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Hacker, c’est un vrai job !


Les hackers forment une tribu virtuelle planétaire… Portrait de ces « geeks pas comme les autres ».

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La nébuleuse Anonymous est devenue une plateforme politique avec des objectifs d’envergure tels que la lutte contre la censure et la corruption. (Photo : AFP)

« Les gens pensent que les hackers sont des asociaux qui vivent dans un grenier. Ce n’est pas vrai du tout », dit Nico Sell, organisatrice de DEF CON, la plus grosse convention de hackers dont la 23e édition aura lieu en août à Las Vegas. « Pour être bon, il faut comprendre comment la société et les gens fonctionnent. Ce sont des geeks, mais pas des geeks comme les autres », ajoute la cofondatrice du service de messagerie cryptée Wickr.

Les tribus, dont les plus connues s’appellent Anonymous, LulzSec ou Lizard Squad, se divisent en deux groupes : les « chapeaux blancs », qui utilisent leurs talents avec de bonnes intentions, et les « chapeaux noirs », les pirates informatiques qui les détournent pour espionner ou voler. Ils se racontent leurs exploits et échangent leurs tuyaux dans des forums comme DEF CON ou sur des chats internet comme 4Chan, indique Gabriella Coleman, spécialiste de cette communauté à l’université McGill de Montréal.

« On peut parler de communauté », dit l’auteure de Hacker, Hoaxer, Whistleblower, Spy : The Many Faces of Anonymous (Hacker, faussaire, lanceur d’alerte, espion : Les nombreux visages d’Anonymous) sorti en novembre. « D’abord, ils ont un savoir-faire : ils construisent ou piratent. Et la technologie est tellement complexe que vous devez compter sur l’aide des autres pour que les choses soient faites sérieusement », dit-elle.

Dans des groupes comme celui d’Anonymous, les exploits informatiques sont révérés, mais s’en vanter pour la gloire personnelle est détesté, explique Gabriella Coleman. L’étiquette de cette tribu virtuelle veut qu’on ne se proclame pas « pirate », on est reconnu pirate par les autres, dit-elle.

Utiliser l’humour, faire des farces et même en intégrer dans des codes source, sont aussi monnaie courante. « Ils adorent l’intelligence, le savoir-faire, c’est un marqueur qui les définit et qui les réunit », ajoute-t-elle.

En revanche, être un informateur est méprisé. DEF CON a ainsi depuis longtemps lancé un jeu, « Spot the Fed » (Trouve le flic fédéral), qui récompense ceux qui arrivent à débusquer les policiers infiltrés dans les rassemblements. Travailler dans une entreprise de sécurité informatique n’est pas dénigré, mais faire du mauvais boulot l’est. Les hackers ont le savoir-faire élitiste.

Anonymous rassemble des gens de tous horizons, dont certains n’ont rien à voir avec le hacking mais qui twittent, font des vidéos ou organisent des manifestations. « Ce sont des gens dont les parcours, les origines sociales ou ethniques sont divers, avec la règle scrupuleusement appliquée de ne pas chercher la gloire ou la reconnaissance personnelle », dit encore Gabriella Coleman.

> L’éthique du hacker

La chercheuse fait remonter le groupe à 4Chan, où des liens se sont tissés entre hackers en entrant dans les systèmes, en lançant des « trolls » (polémiques) ou en militant. « C’est un peu comme s’ils avaient fait la guerre ensemble », dit-elle.

La nébuleuse Anonymous est devenue une plateforme politique avec des objectifs d’envergure tels que la lutte contre la censure et la corruption, ou pour le respect de la vie privée. « Anonymous était connu pour mettre la pagaille, maintenant, il est plus célèbre pour son militantisme », ajoute Gabriella Coleman.

Le groupe s’est fait une réputation en combinant son expertise informatique à un talent très hollywoodien de se présenter, les visages dissimulés sous les masques de Guy Fawkes, un personnage tiré d’une BD devenue film, V pour Vendetta. Les hackers agissent souvent en groupes, avec des surnoms tels que « ninjas ». Mais ils sont plutôt généreux de leur talent en aidant aussi bien à créer des jeux qu’à pirater une grande entreprise pour montrer les failles de son système informatique.

Les hackers de DEF CON ont pour éthique de ne pas faire de tort sans raison. Ils laissent d’ailleurs du temps aux fabricants de logiciels pour réparer les failles de leurs systèmes avant de les rendre publiques. « Les hackers ne suivent pas toujours les règles, mais cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas d’éthique », détaille Nico Sell.

Zigne de l’intérêt pour cette tribu virtuelle, l’adresse du siège de Facebook à Menlo Park en Californie y fait même référence : « One, Hacker Way » (1, chemin du Hacker).

Le Quotidien (avec AFP)


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