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Il n’a vécu que de la nature dans une grande ville américaine


Rob Greenfield n'a mangé pendant un an que ce que la nature a bien voulu lui donner, comme ces papayes, ou même du cerf retrouvé mort au bord de la route (Photo : AFP).

L’Américain Rob Greenfield a choisi un mode de vie radical pendant un an : il n’a vécu que de ce que la nature lui a offert en vivant à Orlando, une ville de Floride de 2,5 millions d’habitants.

Rob Greenfield se déplace beaucoup en auto-stop. C’est l’une des techniques qu’il a adoptées pour réduire son empreinte environnementale. Une autre est plus radicale : depuis un an, il n’a pas dépensé un centime pour de la nourriture. Il ne s’alimente que de ce qu’il peut faire pousser lui-même dans un jardin, pêcher ou de ce qu’il récupère le long des routes. Car oui, les animaux morts retrouvés au bord de l’autoroute sont aussi une option pour cet activiste de 33 ans.

Son défi prend fin le 10 novembre : en résumé, ne vivre que de ce qu’il peut trouver dans la nature. Ou plutôt dans la ville d’Orlando, capitale des parcs d’attractions dont l’aire urbaine compte quelque 2,5 millions d’habitants, choisie par Rob Greenfield pour son climat tropical.

« Cette année, j’ai fait pousser ou récupéré 100 % de mon alimentation. Pas de supermarché, pas de restaurant, pas de bière au comptoir d’un bar », a raconté Rob Greenfield. « La nature a été mon jardin, mon garde-manger et ma pharmacie. »

Une ferme urbaine

« Je veux inspirer les gens », explique celui qui a documenté toute son aventure dans des vidéos postées sur YouTube. « Les inciter à questionner leur nourriture, à changer leur régime alimentaire, à cultiver leurs propres aliments, à soutenir les agriculteurs locaux et à manger d’une façon qui soit meilleure pour la planète, nos communautés et nous-mêmes. »

Pendant une année, lui qui vit pieds nus (« Je pense que les pieds fonctionnent tout à fait bien », dit-il) a habité une petite maison dans le jardin d’un propriétaire qui l’avait autorisé à y vivre pour mener à bien son projet. Autrefois bien taillé, cet espace est aujourd’hui transformé en ferme urbaine où poussent papayes, bananes, patates douces, aubergines et concombres. Il s’y est construit une cuisine à l’air libre, où il conserve le miel produit par ses quatre ruches.

À côté des toilettes, il range les feuilles veloutées d’une plante, qui font office de papier hygiénique : « C’est plus doux que tout ce que vous pouvez acheter en magasin », affirme-t-il. Pendant l’interview, il déguste du cerf dans un bol, assaisonné à l’ail, poivre, coriandre, aneth et cuit dans du lait de coco. Il a trouvé l’animal sur une route du Wisconsin, où il a passé des vacances. Et il termine son repas avec des feuilles de moringa, aux nombreux bienfaits médicinaux. Et pour le sel? « Je récupère de l’eau de l’océan. Je remplis un pot ou une carafe, puis je la mets sur un réchaud pour la faire bouillir et s’évaporer. Cela donne du bon sel », explique-t-il.

«Je crois en une vie humble»

Sa décision de mener « une vie simple », il l’a prise en 2011. Avant cela, il vivait « une vie d’Américain plutôt classique (…) avec l’objectif d’être millionnaire à 30 ans ». En 2014, il a dissous son entreprise de marketing. Il s’est ensuite fait connaître en 2016 avec un autre projet choc : marcher à travers New York en portant toutes les ordures qu’il produisait, afin de sensibiliser les Américains à la quantité de déchets générés.

Visant toujours à inciter les gens à vivre de manière durable, il ne sait pas quel sera son prochain défi. Il souhaite en tout cas voyager à travers le monde. Il vit aujourd’hui uniquement de ce que lui rapportent ses livres ou ses conférences, même s’il participe souvent à des événements sans réclamer d’argent. Cette année, il a gagné 9 760 dollars. L’année précédente, c’était 8 000. Le seuil de pauvreté pour un individu seul est de 13 000 dollars aux États-Unis.

Rob Greenfield dit qu’il reverse la plupart de ce qu’il gagne à des ONG, car il ne souhaite pas que sa popularité – acquise notamment grâce à de nombreux articles de presse – le rende riche. « J’ai inventé un système pour m’aider à ne jamais perdre mes bonnes intentions. Je crois en une vie humble et je ne pense pas qu’il soit possible de vivre humblement avec beaucoup d’argent. »

LQ/AFP