La Triennale jeune création est de retour, avec un an de retard. La 4e édition, intitulée «Jet Lag / out of sync», offrira de découvrir 25 projets artistiques aux Rotondes et au Cercle Cité.
Après «Roundabout – Refreshing Art» en 2007, «Moving Worlds» en 2010 et «You I Landscape» en 2013, la Triennale jeune création Luxembourg et Grande Région est de retour dès aujourd’hui et jusqu’au 27 août aux Rotondes et, première cette année, au Cercle Cité. Après Christian Mosar, Didier Damiani et Michèle Walerich, c’est Anouk Wies, coordinatrice générale et responsable programmation du Cercle Cité, qui prend en charge le commissariat de ce millésime 2017.
Place aux jeunes! Née aux Rotondes en 2007 dans le cadre de Luxembourg et Grande Région capitale européenne de la culture, la Triennale jeune création aurait dû se tenir l’an dernier. Sa quatrième édition s’ouvre finalement aujourd’hui au Cercle Cité et aux Rotondes. « On a un an de retard surtout à cause de notre déménagement », explique Marc Scozzai, responsable de la programmation arts visuels des Rotondes. « On ne se voyait pas ouvrir notre programmation dans nos nouveaux locaux avec un projet d’une telle envergure, d’autant que la Triennale est sans aucun doute le projet le plus ambitieux de toute notre programmation », poursuit-il.
Et il est vrai qu’elle en prend de la place cette Triennale! Installée principalement dans l’espace galerie de la Rotonde 1, avec 19 projets présentés, elle déborde allégrement sur le parvis des Rotondes, dans la Buvette et dans la Rotonde 2, mais également au Ratskeller du Cercle Cité, sur la vitrine de la CeCiL’s Box, mais aussi devant l’entrée latérale du Cercle, rue du Curé.
Une thématique pas évidente à première vue
Vingt-cinq projets artistiques en tout – pour un total de 26 artistes – sélectionnés parmi 120 candidatures, couvrant des disciplines variées : peinture, création sonore, sculpture, photo, installation vidéo, réalité virtuelle, design, installation architecturale… Le tout proposé par des artistes de moins de 35 ans en provenance de toute la Grande Région. Pour la précision : 15 sont des Luxembourgeois ou résidents et 11 des Français, dont trois résident en Belgique et trois autres en Allemagne. Et parmi eux, il y a 17 femmes.
La thématique générale lorgne du côté de cette «génération internet», lance la commissaire, Anouk Wies, et questionne les exigences de la vie contemporaine dans une société multiculturelle comme celle du Luxembourg, où l’on passe les frontières facilement et où l’on peut, si on veut, garder facilement un pied ici et un second ailleurs. D’où l’idée d’un «décalage permanent», d’un «jet lag» aussi bien social, sociétal ou encore émotionnel et cela que ce soit en lien avec la mobilité ou la technologie, « deux moteurs de notre société », reprend la commissaire.
Alors les artistes – 20 des 26 œuvres présentées ont été créées expressément pour cette Triennale – s’interrogent sur le temps, la synchronisation, le flux continu d’informations, d’images, le déphasage, l’écologie… Les œuvres proposées vont de la représentation assez classique, qu’elle soit en peinture (Chantal Maquet) ou photo (Daniel Wagner), à l’atelier participatif (Lucie Majerus), en passant par l’installation interactive (Isabelle Mattern) et des projets plus difficiles d’accès.
Marc Buchy, par exemple, propose, à travers un lampadaire, la découverte en temps réel des grands titres de 12 grands journaux internationaux en morse lumineux, alors que Marie-Luce Theis offre, avec son installation en forme de cabane en bois, un refuge douillet où se détendre tranquillement allongé en admirant le ciel. Et quant à Stefania Becheanu, son installation sonore sert de porte d’accès à la grande partie de l’exposition, située dans la galerie de la Rotonde 1.
Bref, comme c’est souvent le cas dans ce genre de manifestation, il y a à boire et à manger. Au point qu’on peut se demander si le visiteur parviendra à percevoir la thématique d’ensemble derrière les projets individuels. Et dans ce sens, la séparation des œuvres entre le site des Rotondes et celui du Cercle Cité, distants de plusieurs kilomètres, risque de compliquer encore plus la vie aux visiteurs. Bon, rien n’empêche de découvrir les deux espaces d’exposition à des moments différents.
Après tout, la Triennale reste en place pendant deux mois, et les deux lieux valent le déplacement.
Pablo Chimienti
Rotondes et Cercle Cité – Luxembourg. Jusqu’au 27 août. Infos sur www.triennale.lu