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Festival CinEast : là où politique rime avec esthétique !


CinEast propose des films de tous les genres, pour tous les publics et accorde une grande importance à l'esthétisme, comme ici dans "Jupiter's Moon". (photo DR)

Le festival CinEast, dédié aux cinémas et aux cultures d’Europe centrale et orientale, propose un vaste programme culturel aux quatre coins du pays.

Une décennie de cinéma central et oriental, cela se fête», lançait la semaine dernière le secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt, lors de la présentation de la dixième édition du festival CinEast. Une manifestation qu’il voit comme «un moment fort pour la scène cinématographique luxembourgeoise», mais également comme «un instant proposant de nombreuses occasions d’échanges». Une manifestation qui «donne tout son sens à la culture dans son rôle d’intégration», conclut le locataire du ministère de la Culture.

Et il est vrai que CinEast a depuis longtemps débordé des murs des seules salles de cinéma pour s’installer également dans des salles d’exposition, de concert, de spectacle ou encore dans les salles de restauration. Le festival attire ainsi non seulement les cinéphiles curieux de ces cinématographies d’Europe orientale et centrale sous-représentées dans les circuits traditionnels des salles commerciales, mais aussi les amateurs d’art plastique, les mélomanes, les gastronomes, les résidents des différents pays de l’ancien bloc communiste et des amateurs de cultures diverses et de mixité. Résultat, ce sont plus de 10 400 festivaliers qui ont répondu, l’an dernier, à l’appel de l’équipe de CinEast.

L’Albanie, le petit nouveau

Cinématographique avant tout, la manifestation propose cette année une centaine de projections pour un total d’une soixantaine de longs métrages et une quarantaine de courts. Des films qui permettent à CinEast de «couvrir désormais la production cinématographique de tous les ex-pays communistes devenus membres de l’UE – Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie –, ainsi que de tous les autres pays de l’ex-Yougoslavie, y compris la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, le Monténégro et le Kosovo. La Moldavie et l’Ukraine seront également représentées au festival», précisent les responsables qui, pour la première fois, présenteront «également des films albanais».

Des films sans grandes stars internationales peut-être, mais qui ont déjà connu, pour beaucoup, de beaux parcours dans des festivals de prestige. Ainsi On Body and Soul d’Ildikó Enyedi a obtenu l’Ours d’or à la Berlinale 2017. Ana, mon amour de Calin Peter Netzer et Spoor d’Agnieszka Holland ont reçu chacun un Ours d’argent, toujours à Berlin. 3/4 d’Ilian Metev a quitté Locarno avec le Léopard d’or et The Line a valu le prix du meilleur réalisateur à Peter Bebjak au festival Karlovy Vary.

Huit de ces films seront en compétition pour le Grand Prix remis par un jury international présidé par la comédienne, scénariste et réalisatrice française née au Luxembourg Anne Fontaine, ainsi que pour le prix de la Critique et celui du Public. Le reste est divisé en diverses sections : un focus sur l’Estonie – pour célébrer sa présidence tournante du Conseil de l’UE –, des films remarquables, des comédies, des documentaires, des courts métrages, une programmation pour enfants, etc.

Concerts et expos

De quoi s’en mettre plein les yeux. Mais si on préfère s’en mettre plein les oreilles, il y a aussi la «Balkan Party», une soirée «Era of Dance», le concert du groupe rock polonais Dr. Misio, l’apéro-jazz avec le groupe Sergei Wowkotrub Gypsy Swing Quartet en plus d’une soirée de clôture, d’une fête spéciale pour les dix ans ou encore d’un ciné-concert du film hongrois The Undesirable de Michael Curtiz (1914) à qui l’on doit Casablanca.

Et pour ceux qui préfèreraient le calme des expositions, la manifestation occupe les caves voûtées de Neimënster avec une exposition photo reprenant une centaine de clichés de photographes slovènes, polonais, ukrainiens, macédoniens et tchèques sur le thème «Faire la différence». «Un de nos sujets de prédilection à l’abbaye», note la directrice, Ainhoa Achutegui.

Et pour ceux qui auraient encore un doute quant à l’intérêt de se rendre au CinEast, Claude Bertemes, le directeur de la Cinémathèque de la Ville, fait part des raisons qui lui font aimer ce festival : «CinEast a réussi à s’inscrire durablement sur l’échiquier culturel de Luxembourg. CinEast propose de découvrir l’autre phase du miroir cinématographique, trop souvent dominé par les productions américaines ou d’Europe de l’Ouest; parce que le refus de toute forme de nationalisme ou de communautarisme s’inscrit dans l’âme de CinEast, qui est par définition un festival transnational. CinEast nous fait découvrir la modernité créative de tous ces pays d’Europe de l’Est sans occulter les problématiques sociales de ces pays. CinEast reste une initiative émergente nourrie par l’obstination d’une poignée de bénévoles. CinEast adopte chaque année un nouveau pays et la somme de tous ces pays est plus grande que l’addition pure de ces pays et, surtout, parce que CinEast s’est, dès ses débuts, fait remarquer par une ligne artistique exigeante et identifiable où politique rime toujours avec esthétique.» De quoi donner envie !

Pablo Chimienti

Du 5 au 22 octobre. www.cineast.lu

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