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[Exposition] L’illustration dans tous ses états


Sascha Di Giambattista fait dans l’actualité avec son double portrait de Trump et Clinton, grimés en catcheurs : "La WWF et la politique, ce n'est que du spectacle !" (Photo : Alain Rischard)

À la Konschthaus Beim Engel, l’illustration luxembourgeoise se dévoile en long et en large.

Pas moins de 19 artistes du Grand-Duché, baignant dans le graphisme et l’illustration, sont réunis sous la houlette de Sascha Di Giambattista. Visite guidée dans l’univers de l’image.

Bien loin du chic et du pimpant visibles du côté de la Luxembourg Art Week, qui s’est achevée dimanche, la Konschthaus Beim Engel préfère, elle, l’«underground» créatif avec ce nouveau volet de «All Them Beautiful Pictures», dont la première mouture s’est déroulée il y a de ça deux ans. «Ici, on retrouve un petit cercle d’amis, tous biberonnés au punk-hardcore et au skate», explique Sascha Di Giambattista, lui-même de la confrérie, posant devant son double portrait où Trump et Clinton se parent d’un maquillage de catcheurs… «La WWF et la politique, ce n’est que du spectacle, et c’est celui qui aura le plus de charisme qui va gagner. Le pire, c’est qu’on se prend au jeu quand même!», rigole-t-il.

Ce dernier, après une formation en Angleterre, a décidé d’importer et de rendre visible ce qui se fait «couramment» outre-Manche : l’art de l’illustration. «Là-haut, elle est partout! Au Luxembourg, par contre, on est resté coincé dans les années 90 avec la photographie.» L’hôte, pour qui «une belle image parle forcément à tous», s’essaye à une tentative de définition : «L’illustration, c’est beaucoup de choses. Ça part du cartoon et des comics et ça englobe le dessin, la peinture, l’impression, le graphisme, le graffiti et même le tatouage!»

D’où ce panel coloré et fourre-tout proposé par 19 artistes venant du Luxembourg, aux élans divers et variés. L’objet de cette réunion pour la moins composite? «Montrer les talents!» «C’est une scène qui n’est pas trop connue, malgré sa qualité indéniable», poursuit ainsi Sascha Di Giambattista, détaillant la distinction principale de ce clan pétri d’aptitudes. «D’un côté, il y a des artistes qui comptent sur les galeries pour s’exposer, statut oblige! De l’autre, des personnes qui bossent dans le privé et qui ne voient pas leur travail comme de l’art.»

Publicité pour Netflix

Lui aussi, qui dit ne fonctionner «qu’à travers des commandes» et dont la liberté «déstabilise», se place dans cette dernière catégorie. Entre les deux, pourtant, pas de différences criantes, et ce «ATBP 2» reste fidèle au premier volet, avec son aspect clairement «attractif et sans prise de tête». «C’est à la fois coloré et technique, un peu gore et enlevé. Bref, pas besoin d’être connaisseur et intellectuel pour aimer!» Jeff Poitiers, l’un des invités, peut en témoigner : ses affiches «faites maison» de séries célèbres (Breaking Bad, Fargo, Stranger Things, True Detective, House of Cards…) sont parties comme des petits pains. «C’est sûr, il a un style qui se remarque et qui plaît», analyse Sascha Di Giambattista, avant de bondir. «Mais en fait, il fait de la publicité pour Netflix!»

Au gré de la sympathique balade, on tombe sur différentes autres belles surprises : parmi les «représentants» du 1535° (Differdange), comme Anne Melan, la mention va à Julie Wagner et sa «touche sombre», avec ses enluminures dans l’esprit du Moyen-Âge. Rick Tonizzo, lui, donne sa version toute personnelle de l’éden (Welcome to Paradise), avec son cabaret aux 72 vierges planté au bout d’un champ de ruines. Ici, une affiche du groupe De Läb, dans un croisement inspiré du jeu Grand Theft Auto et de la blaxploitation à la Shaft.

Là, des dessins ressemblant à des portraits photographiques, ou encore des collages très «fanzine-punk». Enfin, dans la «chambre des peintres», après Éric Mangen et Jo Malano, Max Dauphin offre, en guise de conclusion, une luxuriante balade dans la jungle. Le coup de cœur de Sascha Di Giambattista. «C’est à la fois riche et tout en nuances, profond et subtil.» Des qualificatifs qui épousent également ce joli élan collectif, qui prouve que l’art peut être abordable, sans tomber dans la facilité.

Grégory Cimatti

Konschthaus Beim Engel – Luxembourg. Jusqu’au 27 novembre.

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