là sa propre dynamique.

Grégory Cimatti

Lëtzebuerg City Museum –
Luxembourg.
Jusqu’au 31 mars 2019.

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