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Dégustation : un podium de haute volée!


Troisième des championnats du monde de dégustation de vins à l’aveugle, l’équipe luxembourgeoise a réussi son concours bien au-delà de ses espérances! Hervé Amann et Guy Bosseler savourent.

Samedi, dans le Quotidien, Hervé Amann espérait que son équipe composée également de Guy Bosseler, Jules Hoffelt et Valentin Niro ferait aussi bien que l’année dernière, une 8e place. Avec un premier podium au niveau mondial, ils récoltent leur meilleur résultat!

Nous étions surpris, contents, émus… on ne s’y attendait vraiment pas…» Hervé Amann reconnaît que leur préparation n’était pas optimale, mais preuve est faite que la dégustation à l’aveugle, c’est comme les examens : ce n’est pas en bachotant la dernière semaine que l’on obtient de bons résultats, c’est en travaillant régulièrement!

Les quatre compères qui vouent au vin une passion très grand format ne savaient pas trop où ils allaient, mais au final leur performance est de taille. Pour marquer des points, il faut deviner le pays de production, l’appellation, le cépage principal, le producteur et le millésime de douze vins servis en carafe, sans aucune indication. Une gageure, même pour des dégustateurs expérimentés, dotés d’une mémoire olfactive hors du commun. «Cette troisième place, c’est un résultat d’équipe, souligne Guy Bosseler. À nous quatre, il faut tout de même dire que nous avons un très bon niveau de connaissance de vins.»

Mais un championnat du monde de dégustation à l’aveugle, ça ne se joue pas qu’à l’expérience et au travail… Il faut aussi être dans un bon moment. «Les Belges sont beaucoup plus forts que nous normalement. Cette année, ils ont énormément travaillé et se sont entraînés sans relâche. Et pourtant, ils terminent… avant-derniers!», glisse Guy Bosseler. Les Français, autres grands favoris de l’épreuve, ont subi le même sort. «Seuls les champions de France sont qualifiés pour le championnat du monde, il s’agit donc d’une excellente équipe, mais cette année, ça n’a pas marché : elle finit 11e», ajoute Hervé Amann.

Mais n’allez pas croire que l’équipe luxembourgeoises est chanceuse, les résultats obtenus ces dernières années prouvent le contraire. Huitième du championnat du monde 2016, 3e du championnat d’Europe en 2014 (Guy Bosseler), champion d’Europe en 2008, les dégustateurs grands-ducaux sont des habitués des premiers rangs. «Mais il faut rester humble, s’amuse Guy Bosseler. En 2008, nous étions champions et l’année suivante, nous étions derniers!» Belges et Français connaissent cet effet montagnes russes!

Habiter le Luxembourg, une chance

Pour Hervé Amann, la grande chance des Luxembourgeois est justement de vivre dans ce pays : «Tous les bons vins du monde doivent se trouver ici parce que beaucoup d’étrangers qui ont un pouvoir d’achat élevé y habitent. Du coup, les importateurs n’ont pas peur de prendre le risque de constituer des stocks importants. Cela nous permet d’avoir une connaissance des vins du monde souvent supérieure à celle des Français, par exemple, pour la simple raison qu’il est plus facile de trouver des vins étrangers au Luxembourg qu’en France. Y compris pour les entraînements des dégustateurs!»

Et s’il y avait un domaine dans lequel les Luxembourgeois pourraient progresser? «La communication! reconnaît Guy Bosseler. Et nous allons y travailler.» Le prochain rendez-vous est dans trois semaines, du côté de Marcillac (dans l’Aveyron). La vertu de ce podium, en tout cas, est de les avoir convaincus de continuer. Jules Hoffelt avait prévu de mettre un terme à sa participation aux concours, mais ce sera pour plus tard!

Le classement : 1. Suède; 2. Royaume-Uni; 3. Luxembourg; 4. Nouvelle-Zélande; 5. Finlande; 6. Espagne… 11. France… 22. Belgique…

Erwan Nonet

«Après douze vins, je suis complètement épuisé»

Guy Bosseler ne participe pas à un tel concours sans se préparer. Au contraire, il le fait méticuleusement.

«Le jour du concours, je me lève à 6 h et je mange très peu. Je ne parle pratiquement plus, je m’enferme pour me concentrer au maximum. Dès que le premier vin arrive, je suis à fond, tous les sens sont en éveil. Pour moi, un concours de dégustation est un véritable effort. Toutes les parties du cerveau fonctionnent à plein pour tenter de retrouver des sensations que j’ai eues lors de précédentes dégustations.Par exemple, sur le dernier vin blanc du championnat du monde, nous n’avions pas d’idée du tout. On ne savait pas. Je me suis alors concentré tant que j’ai pu pour retrouver au fond de ma mémoire un ancien souvenir et ça m’est venu. C’était évanescent, mais ce vin m’a fait penser à un garganega italien que j’avais bu il y a cinq ans. J’ai retrouvé les odeurs, les sensations, mais c’était assez loin et je n’étais pas complètement sûr de moi. Alors, quand d’autres membres de l’équipe appuyaient pour noter une malvoisie, je ne me suis pas imposé… mais j’aurais dû! Tout cela pour dire que la dégustation est un véritable effort, comparable à un effort physique. Après douze vins, je suis complètement épuisé. Je fais beaucoup de vélo, 15 000 km par an, et je participe à des cyclosportives qui peuvent faire jusqu’à 300 km. Eh bien je les aborde de la même façon que les dégustations à l’aveugle!»

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