Un bateau de croisière de l’Église de scientologie était jeudi en quarantaine depuis deux jours à Sainte-Lucie après qu’une membre d’équipage a attrapé la rougeole, ont indiqué les autorités de santé de la petite île des Caraïbes.
Le Freewinds restait jeudi en fin de journée à quai au terminal de Pointe Séraphine dans le port de la capitale Castries. Un seul homme a été vu sur un pont, mais aucune autre âme n’était visible ni à bord, ni sur le quai.
Aucune information n’a filtré sur la façon dont le virus aurait pu arriver sur le navire ou le quitter à des escales précédentes, l’organisation n’ayant livré aucun commentaire à ce stade.
Les autorités de Sainte-Lucie ont appris mardi matin que la rougeole se trouvait à bord du navire, arrivé ce jour-là à Castries.
« La décision a été prise de ne laisser personne débarquer. Le placement en quarantaine du navire est conforme aux lois sanitaires de Sainte-Lucie », a déclaré Merlene Fredericks-James, directrice générale de la Santé de l’île, dans un communiqué jeudi.
Le navire a environ 300 personnes à bord, a-t-elle confirmé. Il était censé quitter le port jeudi, selon le calendrier officiel des autorités portuaires publié en ligne.
Le médecin du navire a demandé 100 doses du vaccin contre la rougeole, selon le ministère, qui était en train de les fournir. La personne malade, une femme membre de l’équipage, reste sous surveillance à bord. On ignore quand le diagnostic a été fait.
Le Freewinds est un joyau de l’organisation. Long de 134 mètres, il est basé dans les Caraïbes à Curaçao, et sert à des «retraites spirituelles». C’est « un endroit très spécial » qui permet d’atteindre « le plus haut niveau d’aide spirituelle dans la religion de scientologie », dit l’organisation sur son site internet.
Opacité
La rougeole touche de nombreux pays dans le monde, y compris en Amérique du Nord et du Sud, mais la maladie avait jusqu’à présent épargné les Caraïbes.
Seul un cas a été rapporté aux Bahamas cette année, chez un enfant de quatre ans arrivé de France, selon le dernier bulletin de l’Organisation panaméricaine de la santé (PAHO), en date du 18 avril.
Le virus est l’un des plus contagieux au monde. Une personne qui l’a attrapé peut le transmettre à d’autres gens quatre jours avant d’avoir des boutons. Le virus peut rester jusqu’à deux heures dans l’air d’une pièce après le départ de la personne malade.
Et un malade qui entre dans une pièce où se trouvent dix personnes non vaccinées contaminera neuf d’entre elles, martèlent les autorités de santé américaines.
L’organisation fondée en 1953 par l’écrivain de science-fiction Ron Hubbard, classée par plusieurs pays, dont la France, comme une secte, n’est pas opposée aux vaccins mais est sceptique, voire hostile, à la médecine moderne.
« Quand un scientologue attrape un rhume, il doit écrire une note pour dire quel ennemi de l’Église l’a rendu malade », dit Tony Ortega, ancien journaliste et expert de l’organisation. « Il est forcément interrogé et puni, car dans la scientologie, quand on tombe malade, c’est toujours de sa propre faute ».
Selon lui, le cas de rougeole est « l’une des pires choses à leur arriver depuis un moment », du point de vue des relations publiques.
Le Freewinds a été acheté et aménagé en 1988 pour atteindre le niveau ultime dans l’échelle de progression des adeptes. Mais selon cet expert ennemi numéro un de la scientologie, le navire a parfois été utilisé comme une « prison ».
Les autorités sanitaires américaines ont expliqué que la rougeole s’était principalement répandue depuis l’an dernier aux États-Unis dans des communautés aux liens resserrés, où le taux de vaccination était inférieur à la moyenne nationale, comme chez les juifs orthodoxes de Brooklyn.
On ignore si la communauté scientologue est aussi bien vaccinée que la moyenne américaine contre la rougeole, ou si elle est aussi vulnérable que les communautés jusqu’ici frappées par la rougeole.
AFP