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Des momies plein le musée


Le musée national d'Histoire et d'Art de Luxembourg présente «Momies», une exposition temporaire sur le rêve d'éternité. (photo MNHA)

Le musée national d’Histoire et d’Art présente une grande exposition temporaire sur la momification intitulée «Momies – Un rêve d’éternité». Lugubre mais instructif.

Conçue en 2007 par les musées Reiss-Engelhorn de Mannheim en Allemagne, et issue d’un vaste projet de recherche interdisciplinaire intitulé «German Mummy Project», l’exposition «Momies – Un rêve d’éternité» est visible, avec quelques petites modifications par rapport à l’originale, au musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg. Une grande exposition aux penchants clairement pédagogiques mais déconseillée officiellement aux moins de douze ans et officieusement à toute âme sensible.

EXPOSITION DE MOMIES AU MUSEE MNHA

(photo Hervé Montaigu)

Ceux qui espèrent trouver au MNHA un équivalent des collections égyptiennes du musée du Caire, du Louvre, du British Museum ou du musée de Turin en seront pour leurs frais. Ici, point de sculptures géantes de divinités, point de pierre de Rosette, point d’ensembles funéraires admirablement décorés. Enfin, presque pas, concernant ce dernier point, une très belle couverture de cercueil égyptien fait bien partie des pièces de l’exposition.

20150604. EXPOSITION DE MOMIES ACTUELLEMENT AU MUSEE D'HISTOIRE DE L'ART A LUXEMBOURG VILLE. PHOTO: HERVE MONTAIGU.

(photo Hervé Montaigu)

Mais l’Égypte, dans cette exposition, se limite à une seule pièce –  deux, si on y inclut le volet égyptologique tiré des collections propres du MNHA et intitulé «Des bords du Nil vers Luxembourg». Pour le reste, les trois étages occupés par «Momies – Un rêve d’éternité» présentent des momies des cinq continents, des humains entiers, des restes, comme une main ou des têtes, des momies d’animaux et même une réplique d’une patte momifiée d’un edmontosaure (dinosaure à bec de canard qui mesurait 13 mètres de long et pesait environ 4 tonnes, ayant vécu il y a entre 73 et 66 millions d’années).

Momies du XXIe siècle

«Les momies sont des archives uniques de l’existence humaine. Leur étude permet de mieux comprendre le style de vie et la culture des individus du temps où ils ont vécu», expliquent les responsables du musée, qui ont pris toutes les précautions imaginables pour choquer le moins possible les consciences et proposent une approche scientifique montrant toute l’étendue, aussi bien chronologique que géographique ou encore technique, de la momification.

Une tête momifiée de Maori avec ses dents, ses cheveux et ses tatouages. (photo Hervé Montaigu)

Une tête momifiée de Maori avec ses dents, ses cheveux et ses tatouages. (photo Hervé Montaigu)

Ainsi en dépassant le postulat erroné limitant la momification à l’ancienne Égypte, on apprend que la momification est bien souvent involontaire et naturelle. Et que le sel, la cire, le bitume, le désert, les tourbières, la glace, certaines grottes, mais aussi certains greniers bien aérés, sont autant de lieux où il fait bon mourir si on espère finir momifié.

Ainsi, des têtes maories côtoient des corps retrouvés dans le désert du Taklamakan en Chine, ou encore ceux de personnes ayant vécu au Pérou. Et encore, des momies datant de milliers d’années se trouvent ici réunies avec d’autres datant du XVIII e siècle –  momies du monastère dominicain de Vác en Hongrie.

Car il serait erroné de cantonner la momification au passé lointain. Les photos des corps embaumés du pape Jean XXIII ou encore de Lénine viennent le rappeler.

Et de nouvelles techniques viennent aujourd’hui encore offrir le rêve d’une vie éternelle à tous ceux qui auraient envie d’y croire, et les moyens de se la payer. C’est donc sur la plastination, la «neuro-option» et la cryogénisation que s’achève l’exposition. L’histoire de la momification continue…

Pablo Chimienti

Exposition « Momies » – Musée national d’Histoire et d’Art  – Luxembourg. Jusqu’au 10 janvier 2016.

« On veut casser le cliché momie égale Égypte »

Fabienne Pietruk (à d.) a présenté l'exposition à Maggy Nagel, ministre de la Culture, la semaine dernière lors de l'ouverture officielle.

Fabienne Pietruk (à d.) a présenté l’exposition à Maggy Nagel, ministre de la Culture, la semaine dernière lors de l’ouverture officielle.

Quand on lit le titre de l’exposition, «Momies – un rêve d’éternité», on pense inévitablement à l’Égypte et aux pharaons. Il y en a un peu, mais un tout petit peu. Alors comment résumeriez-vous l’exposition?

Fabienne Pietruk (curatrice) : Déjà, c’est la plus grande exposition jamais consacrée au sujet de la momie et de la momification au monde. Et par rapport à votre question, c’est justement une exposition qui veut casser le cliché « momie égale Égypte » et qui montre que, au contraire, les momies existent dans le monde entier et que, dans le temps, ça va de l’époque des dinosaures jusqu’aux temps modernes. Les momies qui sont présentées ici ne sont pas là pour être jolies, juste pour être regardées. Le but est avant tout scientifique.

Oui, il y a dans l’exposition une couverture de sarcophage, qui est d’ailleurs très beau, mais pour le reste, ce n’est clairement pas la beauté qui compte…

Voilà, le but de l’exposition est d’être instructive. Les différentes pièces sont vraiment présentées pour expliquer la momification et pour démontrer que les momies sont des archives incroyablement riches sur l’être humain, mais aussi sur la planète Terre. Grâce aux technologies modernes qui nous permettent de réaliser plein d’analyses, les momies nous révèlent peu à peu leurs secrets.

Toujours à cause des pharaons, en tant que béotien, on se dit que la momification est quelque chose de volontaire. On voit bien dans l’exposition que bien souvent elle est involontaire.

Oui, les momies les plus connues sont les momies artificielles des Égyptiens, mais nombreuses sont les momifications non seulement involontaires, mais en plus naturelles.

Que nous disent les momies asiatiques, sud-américaines, océaniennes…?

Le point commun des momies artificielles, comme le titre de l’exposition le dit, c’est le rêve d’éternité, la volonté d’éviter la mort, d’arrêter la décomposition des corps. Après, il y a aussi des différences, ne serait-ce que dans les procédés de momification, dans les positions des corps, etc. Et ça, ça raconte évidemment aussi les civilisations de gens momifiés. Après, il reste plein de choses à étudier, le sujet est loin d’être clos.

Il y a tout de même un paradoxe dans cette exposition. D’un côté, vous voulez lutter contre le cliché « momie égale Égypte », mais de l’autre, une pièce entière est consacrée à l’égyptologie et intitulée « Des bords du Nil vers Luxembourg »…

Cette pièce vient de la volonté de profiter de cette exposition pour montrer notre petite collection luxembourgeoise d’objets égyptiens. Comme c’est un musée national, on n’a pas souvent l’opportunité de le faire. Mais là, c’était une très bonne occasion pour en faire l’inventaire, pour les étudier, pour en faire un catalogue et puis, dans l’exposition originelle, il y avait aussi ce genre d’objets, prêtés par d’autres musées. Nous avons donc voulu mettre en avant notre collection en la matière.

Recueilli par P. C.

 

Un commentaire

  1. Christine marx

    A quand une nouvelle exposition des momies

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