Dans le nouveau film du Belge Jaco van Dormael, Benoît Poelvoorde incarne un Dieu colérique, besogneux et blagueur, ce qui inspire à sa fille l’idée d’écrire Le Tout Nouveau Testament.
Quand Dieu (Benoît Poelvoorde) ne rédige pas les règles qui régissent le monde sur son ordinateur, il regarde des matches de hockey-sur-glace à la télévision en buvant des bières. Sa femme, elle, tient comme elle peut un appartement de la banlieue de Bruxelles. Son fils est déjà parti écrire l’histoire que l’on connaît. Sa fille, elle, veut aussi un Testament. Alors, en déréglant le lave-linge, elle atterrit chez les hommes.
Comme toujours chez Jaco Van Dormael, son chemin ne sera pas simple, entre rencontres fortuites et folie des hommes. Cela donne lieu à des scènes d’une rare poésie, dormaelienne, pourrait-on dire. Cela donne aussi au film un côté bancal et inachevé. Car si la quête des six apôtres est une suite de rencontres alléchantes, le tout manque de liant. Et le manichéisme certain laisse peu de place à la profondeur du sujet.
Manifeste féministe
Les hommes sont mauvais, les femmes sont leurs victimes. Jaco Van Dormael sert un propos féministe assez simpliste, pour ne pas dire simplet. On pourra toujours se laisser entraîner par la poésie du projet, la folie de l’entreprise. On regrettera le jeu de Benoît Poelvoorde, surjouant Dieu, ou de François Damiens, dont le talent reste difficilement identifiable, film après film. Reste la petite Pili Groyne, parfaite en fille de Dieu, véritable trouvaille du film. Et Catherine Deneuve, épanouie et touchante.
Jaco Van Dormael avait une idée de départ fascinante, faire de Dieu un humain comme les autres. Autour de ce personnage, il a tenté de construire un film chorale, mais les scènes sont trop hétérogènes pour atteindre la fluidité d’un Paul Thomas Anderson ou d’un Robert Altman. Au lieu de ça, il s’agit d’une bluette naïve mais agréable à regarder.
Christophe Chohin