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[Festival de Cannes] On se lève tous pour «Annette» !


La projection ce mardi soir d'«Annette», qui sort simultanément dans les salles françaises, marquera le début de la compétition officielle, marathon cinéphile de 24 films. (Photo : AFP)

Un opéra-rock flamboyant pour marquer le grand retour du cinéma : après l’annulation en 2020 pour cause de Covid, le festival de Cannes revient mardi, avec des stars autorisées à tomber le masque sur les marches et la projection d’Annette de Leos Carax, cinéaste aussi culte que rare.

« Le Covid est toujours là, mais être présent pour le retour du festival, dans le film d’ouverture (…) c’est un grand sentiment de soulagement et d’excitation », a confié Adam Driver, tête d’affiche avec Marion Cotillard de cette comédie musicale inclassable, et premier film du réalisateur français depuis Holy Motors il y a neuf ans.

Une excitation partagée par le gratin du cinéma mondial, qui retrouve la Croisette après avoir été bousculé par la pandémie et les mois de fermeture de salles, plus de deux ans après la Palme d’or décernée au Sud-Coréen Bong Joon-ho pour Parasite.

Mardi matin, le célèbre tapis rouge – réduit de moitié cette année par le festival, soucieux de se montrer plus vertueux sur l’environnement – a été déroulé sur les 24 marches du Palais des festivals.

Comme tous les ans, les photographes amateurs ont déjà installé leurs escabeaux pour ne pas rater une miette du spectacle. Si l’entrée est soumise à la présentation d’un pass sanitaire, et le masque de rigueur même à l’extérieur, sur les marches, les équipes artistiques auront le droit de le retirer.

Les membres du jury sont arrivés à Cannes où ils ont partagé lundi soir un premier dîner, le président Spike Lee, arrivant casquette noire vissée sur le crâne, Mylène Farmer et Tahar Rahim, qui siègeront à ses côtés, tout sourire devant leurs fans…

Mardi après-midi, ils entrent dans le dur, avec la traditionnelle conférence de presse du jury où Spike Lee, premier artiste noir à ce poste, en dira sans doute un peu plus sur la façon dont il compte tenir ce rôle. Cinéaste new-yorkais militant, engagé contre le racisme et pour la diversité, un thème brûlant dans l’industrie du 7e art aujourd’hui, il avait été désigné dès l’an dernier, avant l’annulation.

 

« Venir vibrer » 

Les projecteurs se braqueront ensuite sur l’actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster, 58 ans, invitée d’honneur de la cérémonie d’ouverture et qui donnera le coup d’envoi du 74e festival. L’actrice aux deux Oscars, interprète de classiques tels que Taxi Driver (1976) ou Le Silence des agneaux (1991), devait se voir décerner une Palme d’or d’honneur pour sa carrière.

Également présent : le réalisateur Pedro Almodavar, grand habitué de la Croisette, venu sans film à présenter mais qui a « tenu à être là pour marquer » le « retour de Cannes », a rapporté mardi matin le délégué général du festival Thierry Frémaux.

Enfin, la projection d’Annette, qui sort simultanément dans les salles françaises, marquera le début de la compétition officielle, marathon cinéphile de 24 films, de la jeune Julia Ducournau à Paul Verhoeven en passant par l’Italien Nanni Moretti ou le Russe Kirill Serebrennikov, jusqu’à la remise des prix le 17 juillet.

Tour à tour ténébreux et flamboyant, Annette par les Sparks, groupe américain ayant toujours navigué entre underground et succès relatifs, raconte l’histoire de Henry (Adam Driver), un comédien de stand-up, et d’Ann (Marion Cotillard), une cantatrice de renommée internationale, dont le couple est bouleversé par la naissance d’une enfant très particulière.

Après des mois de confinement et de vie sociale entravée, cette belle histoire d’amour tragique, œuvre entièrement chantée, à la beauté plastique et au souffle puissant « invite les spectateurs à venir vibrer, à assister à un grand spectacle », relève Marion Cotillard.

Le film relate l’ascension et la chute d’une star et a tout pour résonner auprès des festivaliers et du jury, avec des références aussi bien au mouvement MeToo de libération de la parole des femmes victimes de harcèlement ou d’agression, qu’à la difficulté de concilier construction d’une famille et célébrité… Le tout ponctué de traversées spectaculaires en moto d’un Los Angeles nocturne.

Le film est aussi une nouvelle performance d’acteur magnétique pour Adam Driver, qui n’aime pas se voir à l’écran, et ne dérogera pas à son habitude. Quand les lumières du Palais du festival s’éteindront, lui s’enfuira « jusqu’à un bureau » pour attendre que ça passe. « Là, je joue avec l’agrafeuse ou le scotch et je reviens quand les lumières se rallument », sourit-il. « Et je fais comme si j’étais resté là ! ».

AFP/LQ