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Greg Lamy Quartet : «plus moderne, rock, funk et groove»


Voilà douze ans que Greg Lamy (2e à partir de la droite) s'est entouré de Jean-Marc Robin, Gaultier Laurent et Johannes Müller pour son quartet. (Photo : Paulo Lobo)

Le Greg Lamy Quartet est de retour dans les bacs, quatre ans après son dernier album, avec Press Enter, neuf compositions originales pour près d’une heure de musique de jazz électrique.

C’est ce samedi soir, lors de la release party programmée aux Rotondes, que sort officiellement Press Enter, un album instrumental qui propose une vaste palette d’impressions et d’atmosphères jazzy aux influences multiples. Un grand plaisir d’écoute.

Quatre ans après Meeting, vous sortez le quatrième album de votre quartet, intitulé Press Enter. Que se cache-t-il derrière ce message?

Greg Lamy : Oh, rien! (il rit) Ça peut effectivement sembler énigmatique pour les gens, mais en fait c’est simplement le titre d’un des morceaux de l’album. Après, c’est vrai que ça peut vouloir dire beaucoup de choses, ça peut inviter les gens à écouter ce qu’on a fait. Mais bon, chacun interprétera ça à sa manière.

Si on regarde les titres des albums du quartet, on voit que ça a commencé par une question : What Are You Afraid of?, puis c’est devenu une affirmation (I See You). Meeting était une proposition de rencontre, tandis qu’avec Press Enter, on est dans l’ordre, dans l’obligation. Y a-t-il quelque chose à comprendre?

Je n’y ai jamais pensé, tiens! Mais oui, c’est vrai. Il y a peut-être une suite, une logique, mais inconsciente alors. Disons plutôt que les quatre albums représentent une suite logique de l’évolution du quartet. Je trouve qu’on a beaucoup évolué ces douze dernières années. On a commencé de manière acoustique et maintenant nous sommes plus modernes, pus électriques. Ce Press Enter, c’est donc plus une invitation qu’on fait aux gens pour qu’ils nous écoutent différemment.

Meeting, il y a quatre ans, a été le premier publié par le label belge Igloo Records. Est-ce que le quartet a encore changé depuis lors?

Il y a une évolution, c’est clair, mais encore une fois, ça entre dans une suite assez logique. Là je joue avec une guitare électrique, alors que pour Meeting, je jouais avec une guitare semi-acoustique. Il y a quatre ans, on n’avait pas de son saturé, alors que nous utilisons désormais tout une palette d’effets. Et si le label a bien voulu me resigner, c’est, entre autres, parce qu’il y a une énorme différence entre Meeting et Press Enter. C’est plus moderne, plus rock, plus funk, plus groove. Et les retours qu’on a eus remarquent justement cette évolution, les nouvelles inspirations. On est donc contents.

Votre musique est entièrement instrumentale, alors, vos morceaux, que racontent-ils?

Pour moi, ce sont des états d’esprit, des sensations… Après il y a aussi des morceaux qui naissent simplement en salle de répétition, pendant des exercices, pendant une recherche de nouveaux sons, de nouvelles harmonies… Press Enter, par exemple, est issu d’une idée qui m’est passée par l’esprit quand j’ai écouté Kurt Rosenwinkel à Paris, il y a un an. J’ai trouvé son son et celui du bassiste qui l’accompagnait vraiment très chouettes et je me suis inspiré de ça. Un musicien est constamment en train d’écouter ce que font les autres à la recherche de nouvelles idées. C’est normal. C’est une base pour travailler un nouveau son et évoluer.

Une invitation qu’on fait aux gens pour qu’ils nous écoutent différemment

Ces dernières années, on vous a beaucoup vu en duo, surtout avec Paulo Simoes et Marco Massa. Qu’est-ce qui vous pousse à revenir à la formation quartet?

Je n’ai jamais délaissé le quartet. Je ne suis donc pas « revenu » au quartet, j’ai toujours eu le quartet. Ce qui n’empêche pas effectivement d’autres projets, avec Marco Massa ou avec Ernie Hammes à la trompette. Quand on est musicien, il faut avoir différents projets. J’ai des idées qui passent mieux en duo ou en trio qu’en quartet. À l’inverse, les morceaux écrits pour Press Enter ont été composés spécifiquement pour le quartet et son son particulier, saturé, avec la batterie, la contrebasse et le saxophone. Voilà, c’est ça : Press Enter, par rapport aux précédents albums, est beaucoup plus spécifique au quartet.

En tout cas, en écoutant l’album, si on ne vous connaît pas, on ne devine pas que vous êtes avant tout guitariste. La guitare est bien sûr très présente, mais pas du tout mise en avant par rapport au saxo, à la batterie et à la contrebasse. Vous avez dit lors d’une interview que vous ne vous considériez pas comme un guitariste, mais comme un musicien qui joue de la guitare. Qu’est-ce que ça veut dire?

Ça veut dire exactement ça. Mon instrument est la guitare, donc, quand je transpose des partitions d’autres instruments, je le fais à la guitare, mais après, je n’écris pas pour moi, j’écris pour un band. Et puis, même, j’ai beau écrire, après quand on répète ensemble, Jean-Marc Robin, le batteur, Gaultier Laurent à la contrebasse et Johannes Müller au saxophone ont clairement leur mot à dire. On est un quartet, on est donc tous impliqués là-dedans.

Justement, Johannes, Jean-Marc et Gaultier, qu’ont-ils de plus que les autres?

Ça fait douze ans qu’on joue ensemble – avec Johannes, ça fait même quinze ans –, on se connaît donc vraiment très bien, on n’a donc plus besoin de trop parler pour se comprendre. Quand je leur propose une idée, ils savent tout de suite où je veux en venir. Et chacun fait attention aux autres. J’ai entièrement confiance en eux et eux en moi.

Qu’avez-vous prévu pour la release de ce samedi aux Rotondes?

On va présenter les différents titres présents dans le CD, mais comme c’est du live, ils vont être un peu différents de ce qu’on entend dans l’album. Sur scène, on prend plus de risques, on va se permettre de faire des intros différentes, des impros, etc. L’atmosphère sera donc différente.

Sur votre site internet, on peut voir qu’il y aura plein d’autres « releases » de ce Press Enter, à Berlin, Milan, Grenoble, Paris, Bruxelles, etc. La plupart des musiciens grand-ducaux doivent regarder la liste avec envie. Quel est votre secret?

(Il rit) Je n’ai pas de secret. C’est juste que ça fait longtemps qu’on joue, longtemps qu’on tourne. Il y a donc des gens qui nous suivent depuis longtemps, qui apprécient ce qu’on fait, notre évolution, etc. On a la chance d’avoir désormais tout un réseau qui nous aide. L’ensemble fait qu’on arrive à attirer l’attention de festivals, de clubs, etc., ce qui fait qu’on voyage pas mal. C’est super, c’est clair!

Pablo Chimienti

Rotondes – Luxembourg.
Samedi à 20 h.

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