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Festival de l’hémoglo(bo)bine à Cannes…


Requins, dinosaures et autres "monstres" assoiffés de sang : rien de tel pour ajouter du mordant à un film d'horreur... (Photo DR)

Les films d’action ou d’horreur de série B, qui recrutent souvent leurs acteurs sur Facebook pour des rôles improbables, trouvent preneurs au Marché du film de Cannes.

Ces « nanars » sont surtout prisés par les chaînes de télévision et les plateformes de diffusion de vidéos à la demande. Les professionnels du créneau en parlent avec lucidité. « Il y a de très bons films de série B, qui valent le coup, et il y a aussi pas mal de merdes », tranche Lawrence Silverstein, vice-président des ventes de la société américaine Osiris Entertainment.

Dans les travées du Marché du film, des affiches aux couleurs criardes tentent de capter le regard. House of bad raconte l’histoire de trois sœurs en fuite avec une valise d’héroïne volée qui se cachent dans une maison hantée par leurs parents… « Ce n’est pas un film d’horreur génial, mais c’est pas mauvais », juge Lawrence Silverstein.

La comédie d’horreur Clinger promet de raconter l’histoire d’un adolescent décapité qui revient harceler son amour de jeunesse… Également sur le marché, les prometteurs 3-headed shark attack ou Mom, Tommy made a dinosaur.

Acteurs repérés sur les réseaux sociaux

Autre tendance, les satires à petits budgets dont les titres font allusion à de grands succès du box-office, genre White Swann ou Apocalypse Pompei. Les studios hollywoodiens apprécient peu. « Ils pensent qu’on cannibalise leur marché, mais ce qui cannibaliserait leur marché ce serait une copie pirate de leur film », souligne David Rimawi, producteur pour la société américaine Asylum.

La société compte un catalogue de 200 films et réalise tous les ans une quinzaine de films dont les budgets oscillent entre 500 000 et 2 millions de dollars, contre plusieurs dizaines de millions pour une grosse production (le dernier Mad Max projeté à Cannes a coûté 150 millions). Elle réalise aussi des films d’horreur décalés, comme son succès Sharknado, où des requins tueurs arrivent à la faveur d’un ouragan.

La désaffection pour les DVD et l’engouement pour la VOD (vidéo à la demande) a fragmenté le marché. « Il y a un gros marché pour la VOD en Chine », note Douglas Price, président de D3 Telefilm. Pour tenter de contourner les quotas imposés par les Chinois sur l’importation de films étrangers, il se lance dans des coproductions.

Dans le monde des nanars, la tendance est aussi au repérage d’acteurs via Facebook et Twitter. Quand Ted Chalmers, président de Tom Cat Films, a vu sur Facebook la très tatouée Rachelle Nicole Hoffman, il savait qu’elle serait parfaite pour son nouveau film Angel of Darkness, dans lequel elle interprète une artiste de tatouages possédée par une force démoniaque dans un club sado-maso qui sera tuée par une vierge.

« Tous ses tatouages sont des films de zombies, c’était un rêve devenu réalité de l’avoir », jubile Ted Chalmers. Grâce à son fan club sur les réseaux sociaux, l’actrice peut en outre faire la promotion du film quand il sort.

« J’obtiens des noms d’acteurs et je regarde immédiatement sur Twitter pour voir combien d’abonnés ils ont. Cela devient un critère de casting », confirme David Rimawi. Cette tendance s’est d’ailleurs développée dans l’ensemble de l’industrie du cinéma. Les producteurs faisaient auparavant tout leur marché dans la base de données d’acteurs IMDB Pro, détrônée désormais par Twitter, selon lui.

Pour sa série sur des zombies, Z-nation, il a par exemple embauché Tara Reid, dotée d’un demi-million d’abonnés. Lorsque la série a été diffusée en 2013 sur la chaîne SyFy, 318 000 tweets ont été générés. Reste que les acteurs avec les meilleurs profils sociaux ne détrôneront jamais un dinosaure, tempère Ted Chambers. « Tout se vend avec un dinosaure ! »

Le Quotidien/AFP