De l’électricité, de l’eau courante, une porte qui ferme… rien de plus. Un ancien hall de l’ARBED devient un atelier temporaire pour artistes. Le projet, confié au DKollektiv, court jusqu’en décembre.
Que faire des friches industrielles ? La question est centrale au Luxembourg, où la sidérurgie de masse a été convertie en sidérurgie de pointe dans les années 90, laissant de vastes terrains libres. Une réponse est évidente : du logement. Mais les nouveaux quartiers ne sortent pas de terre en un jour ! À Dudelange, le projet Nei Schmelz est dans les cartons depuis plusieurs années. 750 unités d’habitation sont prévues sur les 34 hectares de friches de l’ARBED. Problème, cet écoquartier ne sera pas achevé avant 2030. La question demeure : comment occuper l’espace ?
Un espace pour lancer les artistes
À Dudelange, toujours en pointe au niveau de l’offre culturelle, les élus et le Fonds du logement lancent un projet novateur : retaper un ancien hall a minima (électricité, dépollution, eau courante) et le mettre à la disposition d’un collectif d’artistes. Le bail court jusqu’en décembre. Un repaire inespéré, quand on connaît le coût des locations au Grand-Duché, qui de facto exclut les jeunes qui souhaitent trouver un atelier… Les écrivains de la Beat Generation auraient-ils existé s’il n’y avait pas eu Greenwich et ses bas loyers ? Évidemment non ! Le Grand-Duché n’est pas New York, mais on peut rêver d’un pays qui laisse ses générations créatives s’exprimer.
C’est le groupe DKollektiv qui a hérité des clefs. «Nous sommes dudelangeois, mais des artistes de toute la Grande Région peuvent investir le lieu, précise Marlène Kreins. La location d’un emplacement revient à 50 euros par mois.» En sachant, et c’est tout le charme du site, que les artistes peuvent partager leurs outils et leur expérience.
Projet inédit à plusieurs titres
Le vaste hall se divise en divers ateliers : bois, métal, photographie, sérigraphie, verre… «Les propositions sont illimitées, glisse Marlène. Nous accueillerons aussi des musiciens ou des danseurs en répétition. Tout est une question de gestion des créneaux.» Car le hall est assez bruyant, par définition !
Le projet dudelangeois est inédit à plusieurs titres. Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une résidence classique d’artistes. «Nous n’avons pas de dates limites pour faire des expositions», décode Marlène.
Deuxièmement, il explose les frontières de l’art dans les friches industrielles… en résumé, souvent du graffiti. Ici, l’art atteint une tout autre maturité, avec un travail défini par la matière (bois, fer…) plus que par le genre.
Dernier point, le projet dudelangeois se veut inclusif dans la vie du quartier. Avec des portes ouvertes tous les jeudis, ce qui permet d’admirer les artistes au travail. Mais aussi des évènements très ancrés dans la vie locale. L’artiste Éric Marx, par exemple, va piloter un projet avec le lycée technique privé Émile-Metz. «Il a une section aéronautique, explique-t-il. L’idée est d’apporter l’art par petites touches dans cet univers technique. Nous travaillons sur une machine à propulser des avions en papier! C’est un objectif plutôt poétique.»
Le hall sidérurgique accueillera aussi des évènements culturels. Dès ce samedi par exemple, à 20h, avec une performance chant et danse, Europe Endless, interprétée par la compagnie nantaise Étrange Miroir.
Hubert Gamelon
Facebook : DKollektiv. Prochain évènement : samedi à 20h, Europe Endless (théâtre).