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[Expo] Portugal « connexion » au MNHA


À travers 150 pièces de «première qualité» (tableaux, sculptures, bijoux, vêtements...), le MNHA remonte 900 ans d'histoire du Portugal, aux quatre coins du monde.

À travers quelque 150 pièces de «première qualité» (tableaux, sculptures, bijoux, vêtements…), le MNHA remonte 900 ans d’histoire du Portugal. Un fascinant périple aux quatre coins du monde.

Du déclin du Moyen Âge à la naissance de notre monde moderne, de l’Afrique au Brésil en passant par la Chine et le Japon, l’exposition «Portugal – Drawing the world» raconte le périple d’un pays à travers le monde. Des conquêtes et échanges ayant mené à un singulier métissage culturel.

Avec «Portugal – Drawing the world», tout est une question d’échanges. D’abord celui qui remonte à il y a deux ans, entre le MNHA et le MNAA (musée national d’Art ancien) de Lisbonne, caractérisé par deux prêts de tableau  : un Fiorentino contre un Murillo. Ensuite avec cette nouvelle collaboration proposant de découvrir les voyages portugais sur 900 ans et leurs conséquences culturelles. « On s’occupe trop peu du Portugal, de son histoire, de sa culture, de sa langue, de son patrimoine… », explique Michel Polfer, directeur du MNHA.

Son homologue du MNAA, António Filipe Pimentel, va plus loin  : « Travailler et réfléchir sur le passé permet de mieux comprendre le présent et de construire l’avenir », dit-il, dans un clin d’œil appuyé aux récentes problématiques du Luxembourg. « Le Portugal a dû travailler sur son identité en y mêlant les multiples influences de son histoire », à l’instar, donc, du Grand-Duché, « au carrefour de l’Europe ».

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Art roman ou gothique, islam et chrétienté

Sous le signe insistant et régulier de la rose des vents, symbole attaché aux conquérants des mers, l’exposition, si elle suggère des occupations, des assujettissements, révèle aussi l’aspect positif de ces envies d’ailleurs : les coopérations, et, mieux encore, le métissage culturel. Bref, bien loin des sentiments nationalistes et de repli sur soi prônés dernièrement. Ainsi, au moment du déclin du Moyen Âge et de la naissance du monde contemporain, le Portugal a créé un empire global dont l’influence s’est étendue de l’Afrique aux confins de l’Asie et ce, jusqu’au Brésil.

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Un constat qui s’opère à travers 150 pièces de « première qualité » – venant de 23 prêteurs institutionnels et privés – et ce, dans « tous les matériaux imaginables », explique Michel Polfer. Dès son indépendance (en 1143), le royaume du Portugal, au carrefour des routes maritimes qui reliaient le Sud méditerranéen à l’Atlantique Nord, s’est naturellement intégré dans les plus importants courants culturels et spirituels de l’époque, entre art roman ou gothique, entre islam et chrétienté.

Puis vient la conquête du monde, personnalisée par Vasco de Gama, et impulsée depuis Lisbonne qui, dès le XV e siècle, est l’une des plus grandes villes d’Europe. Que dire alors de son port, très actif. D’abord, les découvertes viennent des archipels de Madère, des Açores et du Cap-Vert, puis de toute la côte occidentale africaine. Après le passage du cap de Bonne-Espérance, en 1488, l’accès à l’Orient devient plus facile. Place donc à l’Inde (Goa), Ceylan (Sri Lanka), la Malaisie, la Chine et le Japon, sans oublier, à l’ouest, le Brésil.

Tableaux lumineux

portugal3De ce périple aux quatre coins du monde est né un important réseau commercial de routes maritimes et un flux constant de produits qui suscitaient l’intérêt des artistes et des artisans occidentaux. Une abondance de biens et de nouveautés qui va vite produire ses effets  : plantes, animaux et raretés ramenés d’Afrique, inconnus en Europe, devinrent à la mode, jusqu’à être célébrés dans les tableaux de maîtres (tapis en raphia, cuillère en ivoire…). Idem avec les épices du sous-continent indien, comme le poivre, le clou de girofle, la cannelle, la noix de muscade et le safran.

Avec elles arrivaient aussi de riches pièces de mobilier et des sculptures produites localement, des textiles ou des pierres précieuses. Les bois exotiques, la nacre et l’écaille de tortue sont, dans le même sens, désormais intégrés dans la décoration des intérieurs des plus somptueuses maisons portugaises. Les porcelaines chinoises sont, elles, tout autant prisées. Autant d’exemples qui montrent bien cet échange et cette influence réciproques entre le Portugal et ses «partenaires» mondiaux.

port4En effet, à l’action des soldats et des marchands qui a redessiné le monde s’est adjoint l’effort, notamment, des missionnaires engagés non seulement dans l’évangélisation mais également dans la connaissance et l’étude d’autres cultures. Ce qui a permis ainsi de mettre en place d’authentiques coopérations, que l’on évoque les ponts créés entre la Chine et le Japon, ou encore entre l’Inde et Ceylan, mais aussi la défense des peuples indigènes au Brésil.

«Portugal – Drawing the world», avec ses beaux tableaux lumineux aux détails matérialisés, ses fresques chronologiques, ses objets rares, précieux, témoigne bien de ces riches et fondateurs croisements culturels. Seule ombre au tableau  : des panneaux explicatifs seulement… en anglais. La communauté portugaise du Luxembourg, à laquelle cette exposition est clairement dédiée, devrait tout de même s’y retrouver.

Grégory Cimatti

Exposition «Portugal – Drawing the world». Musée national d’Histoire et d’Art – Luxembourg. Jusqu’au 15 octobre. Infos sur le site www.mnha.lu