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[Expo] Hiroyuki Masuyama aux Photomeetings : le pouvoir des fleurs


Le photographe japonais Hiroyuki Masuyama, l'espace d'une soirée, va refleurir une partie de la place Clairefontaine. (photo Jean-Claude Ernst)

Connu pour ses réappropriations modernes et lumineuses des œuvres de Turner et Friedrich, Hiroyuki Masuyama revient au Luxembourg pour les Photomeetings. Avec la délicate ambition de célébrer la nature.

Voilà déjà deux ans qu’il s’est aventuré au Luxembourg sur les traces de J. M. William Turner (1775-1851), romantique et précurseur de l’impressionnisme, connu comme le «peintre de la lumière». Hiroyuki Masuyama, lui, est photographe, mais il s’est imprégné des méthodes du célèbre artiste qui, comme le réputé C. David Friedrich, autre influence majeure pour lui, ne s’intéressait pas au réalisme d’un paysage, mais s’en imprégnait pour le refaire en atelier sur la base de croquis.

Il a donc fait pareil, s’est rendu sur les mêmes lieux et a pris des centaines de clichés et ce, pour chaque vue. «C’était un moment bien particulier. Durant deux-trois semaines, j’ai ressenti son travail, sa présence…» Ensuite, il les a surimposés jusqu’à obtenir une évocation, quasiment fidèle dans la forme mais actuelle dans la substance. Modernité d’autant plus palpable qu’il monte ses œuvres sur des supports visuels lumineux (dits «light boxes»).

Un effet miroir, dit-il. «Le reflet que renvoie une glace est autre que ce que l’on est vraiment.» «Différent mais identique», sourit-il. Et c’est vrai, quand on se penche sur ses créations, on découvre de transparentes silhouettes de gens, voire des constructions contemporaines. Il ne s’agit donc pas de reproduction, mais d’une observation de la transformation d’un lieu, d’un devenir. «Je suis comme un pont, poursuit-il. Je transpose d’anciennes choses vers la modernité, le futur. On est tous le fruit de multiples combinaisons, d’imbrications. Pour mon travail, c’est le même principe !»

«Mettre du beau un peu partout»

Inspiré d’un ancien conte que lui racontait sa grand-mère étant petit, Hiroyuki Masuyama s’est aussi aventuré dans les jardins, entretenus ou chaotiques, afin d’«imaginer son paysage idéal». Ainsi, pendant plus de dix ans, fidèle aux deux mamelles fondatrices de son œuvre – le temps et l’espace – il a photographié inlassablement des fleurs de son environnement. Le résultat ? Plus de 6 000 clichés qui s’entremêlent, brouillant la notion de saison et de lieu. «Même moi, je ne peux plus dire où ça s’est fait ni quand.»

Un pré fantasmé qui impose ses couleurs et sa fraîcheur au cœur de villes ultra-urbanisées. Ce sera d’ailleurs le cas ce soir, où la verdure, le temps d’une projection, recouvrira la place Clairefontaine, devant la galerie du même nom, instigatrice des Photomeetings. En 2014, le rendez-vous avait suscité la réflexion sur la surconsommation de nos sociétés à travers les «Trash People» de l’artiste allemand HA Shult. Bis repetita, cette année, avec ces évocations écologiques ? Pas sûr, selon l’artiste, qui réfute tout acte militant. «L’environnement n’est pas forcément le thème au cœur de mon travail, soutient-il. Je sais que la situation est mauvaise et qu’il faut réagir, mais on ne peut pas transformer la nature. La vraie question est : comment peut-on changer vis-à-vis d’elle, dans nos cœurs, nos corps et nos esprits? Ce n’est pas nous d’un côté et elle de l’autre. On en fait totalement partie !»

Idem avec ses terres refleuries et ses tableaux en forme d’alvéole de ruche. «Une fleur n’a aucun message, pourquoi j’en aurais ? Quand on en voit une, on se dit c’est beau, ou pas. Mon travail, c’est pareil.» Seule, mais louable intention chez Hiroyuki Masuyama : ouvrir à la beauté. «J’aime la vie et j’aime partager cet amour, cet élan avec les gens. C’est ce qui me motive : mettre du beau un peu partout.»

Grégory Cimatti

Le programme

EXPOSITION
>Hiroyuki Masuyama – «Refection»
Projection ce mardi soir (21h-23h) – Place de Clairefontaine
>Edward Burtynsky, Mishka Henner & Yvon Lambert –
«Man-Made Landscapes»
Vernissage mercredi à 19h30 – Galerie Clairefontaine (espace 2)
> Jens Liebchen et Hiroyuki Masuyama – «Fake Nature»
Vernissage vendredi à 19h30 – Galerie Clairefontaine (espace 1)
LECTURE
>Mishka Henner – «Counterintelligence»
Mercredi à 17h30 – Cercle Cité. En anglais.
>Jens Liebchen – «On concepts and photobooks»
Vendredi à 17h30 – Cercle Cité. En anglais.
TABLE RONDE
Vincenzo Cardile, Yvon Lambert, Michel Medinger, Raoul Ries
et Michèle Walerich – «Photography in Luxembourg»
Jeudi à 18h30 – Cercle Cité. En anglais et luxembourgeois.
L’accès aux expositions, aux lectures et à la table ronde est libre.
Informations : www.photomeetings.lu

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