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Balade bucolique dans Luxembourg


Le peintre et architecte luxembourgeois Sosthène Weis (1872-1941) a peint la ville de Luxembourg et ses faubourgs. Promenade à travers ses aquarelles.

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La Villa Vauban propose une sélection d’une soixantaine d’aquarelles de Sosthène Weis, parmi les 440 qui garnissent la collection du musée. (Photos : DR)

Considéré comme « romantique postimpressionniste », Sosthène Weis, influencé par les vues oniriques de William Turner et par Michel Engels dont il a été l’élève, a représenté la vieille ville de Luxembourg dans un souci d’exactitude architecturale, baignée de poésie.

On retrouve régulièrement son travail sur des cartes postales et des timbres, une preuve que l’œuvre de Sosthène Weis a son importance au Luxembourg. Sûrement parce qu’à travers ses délicates aquarelles, il a su le sublimer. Architecte d’État dès 1905 avant de devenir celui de l’ARBED en 1917, l’homme n’était finalement qu’un artiste occasionnel, même si son œuvre, prolifique, compte pas moins de 5 000 dessins et peintures !

On imagine alors bien qu’au moindre temps libre, il arpentait les villes du pays, le pinceau en poche, à la recherche du point de vue idéal ou d’une lumière parfaite. C’est ce dont témoigne, en tout cas, la dernière exposition qui lui est consacrée par la Villa Vauban – la troisième au Grand-Duché – sélection d’une soixantaine d’aquarelles parmi les 440 qui garnissent la collection du musée, et exclusivement tournée vers la représentation de la ville de Luxembourg et de ses faubourgs.

> Atmosphère cotonneuse

Bien sûr, durant ses promenades quasi quotidiennes (tantôt seul, tantôt accompagné de ses enfants) et ses expéditions picturales, il s’est aussi retrouvé à représenter le Sud des mineurs et le Nord, vallonné, montagneux. Il a même représenté certaines régions limitrophes, ainsi que la Turquie, la Grèce et la Tunisie. Mais c’est bien dans la capitale qu’il avait ses habitudes, s’octroyant des moments de liberté dans un métier à responsabilité, qui l’a vu superviser certaines constructions comme le bâtiment de la Poste à Aldringen, le siège, bien sûr, de l’ARBED, mais également le lycée technique des Arts et Métiers au Limpertsberg.

Et si ses constructions sont toujours emblématiques au Luxembourg, c’est bien pour sa peinture que l’homme est aujourd’hui acclamé. Pour preuve, cette réunion d’œuvres offrant un aperçu du travail de l’artiste, du début des années 1920 jusqu’à sa mort en 1941. Il faut dire qu’à ses débuts, Sosthène Weis montrait surtout un profond intérêt pour l’architecture et la typographie, et sa peinture s’en ressentait énormément : riche en détails et précise, elle n’en était pas moins monotone. Ce n’est qu’après que son passe-temps prendra plus de consistance et de style.

Trouvant son inspiration au fil de ses balades, c’est notamment sa représentation de la lumière qui va changer la donne. La maîtrise de l’aquarelle va lui permettre de reproduire avec brio la brume du matin, la chaleur de midi ou le brouillard se répandant sur la vallée au coucher du soleil, apportant une véritable note poétique à son travail, imprégné du postimpressionnisme. Une référence qui le rapproche un peu plus de son maître à penser, William Turner, toutes proportions gardées.

Ainsi, dans le patchwork chronologique réuni à la Villa Vauban, on peut suivre l’évolution de son œuvre, Sosthène Weis allant d’une griffe plus graphique à des formes plutôt floues. Seule constante chez lui : sa palette de couleurs vibrantes et chaudes, où prédominent le violet, le bleu et l’ocre. Mieux, les paysages urbains de ce « romantique » sont pour la plupart dénués de personnages, ce qui rend la ville presque surréelle et onirique aux yeux de l’observateur. On se retrouve un peu comme dans un rêve éveillé et son atmosphère cotonneuse…

Ainsi, c’est du haut d’un nuage que l’on se balade dans la ville de Luxembourg et ses environs. On part du Pfaffenthal pour se diriger vers la Pétrusse. On s’égare dans le Grund et le plateau du Rham. On découvre un Clausen bucolique, tombant parfois sur une drôle de surprise – comme l’aquarelle, plutôt brouillonne, de cette chambre à coucher, au dos d’une autre peinture. Bref, partir en promenade avec Sosthène Weis, c’est le gage d’une douce poésie, mais aussi d’un regard bienveillant sur le Luxembourg pour un riche témoignage.

De notre journaliste Grégory Cimatti

Villa Vauban – Luxembourg.
Jusqu’au 29 mars.

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